Quelques jours avant la sortie de Hadeon, le nouvel opus de Pestilence, nous avons appelé Patrick Mameli, tête pensante du groupe, pour en savoir un peu plus sur ces nouvelles compositions. L'occasion pour nous de nous entretenir pendant près d'une heure avec le musicien, qui s'est livré sans tabou, répondant sans langue de bois à nos questions concernant les différents splits et réunions du groupe, sur Neuromorph, son side project, ou encore sur la tournée de Pestilence à venir, qui évite malheureusement la France. Témoignage d'un ancien du death...
Bonjour Patrick et merci de nous accorder cette interview.
Pas de problème ! Tu sais c'est toujours un plaisir de parler de Pestilence !
Nous sommes ici pour parler de la sortie d'Hadeon, le nouvel album de Pestilence. Mais avant cela, je souhaiterais revenir sur le split du groupe en 2014 et la seconde reformation. En 2014, tu annonçais ne plus vouloir rejouer de Pestilence, ni sortir de nouvel opus. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
Notre nouveau label a évidemment quelque chose à voir là-dedans, puisque le label avec lequel j'avais enregistré Obsideo (2013) a fini par couler. Ils n'ont pas pu nous aider financièrement pour notre tournée et pour la promotion de l'album. Pour moi, c'était difficile de continuer sans le soutien financier d'une maison de disques. Aucune autre ne souhaitait travailler avec nous. J'ai essayé d'en trouver une lorsque j'ai appris que Candlelight Records était dans la galère financièrement. Mais j'ai dû abandonner. Puis j'étais très frustré car je pensais qu'Obsideo était un très bon album. Mais pendant la tournée, le public ne faisait que réclamer "Out of the Body" ou "Land of Tears" et je me suis senti comme un robot, un jukebox où tu mets une pièce pour choisir le titre que tu veux entendre... J'ai toujours souhaité être un meilleur musicien, et c'est très difficile pour moi d'être juste reconnu pour des chansons que j'ai écrites 25 ans auparavant. Toute cette frustration m'a poussé à abandonner. Mais je suis musicien au fond de moi, et il m'est difficile de ne pas créer de la musique. Quand je travaillais sur mon projet Moordzucht, je composais des chansons qui ont parlé à Guido Heijens, patron de Hammerheart Records. Il voulait ressortir les vieux albums de Pestilence, les quatre premiers, car il avait appris que Roadrunner avait cédé notre back-catalog à Warner, et que ces derniers ne souhaitaient rien en faire et voulait vendre les droits. C'est comme cela que nous avons récupéré les droits sur nos compositions. Ainsi, tout a commencé à bien fonctionner, nous avons pu ressortir les quatre premiers albums de Pestilence et j'ai commencé à me sentir à nouveau content. En effet, je pouvais enfin commencer à gagner un peu d'argent avec ces albums sur lesquels je ne touchais plus de royalties...
Et pour les fans, ces albums devenaient durs à trouver, ou bien à prix d'or sur internet !
Oui ! C'est dingue de voir que pour un groupe qui a démarré en 1986 avec la première vague de death metal floridien et qui a signé avec Roadrunner, tu ne peux trouver aucun album !
Pendant ce hiatus de quatre ans, tu as dis vouloir te concentrer sur Neuromorph, ton autre projet. Est-ce que certains titres ou riffs de Hadeon proviennent de ce projet ? Et quel est son statut à l'heure actuelle ? Neuromorph est-il toujours d'actualité ?
La musique, c'est avant tout des idées de création. A partir de ces idées musicales, je crée des compositions. Comme j'ai toujours des idées en lien avec la musique dans ma tête, dans un coin de mon cerveau, je continue de travailler sur Neuromorph. Mais Neuromorph est un peu plus sophistiqué que Pestilence et me demande beaucoup plus de temps pour faire de bonnes compositions. Si vous me connaissez un peu, vous savez que je veux toujours être le meilleur et aller toujours plus loin. Je pense que la musique est assez bonne pour être présentée au public, mais à l'heure actuelle, je dois me concentrer surtout sur Pestilence et Hadeon. Car c'est mon projet principal !
