Évoluant dorénavant en tant que quatuor, Of Mice & Men tire un trait sur son passé et est bien déterminé à avancer à grand pas même après l’amputation d’un membre. Austin Carlile out, nobody in, voici la nouvelle formule du groupe de metalcore américain, qui s’en sort à merveille dans cet exercice.
Ceci étant dit, c’est le nouvel album du groupe qui nous intéresse aujourd’hui. OM&M revient sur le devant de la scène avec Defy, un CD de douze titres qui réserve son lot de surprises. Quatre de ces surprises ont déjà été dévoilées, avec “Back to Me” et “Unbreakable” jouées en live depuis cet été et plus récemment “Warzone”, elle aussi jouée sur scène. La dernière en date est "Defy". Une belle entrée en matière pour Aaron Pauley et ses compères qui imposent là leur statut d’incontournables du metalcore actuel.
OM&M n’a pas fini de nous faire bondir dans ce nouvel opus, avec pour commencer, une chose nous frappe dès les premières écoutes. On se demande si les Américains n’ont pas placé quelques riffs et sonorités bien ciblées dans leurs chansons afin de rendre hommage à des groupes qu’ils aiment ou qui les ont influencés. Si on fait un tour rapide, il y a le riff principal de “Instincts” qui rappelle beaucoup Metallica période St. Anger, le riff de “Vertigo” qui peut faire référence à Megadeth époque Youthanasia et enfin “On The Inside” dont l’ambiance fait beaucoup penser à Bring Me The Horizon.
Sans parler du son des machines à sous qui arrivent au milieu de l’album avec un riff d’intro à la basse plus ou moins connu. On peut d’abord penser à un simple rip-off hommage comme les chansons citées plus haut, mais non, Of Mice & Men a bel et bien entièrement repris l’emblématique “Money” de Pink Floyd. Pour un groupe qui trouve que le metalcore est sur la pente descendante, essayer de le remettre au goût du jour avec une chanson de quarante-quatre ans d’âge est un peu osé. Et pourtant c’est une pure réussite, “Money” version metalcore à la sauce OM&M en émoustillera plus d’un, surtout si celle-ci est performée sur scène.
Ne vous affolez pas, les Américains ont pensé à tout dans cet album. Beaucoup étaient restés sceptiques sur le dernier opus en date et Of Mice & Men est bien décidé à reconquérir ses fans déçus avec des titres qui rappellent un peu toutes les époques par lesquelles est passé notre désormais quatuor. Notamment le petit clin d’oeil fait avec “Forever YDG’N” qui fait suite à “YDG” (Of Mice & Men, 2010) et “Still YDG’N” (The Flood, 2011).
Bien que “Warzone” ait des sonorités très similaires à ce que l’on pouvait retrouver sur Cold World, elle n’en est pas moins la plus grosse réussite de Defy. Un titre surpuissant aux riffs dévastateurs et au chant percutant. Alors est-ce que l’on remarque l’absence de Carlile ? Au début, oui. Est-ce qu’on l’oublie au bout de quelques minutes ? La réponse est, là aussi, oui. Aaron Pauley fait un travail incroyable au niveau du chant. Son scream rend bien plus que justice aux chansons violentes du groupe et son chant clair est toujours aussi subtil et mélodique.
Of Mice & Men commence l’année 2018 extrêmement fort avec un album qui pourrait très bien s’installer dans le top dix de l’année à venir. En effet, il va être difficile de proposer mieux en terme de metalcore pur. Ceux criant “R.I.P. OM&M” fin 2016 vont se voir pâlir à l’écoute de cette démonstration. Ce groupe ne se résume pas à un seul membre déchu. Tant que Aaron Pauley, Alan Ashby, Phil Manansala et Valentino Arteaga tiennent le cap, Of Mice & Men n’est pas près de couler.
Sortie le 19 janvier 2018 via Rise Records.
Photographie : Florentine Pautet
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