Luke Holmes, chanteur d’Ocean Grove


Révélation de l’année venue tout droit d’Australie, Ocean Grove est officiellement fin prêt à conquérir le monde avec sa musique si particulière entre influences du son des années 90 et hardcore des plus efficaces. A l’occasion de leur venue à Paris en ouverture de Northlane, nous avons pu nous entretenir avec Luke Holmes, chanteur du combo. De quoi revenir sur le début de carrière du groupe, la réception critique de The Rhapsody Tapes mais aussi de découvrir entre autres un fan passionné de M83 !

Salut Luke, merci de nous accorder un peu de ton temps. Vous venez de passer plus d’un mois sur les routes européennes en ouverture de Northlane, comment ça s’est passé ?


Très bien ! C’est l’avant-dernière date et tout le monde est fin prêt à rentrer à la maison mais d’un autre côté, cette tournée pourrait bien continuer encore six mois. Ça a été une expérience géniale et totalement différente de ce qu’on peut connaître en Australie. Là-bas, tu ne peux jouer que dans cinq villes et tu peux faire ça en l’espace d’un week-end ou deux. Ici, tu te réveilles tous les jours dans une ville inconnue pour y jouer un concert le soir-même et tu profites de toute la diversité de l’Europe en termes de culture, de langues…

Même si on a déjà fait quelques dates ici avec Beartooth, c’est la première fois qu’on fait une vraie tournée européenne, on a le temps de découvrir des trucs. On a fait plusieurs rave parties, dont une hier soir d’ailleurs, il faut que je m’assure que ma voix est toujours intacte (rires).
 

Tu l’as dit, vous avez fait quelques dates avec Beartooth en juin, dont une à Savigny pas très loin d’ici. Quels souvenirs tu en gardes ? Et quelles sont tes attentes pour ce soir ?

Je me souviens de la meilleure nourriture qu’on m’ait jamais servie en tournée ! Le chef avait fait un super plat et on avait eu droit à du bon vin. C’est plutôt triste que mon premier souvenir soit la nourriture (rires), mais le show était très bon aussi, avec un staff super sympa et un public assez cool. Ce soir on joue sur un bateau et ça je ne vais pas l’oublier parce que c’est la première fois que je joue sur un bateau ! En espérant que personne dans le groupe n’ait le mal de mer.

Comment le public de Northlane vous accueille sur cette tournée ? Vous n’êtes pas sur le circuit depuis longtemps, est-ce que la plupart des gens savent déjà qui vous êtes ?

Il y a quelques personnes qui nous connaissent et aussi beaucoup qui ne nous connaissent pas. Mais le but principal de cette tournée, c’est de jouer devant un nouveau public et y gagner quelques fans au passage. C’est ce que tous les groupes démarrant du bas de l’échelle doivent faire et on en est conscient. C’est à nous de faire de notre mieux tous les soirs pour convaincre ceux qui n’ont jamais entendu parler de nous d’aller nous écouter après. Comme ça lorsqu’on reviendra, ces gens auront peut-être acheté l’album et seront de nouveaux présents. Pour ma part, je préfère le challenge de jouer devant une salle à moitié pleine de gens n’ayant jamais entendu parler de nous plutôt qu’une salle pleine de gens nous ayant vus 100 fois. Pour l’instant, les réactions sont bonnes. On est loin d’être le groupe le plus heavy de la tournée mais ça fonctionne bien.

Effectivement, vous êtes coincés au milieu de trois groupes de djent. Ça fait de vous les outsiders.

C’est vrai, certaines personnes viennent avec l’envie de voir du djent et ne sont pas réceptives à un son plus rock comme Ocean Grove peut l’être. Après c’est au spectateur de faire son choix, je pense que ça nous permet quand même de toucher des gens qui n’auraient jamais écouté notre groupe spontanément.

The Rhapsody Tapes, votre premier album est sorti depuis presque un an. Quel regard portes-tu dessus à présent et es-tu satisfait de la réception du public ?

Oui très satisfait ! On a pris un gros risque avec cet album en y mettant beaucoup d’éléments différents et de choses nouvelles pour nous. Avant la sortie, on avait écrit sur une feuille tous les objectifs qu’on avait avec cet album, et on en a déjà atteint énormément. L’un d’entre eux était que ce soit un passeport pour nous, qu’il puisse nous permettre d’aller partout dans le monde et c’est déjà réussi. Nous sommes en Europe actuellement et en Amérique du Nord l’année prochaine. C’est un peu pour ça qu’on a commencé le groupe. On adore trainer tous ensemble et on voulait pouvoir faire ça tout autour du monde en découvrant de nouveaux endroits. C’était le but de départ et The Rhapsody Tapes nous a permis d’y arriver bien mieux que tout ce qu’on pouvait imaginer. Il y a aussi d’autres trucs comme ouvrir pour Limp Bizkit en Australie, c’est juste incroyable.

On sait que c’est très difficile pour les groupes Australiens de financer leurs tournées à cause des coûts d’avions et de l’éloignement notamment. Comment vous arrivez à équilibrer tout ça alors que vous n’avez pas encore une grande notoriété ?