Du coup, tu considères plus Neuromorph comme un laboratoire au sein duquel tu peux expérimenter plus que pour Pestilence ?
C'est plus un projet dans le style jazz fusion. Au début, j'avais envisagé quelque chose de très brutal et de très technique. Mais si tu veux jouer ce genre de musique en live, si c'est rapide et heavy, parfois cela dessert la musique. C'est pareil pour Pestilence. Maintenant que nous avons trouvé le bon équilibre et le bon line-up, nous allons avoir de meilleurs retours, d'autant plus que nous retournons à nos racines et à l'essence de Pestilence.
Tony Choy était censé faire partie de cette réunion, or il ne fait pas partie du groupe aujourd'hui. Pourquoi cela ?
J'étais en contact avec Tony Choy pour retravailler avec lui. Il est revenu notamment pour Resurrection Macabre (2009) et il a tourné avec moi pour défendre cet album. C'est quelqu'un de bien et un ami, mais concernant le business, il accordait trop d'importance à l'argent. Au delà de notre amitié, il voulait être payé pour jouer avec nous, et je ne pouvais pas me le permettre. Le death metal n'est pas un bon plan pour faire du fric (rires) ! Dans les années 90, quelques-uns y parvenaient, mais aujourd'hui la plupart doivent tourner à l'année pour vivre décemment de leur musique, payer leur maison, subvenir aux besoins d'une famille, ce genre de choses... Je ne peux payer aucun membre de mon groupe et Tony le savait, il est donc parti pour cela. Les choses doivent être drivées par l'amour de la musique et l'amitié avant tout ! Quand tu accordes trop d'importance à l'argent, ce n'est pas la peine d'être bassiste dans le death metal.
Aujourd'hui, tu es le seul membre d'origine du groupe, même si Patrick Uterwijck, qui ne jouait pas sur le premier album, est longtemps resté à tes côtés. Comment as-tu choisi les nouveaux membres du groupe et ont-ils participé au processus de composition ?
Personne n'a jamais contribué aux compositions de Pestilence (rires). Depuis la première démo en 1986, jusqu'à Obsideo et maintenant Hadeon, j'ai toujours composé la musique moi-même, programmé les batteries...C'est pour cela que Pestilence sonne comme Pestilence. La seule chose qui change d'un album à l'autre, c'est le line-up. Et Patrick était là depuis le début, même si, comme tu l'as souligné il n'était pas là sur la démo et le premier album. Mais juste après cela il a toujours été mon meilleur ami au sein du groupe. J'ai toujours su que je pouvais compter sur lui et il a toujours été présent à mes côtés. Mais même en studio, j'enregistrais les parties de guitare. Il enregistrait ses parties lead, mais la quasi-intégralité des parties rythmiques étaient jouées par moi. Mais ce n'est pas une chose si étrange, cela arrive dans de nombreux groupes, comme Metallica par exemple. James Hetfield enregistre toutes les parties rythmiques. Pour moi, il n'y a pas de problème à procéder de la sorte. Pour Hadeon, j'étais le seul membre dans le studio qui était là du début à la fin. Santiago (Dobles, désormais ex-guitariste du groupe NDLR) a enregistré ses soli dans son home studio et Tilen Hudrap a mis en boite la basse au studio de son frère. La seule personne qui a été là pour quelques jours, c'est Septimiu (Harçan, batteur du groupe, NDLR), qui s'est occupé de la batterie avec moi.
Tu as donc produit l'album toi-même ?
