Entretien avec Biff Byford, chanteur de Saxon

Le 2 février prochain sort Thunderbolt, le nouvel album du groupe Saxon. De passage à Paris pour la sortie du disque, nous avons eu la chance de nous entretenir avec leur charismatique chanteur, Biff Byford. Après presque 40 ans de carrière, il nous a parlé de sa vision de la musique et du fait d'expérimenter sans toutefois perdre son identité.

Bonjour Biff et merci de nous accorder cet entretien. Nous sommes ici pour parler de Thunderbolt, le 22ème album studio de Saxon. Après les très bons Call To Arms, Sacrifice et Battering Ram, as-tu ressenti plus de pression au moment d'entrer en studio ?

Pas vraiment, juste la même pression que pour tous les autres disques. Comme tu l'as dit, c'est notre 22ème album et l'année prochaine on fête les 40 ans du groupe ! On voulait juste que l'album soit intéressant, excitant et imprévisible. Il faut se focaliser sur les choses importantes, les riffs, les histoires que tu racontes à travers les paroles et le son. Nous sommes un groupe de heavy metal britannique et il faut aussi penser à garder notre identité, c'est très important.

Le morceau "Thunderbolt" est très puissant et direct, c'est pour ça que tu l'as choisi comme premier single?

Non,  le morceau ne doit pas obligatoirement être le plus puissant, il faut juste qu'il soit le bon. Pour Saxon, le titre de l'album, la pochette et toutes les chansons doivent être puissantes et Paul Raymond Gregory nous a fait une super pochette, très old school. Il est important de garder cet élément très 80's tout en ayant un son actuel.

Le clip contient des extraits de vos prestations au Wacken et au Hellfest, était-ce pour vous un moyen de montrer à quel point vous êtes un groupe de scène et l'énergie que vous y déployez ?

En fait c'est un moyen de montrer où en est le groupe aujourd'hui en Europe. Je pense qu'il faut faire attention quand tu fais une vidéo, ça doit nous représenter tel qu'on est sans prétendre être ce que nous ne sommes pas. Saxon est un groupe avec de la bouteille et nous devons être majestueux, on laisse le côté chien fou aux jeunes groupes.
 

Pour ce nouvel album, vous avez de nouveau fait appel à Andy Sneap qui avait déjà produit Sacrifice et Battering Ram. Peux-tu nous dire ce qu'il apporte au son de Saxon ?

Il contrôle le son du groupe. Il aime le son des 80's mais aussi le son actuel, il peut travailler avec Judas Priest mais aussi Killswitch Engage et Amon Amarth, qui sont des groupes plus récents tout en gardant ce côté très 80's pour nous. On ne veut pas perdre de vue nos racines de groupe de heavy metal britannique et il est très bon pour diriger le son du groupe dans ce sens.

Biff Byford, Saxon

Parlons du titre "Nosferatu", c'est un morceau avec un côté gothique qui rappelle également les vieux films d'horreur. As-tu composé les paroles avant la musique pour celui-ci ?

Oui, j'ai effectivement écrit les paroles avant la musique. "Nosferatu" a été composé pour un film d'horreur mais je ne sais pas si finalement ça va se faire, du coup je voulais quelque chose de gothique et lourd. La version avec l'orchestration est un bonus track, il y a une version plus brute sur l'album. J'adore ce morceau, il a ce côté sinistre et sombre tout en étant très catchy à la Saxon. Ça montre aussi qu'on peut composer un morceau plus lourd et gothique tout en gardant cet esprit des années 80.

Un morceau sur Thunderbolt fait directement référence à Motörhead, il s'agit de "They Played Rock And Roll", peux-tu nous raconter une anectode concernant le groupe avec qui vous avez tourné pour la dernière fois en 2015 ?

Oh j'ai un paquet de souvenirs avec eux depuis notre première tournée ensemble en 1978, on est devenus amis et nous sommes restés connectés pour la vie. On m'a annoncé que Eddie Clarke est malheureusement décédé hier soir du coup il ne reste plus aucun membre original du groupe. On a de super souvenirs de Eddie, Lemmy et Phil, c'était des mecs très rock and roll et incroyables. Je pense que nous avons tous été liés par le destin.