C’est vrai. Je pense que ce qui nous aide sur le plan économique, c’est d’avoir enregistré notre album nous-mêmes. Imagine-toi, pour faire un album comme The Rhapsody Tapes en externe, il faudrait sortir des milliers de dollars en fonction de ton choix pour l’enregistrement et la prod. On est assez DIY, on fait nos propres artworks, notre merch, nos clips… Avec ça, on peut gérer l’argent plus facilement. En ce qui concerne l’Australie, c’est difficile pour un groupe de passer du niveau national au niveau mondial. Physiquement, c’est compliqué car tu dois déjà prendre un vol de 7h jusqu’au Moyen-Orient puis une longue correspondance puis encore 7h jusqu’en Europe… C’est beaucoup de temps et beaucoup d’argent. Pour nous, l’Australie est une sorte de socle où l’on peut remplir des salles et réunir un peu d’argent pour ensuite se propulser dans des tournées à travers le monde où l'on ne va pas faire autant de bénéfices. Mais à termes, on espère aussi remplir des salles un peu partout, que ce soit à Paris, en Angleterre, n’importe où. C’est très long mais on voit déjà les premiers effets : on a rempli une salle à Londres ce qui est complètement dingue étant donné que notre premier sold-out chez nous ne date pas de très longtemps non plus. Pour moi les Australiens doivent travailler deux fois plus et ce n’est pas une mauvaise chose, ça installe une certaine éthique. Ils savent ce que ça fait d’être dans des situations pas faciles à négocier.

Est-ce que vous travaillez déjà sur un deuxième album ?

Oui, en fait on écrit constamment on a la possibilité de tout faire nous-mêmes. Pas besoin de réserver un studio pour enregistrer sur un temps donné donc ça nous donne plus de souplesse. On sera ce groupe toujours en train de bosser sur un truc nouveau, sans que ce soit forcément utilisé au final. Pour The Rhapsody Tapes, on avait des chansons dont on s’est finalement débarrassé et d’autres comme « Thunderdome » ou « Mr. Centipede » qui sont apparues à la toute fin. L’an prochain on sortira surement de la musique, que ce soit sous forme album, EP ou autre chose d’ailleurs.

Avec le succès de The Rhapsody Tapes, est-ce que vous commencez à sentir une petite pression pour faire mieux sur le prochain ?

Non, tu sais on ne sera jamais le genre de groupe à sortir deux fois le même album et je pense que nos fans le savent. Il y a sûrement plus de pression mais je ne la sens pas, je crois en le fait qu’on peut écrire de la bonne musique, avoir de bonnes idées et pousser plus loin notre créativité. On a eu l’opportunité d’écrire un album différent, qui ne suive pas les règles et au final que les gens adhèrent ou pas, on s’en fout un peu. On veut juste sortir quelque chose qui reflète fidèlement ce qu’on est. Sinon quel intérêt de faire de la musique ? Les cinq membres du groupe ont des gouts musicaux différents. On essaye d’explorer tous ces intérêts dans notre musique, que ce soit metal ou hardcore mais même rock, pop ou électro dance.

 

Est-ce que tu connais ou aimes des artistes français ?

L’un de mes groupes préférés est M83. Je crois qu’ils ont déménagé à Los Angeles mais ils sont français, ils chantent même en français parfois. Ils ont sortis un de mes albums préférés. La plupart des titres sont ambiants mais ils te font passer par toutes les ambiances, ça peut être une musique de soirée comme une musique pour t’endormir. Je les ai vus récemment dans ma salle préférée à Melbourne, c’était juste le meilleur concert de ma vie. Je n’ai jamais senti une telle connexion entre un artiste sur scène et son public. Il y a aussi Novelists, qui sont plutôt cools. Je n’écoute pas trop de trucs heavy d’habitude mais ils font ça très bien. Sinon j’écoute de temps en temps du hip-hop français mais je n’ai pas de nom en particulier à te donner.

En Australie, vous êtes peu habitué aux températures hivernales. Tu supportes bien le fait de tourner en Europe en plein hiver ?

Ah ça… (rires). On a pas vraiment de manteaux d’hiver et en Australie à cette époque de l’année c’est l’été et il fait 30° même à minuit, c’est super chaud. On a vu la neige pour la première fois sur cette tournée, je n’en avais jamais vu avant. Mais sans blague, il fait tellement chaud en Australie que c’est plutôt cool de ne pas y être. En plus, on est loin de l’Equateur ce qui veut dire que les rayons du soleil traversent plus facilement l’atmosphère et tapent plus fort sur ta peau. Ça crée beaucoup de cancer de la peau donc c’est plutôt cool d’être dans le froid pour une fois. En plus de ça, il y a beaucoup de marchés de Noël ici et l’ambiance se prête beaucoup plus à célébrer Noël. Chez nous, tu fêtes Noël à la plage donc c’est complètement différent.

Est-ce qu’on peut espérer Ocean Grove de retour bientôt ?

Oui ! J’aimerais qu’on ait déjà quelque chose de programmé, comme ça je pourrais déjà en parler maintenant mais on veut vraiment revenir l’année prochaine. Ce qu’on veut vraiment faire c’est jouer dans les festivals d’été et expérimenter cette facette de l’Europe. Je pense qu’on est plutôt un bon groupe de festival donc vivement que ça se fasse !

Merci beaucoup Luke ! Je te laisse le dernier mot de cette interview.

Merci à toi ! Tout simplement, ce qu’on essaye de promouvoir sur cette tournée c’est notre album The Rhapsody Tapes. Selon moi, il est surprenant et s’adresse à tous les gens aux gouts musicaux un peu variés, donc je serais content si vous alliez l’écouter. Et pour ceux qui l’aiment déjà, venez vérifier si on lui rend bien justice sur scène !



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