Oui, je produis et enregistre tout moi-même. Si j'avais la possibilité d'être ingénieur du son, je le ferais aussi (rires) ! Mais cela n'a rien à voir avec un quelconque côté narcissique ou égocentrique de ma part. Je ne suis pas un dictateur qui veut garder le contrôle sur tout au sein du groupe. Mais tout au long de l'histoire du groupe, j'en ai toujours été la force motrice. J'estime avoir toujours été généreux et à l'écoute des personnes dans mon groupe. J'ai toujours fait attention à ce que chacun s'y sente à l'aise, puisse bénéficier de son matériel gratuitement, ce genre de chose... La plupart des anciens membres avaient également leur groupe principal, cela a toujours été le cas : Peter Wildoer avait Darkhane, son groupe principal. Pareil pour Dave Haley et Psycroptic. Ces gens n'étaient donc pas toujours disponibles pour Pestilence sur une longue période. J'espère que cette fois ce line-up va rester soudé un peu plus longtemps car je pense qu'il y a une vraie force créatrice avec eux.
Sur Hadeon, tu as laissé de côté les guitares sept et huit cordes pour revenir à la six-cordes et à un son un peu plus old-school. Dans quel état d'esprit étais-tu avant de te lancer dans le processus d'enregistrement ?
Tu sais, j'ai toujours de vieilles idées, mais j'ai toujours besoin d'explorer de nouveaux territoires. Si j'avais voulu prendre aucun risque, j'aurais enregistré un album comme Testimony of the Ancients, qui est un album monumental c'est vrai. Mais j'aurais fait le suivant de la même manière, et puis encore un autre dans la même veine. J'aurais peut-être eu plus de succès, mais je n'aurais pas été moi-même. Et pour moi, ce n'est pas juste pour les fans de faire toujours la même chose. Même s'ils ont parfois des attentes différentes par rapport à ce que Pestilence doit être. Je suis retourné aux six-cordes car j'avais l'impression qu'après deux albums en utilisant des guitares huit-cordes j'avais fait le tour de la question. J'aurais pu descendre encore plus bas, utiliser des neuf-cordes, mais je ne voulais plus de ça. On a utilisé des blast-beats sur nos albums, on a joué sur des guitares sous-accordées, mais il y a une difficulté majeure : les guitares graves se mêlent aux fréquences de la basse et c'est difficile d'un point de vue de la production de faire en sorte que le tout sonne bien. Pour moi, le retour des six-cordes, c'est un excellent choix car cela sonnera plus comme Testimony, et surtout cela sonnera plus comme moi !
Parfois, n'as-tu pas l'impression d'être piégé par ce que les fans attendent de toi ?
Pas vraiment car j'ai toujours cherché à faire des choix audacieux. J'aurai pu céder à la facilité, mais j'aime prendre des risques et suivre mon propre chemin. C'est ce qui à mon sens donne à Pestilence son originalité, et c'est ce que les fans aiment. Et s'ils n'aiment pas, alors ce n'est pas mon problème, c'est le leur. Pestilence doit être un outsider. Mais avec Hadeon, les impressions des fans ont l'air d'être plutôt positives à 99%. Je pense que j'ai fait les bons choix. La formule est bonne et ma façon de growler rend justice à la musique. Je pense avoir changé au cours des années pour parvenir à trouver la bonne combinaison sur cet album en particulier.
Sur cet album, on ressent d'ailleurs plus de passages jazzy que ce que tu faisais sur Doctrine et Obsideo. Je pense notamment à l'intro de "Discarnate Entity" ou le solo de basse de "Subdivisions". Etait-ce quelque chose qui t'avait manqué ?
Cette petite intro à la basse a été ajoutée car Tilen aimait beaucoup celle qu'il y avait sur Testimony ("Soulless" NDLR) et il m'a demandé s'il pouvait faire quelque chose de similaire et ainsi montrer au monde entier ce dont il est capable. Je lui ai laissé cette liberté, car cela ajoute une saveur particulière à l'album, en plus de la brutalité et du côté heavy. Cela montre aussi que nous sommes capables de produire des choses mélodiques, comme ce que nous avons fait auparavant sur Testimony.
Il y a également des titres avec du vocoder, comme sur "Astral Projection" ou "Ultra Demons". Pourquoi ce choix ?
