Pour cette sixième édition du Haunting The Chapel Festival, Damage Done Productions nous a concocté deux soirées aux petits oignons : un vendredi death metal, avec le retour de God Dethroned et un samedi hardcore avec les Américains de Hed P.E. Avec toujours une volonté de faire jouer des groupes locaux en premières parties, le weekend promet d'être rempli de bonne musique et de découverte. De quoi réchauffer les esprits en cette fin de mois de janvier.
Jour 1
Catalyst
Jeune groupe avec un EP a leur actif, les Messins de Catalyst ouvrent le bal d’une façon magistrale, avec six morceaux bien composés, même si parfois un peu hésitants à l’exécution. Les deux guitares se complètent bien et à une cadence assez impressionnante. La voix est encore timide mais on se laisse quand même emporter. On sent que le groupe est jeune (certains membres ne sont même pas majeurs) mais ils envoient le bouzin, comme on dit. Un avenir certainement très prometteur pour eux, et une belle découverte pour le public qui sera conqui au fur et à mesure du set.
Temnein
Au tour des Nanceins de Temnein de continuer de chauffer la scène. Le groupe a quelques années de scène derrière lui et a su, avec les années, peaufinner son show. Ils font preuve d’une technicité à toute épreuves, sur tous les plans : c’est rapide, carré, bien composé et charismatique. Un vrai bonheur pour les oreilles, d’autant plus que la setlist est intelligente et monte crescendo, des morceaux les plus lourds vers ceux plus rapides et techiques. Leurs breaks font l’effet d’une bombe, qui redonnent aux morceaux une puissance et une dynamique bien calculée. Rien à redire sur le groupe si ce n’est qu’on aimerait les voir fouler des scènes de plus en plus grandes.
Misanthrope
Voici qu'arrive l'ovni Misanthrope. Avec leur 30 ans de carrière, c'est la première fois que les Français foulent le sol de Metz et de la scène de la chapelle des Trinitaires, deux bonnes raisons de donner tout ce qu'ils ont, et ils ne se font pas prier. Un concert de Misanthrope est une aventure; au croisement entre doom, black et death, le quartet enchaîne les morceaux avec précision. Ils sont habités par leur musique, et quoi de plus normal quand on connait les thèmes abordés, majoritairement intellectuels et spirituels. Avec la voix à la Trust de Philippe Courtois de l'Agilière, le chant en français et les orchestrations au synthé, on est vraiment embarqué dans un retour vers le futur façon années 1990. Le setlist vacille entre très vieux morceaux et compositions issues de leur dernier album AXΩ (2017). La frontière est mince entre les deux mondes, juste une touche plus groovy et plus moderne, sans perdre l'essence de leur musique. Les fans étaient venus en nombre pour faire ce voyage, qui fut plutôt réussi.
God Dethroned
La foule est compacte devant la barrière pour accueillir les Néerlandais de God Dethroned. Et pour cause, après leur annonce de reformation en 2015 et la sortie de The World Ablaze en 2017, les fans de la première (et de la dernière) heure ne semblaient pas vouloir manquer ce rendez vous.
Et dès les premières notes, on ne peut pas être déçu. Le quartet entre directement dans le vif du sujet et nous propose des morceaux pleins de force et de vigueur. Il est assez impressionnant de voir Henri Sattler aussi précis au chant qu'à la guitare, même si ce double jeu peut avoir tendance à entâcher le jeu de scène. Sur la scène justement, les performances du bassiste sont assez impressionnantes, avec un sacré jeu et un sacré charisme, soutenu bien évidemment à la batterie, aussi puissante que carrée. Niveau musique, on apprécie toujours autant la rapidité du death mélangée à la lourdeur du black, mélange subtil et réussi, pour des morceaux efficaces et sans fioritures. Un set bien trop court aux yeux du public qui en redemande. Le temps passe trop vite en compagnie de ces pilliers du genre.
Jour 2
Surrounded by Bears
Le public est timide pour accueillir les Nancéiens, mais il en faudra plus à Surrounded By Bears pour se laisser décontenancer. Tous les atouts du metalcore sont là : gros breaks, voix saturée et claire et riffs puissants. Avec seulement deux EP à leur actif, ils écument les salles depuis un moment et l'on sent qu'ils sont à l'aise. Ils arrivent d'ailleurs à accrocher le public au fil du set et finissent devant une foule un peu plus compacte, preuve de leur efficacité et de leur répondant. Sans nul doute un groupe que l'on va croiser de plus en plus souvent!
Your Pride
Nouveau groupe mais pas nouveau dans le monde de la musique (ex- Expect Anything), Your Pride est venu ce soir fêter la sortie de leur premier EP qui sera disponible le 11 février. Ils déroulent un show au milimètre. Peu de lumières, beaucoup de basse et de double grosse caisse, un chant à la fois aigu et puissant, voilà à quoi ressemble Your Pride. Les Lorrains ont une belle technique et une impressionnante précision. Mis à part le fait que chacun semble kiffer dans son coin et que certains morceaux soient un peu prévsible, le groupe réussira à conquérir les curieux.
Nasty
Dire que Nasty est attendu est un euphémisme : une rangée compacte à la barrière, une large espace laissé derrière eux pour les mosheurs et une foule déjà bien compacte après la console. Tout ce petit monde semble savoir à quoi s'attendre et s'impatiente quelque peu pendant le soundcheck. Si on devait résumer ce show en deux mots: LA BAGARRE. Quelle pèche, quelle violence, quel entrain ! On est pris dans un tourbillon, on ne peut rien faire d'autre que de secouer la tête. Un line-up minimal et un son extra saturé, tout comme la voix. Ils sont tous les quatre heureux et communicatifs, ils partagent la scène à 200%, n'hésitant pas à faire tourner le micro dans le public, plus que ravi. Ca mitraille dans tous les sens, la température monte aussi vite que les décibels. Le public ressort trempé mais souriant.
Hed(p.e)
L'ovni de ce festival est bien celui qui le cloture : les Américains de Hed(p.e). Avec son style indescriptible, entre metal, reaggae et hip hop, on peut dire que beaucoup de personnes ont fait le déplacement spécialement pour eux. On comprend vite l'engouement pour ce groupe : c'est éclectique, efficace et ça donne vraiment le sourire. L'alternance entre passage reggae/jazz/hip-hop et passages complètement hardcores est surprenante mais donne une dynamique électrisante aux morceaux et au public. La batterie et la basse sont ultra présentes et c'est ce qui donne son identité au quartet, capable d'enchaîner chaque rythmique avec aisance. Niveau voix, ça n'a rien à voir avec ce que l'on connait, il y a très peu de chant crié, c'est plutôt un flow de rappeur mais beaucoup de charisme et de prestance. Avec plus de vingt ans de carrière, les Américains ont su proposer une musique accessible et enthousiaste, et savent composer des setlists intelligentes qui font grimper petit à petit la chaleur et la puissance des riffs. Une belle exécution et un final en beauté pour cette sixième édition du Haunting The Chapel.