 

Sur le titre "Predator", on peut entendre du growl, c'est un type de chant que tu voulais tester ?

En fait c'est Johan Hegg de Amon Amarth qui se charge de cette partie même si quand j'ai composé le morceau j'avais dans l'idée de le faire moi-même. Je suis ami avec Johan et lui ai proposé, il a aimé le morceau et on a enregistré ce duo. On ne fait pas ça habituellement mais comme j'aime le dire, nous sommes imprévisibles et parfois ça fait partie du secret du succès : faire des choses que les gens ne t'imaginent pas faire. Après il ne faut pas être trop fou, expérimenter, oui, mais en gardant le côté Saxon. Avec Johan, tu comprends les paroles même s'il utilise sa voix gutturale alors que la plupart du temps ce n'est pas le cas.

 

La pochette de l'album est encore une fois l'oeuvre de Paul Raymond Gregory, penses-tu à quelqu'un d'autre en mesure de donner vie à l'imagerie de Saxon ?

On a déjà utilisé d'autres artistes pour nos pochettes mais Paul travaille bien avec Saxon et on a une longue histoire commune depuis Crusader. C'est un ami et c'est lui qui est arrivé avec l'idée de la pochette, c'est très old school, Zeus représenté par un aigle avec le tonnerre, c'est une pochette qui aurait pu sortir dans les années 80. Le fait d'être des amis me permet aussi de lui botter les fesses si je n'aime pas le résultat ou lui dire de recommencer et ça c'est important (rires).

Biff Byford, Saxon

Nous avons parlé de plusieurs morceaux figurant sur Thunderbolt mais quel est ton favori ?

Pour être parfaitement honnête, actuellement je n'en ai pas. Je n'avais pas écouté l'album depuis un mois, j'ai fait une écoute il y a une semaine et je le trouve plutôt homogène. J'aime" Nosferatu", "Predator" avec Johan est plutôt cool aussi mais il n'y a pas un morceau qui se détache pour le moment.


 

Thunderbolt est votre 22ème album et le groupe fait partie de la New Wave Of British Heavy Metal. Dans sa biographie, Bruce Dickinson dit que le terme a été inventé par les journalistes pour catégoriser les groupes de cette époque et qu'il n'appréciait pas celà. Tu en penses quoi ?

Les journalistes aiment les titres; je pense qu'ils ont fait ça pour nous détacher des autres groupes des années 70 comme Black Sabbath, Uriah Heep et Nazareth. Je ne déteste pas le terme même si à l'époque je ne le comprenais pas très bien, je pense qu'il était plus connu à l'extérieur qu'à l'intérieur du Royaume-Uni. Si nous sommes considérés par les gens comme faisant partie de la New Wave Of British Heavy Metal, qu'il en soit ainsi. J'ai sur mon téléphone la photo d'un encart publicitaire publié dans un magazine en 1979 (sur la photo est écrit "Heavy Metal Majesty" au-dessus de Saxon NDLR), tu vois ce que je veux dire ? Un terme serait apparu quoi qu'il arrive. Je pense que ça a dû être inventé par Geoff Barton ou un autre gars du magazine Sounds. Bruce n'était pas encore dans Iron Maiden à cette époque, il est arrivé au moment de The Number Of The Beast, un album fantastique, du coup il serait intéressant de demander à Steve Harris ce qu'il en pense.

 

Merci beaucoup pour cet entretien Biff. As-tu un message à faire passer à tes fans français ?

Prenez soin de vous et gardez la foi ! On se revoit courant octobre, d'ici là si vous pouviez apprendre les nouvelles chansons ça serait cool (rires).

Thunderbolt sort le 2 février via Silver Lining Music.
Merci à Olivier Garnier d'avoir permis cette interview

Entretien réalisé en compagnie de Watchmaker
Photographies : © Watchmaker 2018 
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe



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