J'apprécie tout particulièrement la dynamique au sein des titres. Et c'est quelque chose qui manque aujourd'hui, puisque la musique actuelle est tellement influencée par les ordinateurs qu'elle sonne comme si elle était produite par une machine. Je voulais donc mettre en avant ce contraste entre quelque chose non-humain et quelque chose plus organique, qui renforce donc la dynamique et l'atmosphère des morceaux. Des groupes comme Cynic ont déjà procédé ainsi. Mais ils chantaient dans un style plus mélodique et sur Hadeon, cela sonne plus comme un Alien. Si tu fermes les yeux, tu peux tout à fait visualiser ces robots et ce à quoi ils ressemblent...
Tu viens de révéler "Non-Physical Existence", le titre d'ouverture de l'album. Pourquoi avoir choisi ce titre pour présenter l'album ?
Pour être honnête, la maison de disque n'arrivait pas à décider, et je ne pouvais trancher moi-même. La première chanson mise en ligne a été "Multi Dimensional". C'est pour moi une très bonne chanson, qui montre ce dont nous sommes capables. Elle a ce côté fusion et un riffing brutal. Tous les éléments présents sur ce titre sont également présents sur l'album. Le second titre dévoilé, le morceau d'ouverture comme tu l'as dit, est plus direct, un peu dans la veine de "Dehydrated" (morceau de 1989 présent sur Consuming Impulse NDLR). Il est plus In Your Face et c'est totalement brutal. De plus, la production est très claire, donnant beaucoup de dynamique à ce morceau. Une fois de plus, les retours sont très positifs lorsque je regarde les commentaires sur Youtube, les gens ont l'air de l'apprécier.
C'est effectivement un titre assez direct, plutôt bien choisi pour démarrer l'album. Comment construis-tu la tracklist ?
C'est très difficile ! Je pense que le titre d'ouverture (pas l'intro qui, elle, doit te permettre de te concentrer sur ce qui va suivre) doit être rapide et direct. Le second doit être encore plus rapide. Mais la troisième doit te permettre de redescendre un peu et être moins rapide afin de permettre à l'auditeur de respirer un peu. Tu as donc des vagues d'émotions qui arrivent lorsque tu écoutes un album. Il y a donc plusieurs possibilité pour organiser l'ordre des compositions, mais si je sens que j'attends autre chose à la sixième chanson, je modifie tout cela. Ensuite, je demande son avis au label. Tout doit être parfait. Des compositions à la tracklist, en passant bien sûr par l'artwork. J'ai donc proposé deux ou trois tracklists au label. Celui était commun au patron du label et à moi ne pouvait être que le bon. Tu sais, je suis un fan de Pestilence moi-même. Je n'écoute pas de metal ou de death metal car je n'aime pas être influencé par d'autres groupes. C'est pour cela que Pestilence sonne à part, c'est parce que je refuse de me laisser influencer. En plus, j'ai tendance à beaucoup trop analyser la musique que j'écoute et je ne veux pas piquer des plans à quelqu'un d'autre.
Tu viens de mentionner l'artwork d'Hadeon. Justement, sur ce dernier, on retrouve une fois de plus la sphère qui est présente sur chaque album de Pestilence, depuis Testimony of the Ancients. Que représente-t-elle pour toi ?
Quand nous avons créé Testimony of the Ancients, je voulais quelque chose qui soit intemporel, qui n'ai ni début, ni fin. A cause de sa forme circulaire, une sphère n'a donc pas de fin. A mes yeux, cela représente ce que Pestilence est, car c'est quelque chose de perpétuel. Cette sphère ne peut pas être brisée. Je pense que c'est un très bon symbole pour Pestilence. Même si tu ne vois pas le logo ou le nom du groupe, grâce à cette sphère, tu sais automatiquement qu'il s'agit de Pestilence.
La Science-Fiction semble avoir beaucoup d'importance dans l'univers du groupe, qu'il s'agisse des titres d'album et de chansons, ou encore à travers les artworks. Que t'inspire ce genre ?
