Les démons intérieurs et la maladie mentale du suédois erratique produisent au sein de son cerveau de très belles choses qu’il aime nous faire découvrir, comme sur ce nouvel album - X - Varg Utan Flock.
Ça commence avec trois mots et puis et puis, l’orgasme à coup de scarification, de cris, de riffs, de « hou » et de « hii ». Ça prend aux tripes. Sur « Svart Ostoppbar Eld », Niklas Kvarforth joue de sa voix comme le félin avec sa proie, la fait tourner, gueule dessus, éructe pour tomber dans ces fameux accords de blues dépressifs qui te ferraient creuser ta propre tombe, pour régler les cordes de tes arpèges à rendre jaloux la basse qui sournoisement arrive à prendre le dessus. Du Grand Shining !
« Gyllene Portarnas Bro » possède un gros son : riffs carrés pour permettre à Niklas de placer sa voix limite déjantée, la bouteille de Jack à la main. Il souffre, on devient son confident tout en restant tout de même vigilant. Entre les guitares acoustiques et la souffrance que l’on entend à travers sa voix on est rapidement retourné, bluffé. L’expérience au fil du temps l’a amené à nous pondre un tel morceau où à la fin d’une note, va débouler violence, haine, accélération et destruction.
On retrouve un rythme classique chez Shining avec « Jag Är Din Fiende ». Roulement de tambour, voix de sept heure du mat’ à peine sortie de la tournée des bars qui n’avaient pas encore fermés et de ceux qui commencent à s’ouvrir. Ça fonctionne bien, c’est assez classique pour les Suédois avec un break inévitable où le chant est à la limite du faux alors que sur « Han Som Lurar Inom » l’ensemble des instruments forme un bloc, limite indus que l’on se reçoit en pleine tête. C’est assourdissant, violent, un mélange savant entre Al Jourgensen, Manson et Niklas.
« Tolvtusenfyrtioett », et ses quelques notes de piano, sème une mélancolie sortie d’un vieux sous-sol enfumé et très poussiéreux où l’âme de Gershwin rode encore.
Entre la voix gutturale proche du rot et la guitare pesante sur « Mot Aokigahara », le but de Shining est de nous écraser. Alors que les mélodies s’entrechoquent comme dans un film de David Lynch, le son des guitares ainsi que l’atmosphère nous mettent mal à l'aise. On est perdu dans un rade au milieu de nul part et c’est un Niklas pervers transformé en barman qui joue avec nos nerfs. La soirée risque d’être longue si nous devons suivre la trace poudreuse des énigmes qu'il nous propose. Avant la fermeture de l’établissement, si on ne va pas dans le sens du patron il va nous tomber dessus en nous engueulant.
Sur l’édition spéciale, l’intelligence de Niklas est de proposer deux reprises qu’il va savoir s’approprier en les écorchant à vif à commencer par le sulfureux « In the Cold Light of Morning » de Placebo. Interprétation sublime, décalée, la transition est parfaite et « Cry Little Sister » de Gerard Mcmann nous montre à quel point le Suédois possède une bonne culture générale et qu’il est loin de nous avoir montré l’étendue de sa créativité.
Tout au long de X - Varg Utan Flock, Niklas Kvarforth se sera servi de cet album comme d’une confession, une séance chez le psy pour dévoiler ses afflictions personnelles, sa colère, ses tourments, sa vie sur le fil du rasoir avec ses chuchotements d’une confession à nu.
Lionel / Born 666