C'est la combinaison de deux mots : science et fiction. Cela veut bien dire qu'il ne s'agit pas de quelque chose de réel. Mais on pourrait l'appeler "Science-Facts". Car tout ce que l'on a pu voir à la télé à l'époque - la façon dont fonctionne l'univers, les neutrons, les protons – c'est quelque chose de bien réel. Si tu t'intéresse à cet aspect, sur les autres dimensions par exemple, ce qui est intéressant, c'est que même si tu ne les vois pas, cela ne veut pas dire qu'elles n'existent pas ! Dans mes paroles, j'évoque ce genre de chose. Je parle des "Ultra Demons", qui bougent d'un monde à un autre à la fréquence d'un Gigahertz, ce qui se manifeste par des champs magnétiques autour de toi, la dépression ou la maladie. La chanson démarre d'ailleurs avec un son à la fréquence d'un giga hertz. C'est un exemple du sens du détail que l'on a voulu pousser avec cet album. Il y a plein de petits détails que tu n'entends pas à la première écoute mais qui sont là.
Tu t'apprêtes à démarrer une nouvelle tournée européenne en février et mars. Cette fois-ci, elle sera axée autours d'un set "old-school". Pourquoi ne pas jouer un ou deux extraits d'Hadeon ?
Parce que nous ressortons les vieux albums. Nous voulions donner aux anciens et aux nouveaux fans l'opportunité de voir ce line-up, qui pour moi est le meilleur de Pestilence, jouer ces chansons. Les gens veulent les entendre, et certaines n'ont jamais été jouées avant. C'est une sorte de challenge pour nous. D'autre part, nous avons fait ce deal avec les promoteurs, pour jouer un set old-school. Mais cela n'est valable que pour la tournée de janvier-février. Plus tard, quand nous jouerons en Amérique du Sud, il est certain que nous jouerons quelques titres d'Hadeon.
Cette fois-ci, aucun concert n'est pourtant prévu en France...
Je sais que nous avons beaucoup de fans français, mais aucun promoteurs n'a voulu prendre le risque de nous faire jouer dans votre pays... Personne ne nous a fait d'offre intéressante, même pour Paris. Cela n'a rien à voir avec nous, ce n'est pas que nous ne souhaitons pas jouer chez vous. Certains nous ont proposé juste un cachet ridicule, qui ne nous permettait même pas de payer notre tourbus ! Car la location d'un tourbus coute environ 1500 euros par jour ! Nous souhaiterions pourtant refaire le Hellfest une nouvelle fois !
Concernant le concept du set old-school, est-ce plus facile pour toi de jouer des nouveaux titres ou les anciens ?
Ce n'est pas si simple que cela. Pour les anciens titres, on les connait par coeur et même si on aimerait jouer parfois plus de nouvelles compositions, je comprends que les fans aient envie d'entendre "Out of the Body". A l'époque, j'étais un très grand fan de Slayer et quand j'allais les voir, tout le monde attendait les classiques, comme "Angel of Death". C'était comme si la soirée ne pouvait pas être terminée tant qu'ils n'étaient pas joués. Donc je comprends cette envie des fans d'entendre d'anciens titres. Mais parfois, le problème c'est qu'on joue ces titres vingt ou trente fois et qu'on perd cette envie de les interpréter. On se sent comme un jukebox, et on perd notre spontanéité. Tu sais, nous sommes des êtres humains et parfois on perd notre enthousiasme. C'est vrai que je préfèrerais jouer des titres d'Hadeon, et j'espère que cet album sera très bien reçu et deviendra un classique comme Testimony, ce qui me permettrait de jouer plus de ces chansons. J'aimerais déjà que l'on puisse en jouer cinq de cet album. Mais tu sais pour cette tournée, on prévoit de jouer "Presence of the Dead", que l'on n'a pas interprété depuis très longtemps. Je suis très excité de voir comment ces morceaux vont sonner avec le nouveau line-up.
Pestilence est considéré comme un pionnier du death technique aux côtés d'Atheist, Cynic ou encore Nocturnus. Quel est ton sentiment par rapport à cela ?
Même si avec Spheres nous avons montré que l'on pouvait se détacher du style, en incorporant des plans jazz, des synthés etc, nous avons prouvé que nous n'étions pas si techniques que cela. Nous sommes plus dans l'optique d'aller à fond et d'être directs. Peut-être pas à la manière d'AC/DC par exemple, mais en n'incorporant pas trop de technique dans nos titres. C'est toujours dur de trouver le bon équilibre à ce sujet. Aujourd'hui, il y a beaucoup d'artistes qui sont capable de jouer des millions de notes à la minute, mais pour moi ce n'est plus de la technique, c'est presque du jeu vidéo...
L'an dernier, tu as sorti Presence of the Pest, un live qui date de votre concert donné au Dynamo Open Air en 1992. As-tu d'autres enregistrements comme cela sous le coude ?
Il y a quelques trucs qui sont des prises live issues des tables de mixage et qui sont correctes. Mais je suis mon pire critique musical, et je n'ai jamais trouvé grand chose qui soit de suffisamment bonne qualité pour être sorti en DVD officiel ou en CD. Mais avec le line-up actuel, je suis assez confiant sur le fait que l'on pourrait enregistrer des titres en live, pourquoi pas en vue de sortir un DVD. Ce serait une première pour Pestilence.
Tu es très actif sur les réseaux sociaux. Est-ce important pour toi de garder contact avec tes fans ?
Il y a quelques années, j'ai été diagnostiqué diabétique. Je me suis donc penché sur les questions de santé, de sport et de nutrition, afin de savoir comment prendre soin de mon corps. Et j'ai vu tous ces gens sur Youtube et sur internet qui parlaient de toutes ces questions et qui donnaient des conseils sur la façon de faire des exercices sportifs. Et je me suis dit que cela pourrait intéresser beaucoup de monde. Tu sais, j'ai environ 5000 personnes qui me suivent sur Facebook et Instagram. Je me suis alors dit que parmi la communauté du metal, il y avait certainement d'autres personnes qui souffraient de cette maladie et qui pourraient avoir envie de partager leur expérience avec moi et que je partage la mienne avec eux. A l'époque, quand tu écoutais du death metal, tu devais presque obligatoirement boire beaucoup d'alcool, fumer et écouter de la musique fort. C'était avant ! Aujourd'hui, je pense que les metalleux s'interrogent sur leur santé, leur bien-être physique et psychologique. J'espère que mon expérience partagée a un impact positif sur les personnes qui ont également du diabète. Ces plate-formes ne servent pas uniquement à parler de Pestilence, mais également à partager ces questionnements et y apporter des réponses. C'est vrai que cela permet toutefois de faire sa propre publicité et sa propre communication dans le domaine artistique. Car à l'époque nous étions totalement tributaires des maisons de disque dans ce domaine. Aujourd'hui, chacun peut s'exprimer. Sur les réseaux, j'évoque donc Pestilence et mes séances de gym, dans un but positif ! Si j'aide ne serait-ce que dix personnes, c'est déjà super !
Merci beaucoup pour cette interview Patrick. Avant de nous quitter, as-tu un dernier mot à adresser à nos lecteurs ? Comment les convaincrais-tu par exemple d'écouter Hadeon ?
Je voudrais d'abord m'excuser auprès des fans français de ne pas pouvoir venir jouer dans votre pays. Hadeon peut donner un bel aperçu de ce qu'est Pestilence. Si tu écoutes cet album, tu peux entendre plusieurs clin d'oeil à ce que nous avons fait dans le passé. Que vouloir de plus ? C'est l'album parfait pour Pestilence ! (rires)
Merci à Patrick Mameli et à Jan Kruitwagen, grâce à qui cet entretien a pu avoir lieu.
Interview réalisée par skype le 18 janvier 2018
Photographies promotionnelles : DR