Avec la sortie de Will To Power, son onzième album - quatre ans après le costaud War Eternal - la machine Arch Enemy vient récemment de s'embarquer sur une nouvelle tournée européenne depuis le 12 janvier. Avec seulement trois dates prévues dans l'hexagone (Lyon, Toulouse et Paris), pas mal de fans s'étaient donné rendez-vous le 22 janvier à Toulouse, dans la belle salle du Bikini pour accueillir comme il se doit le groupe, quatre ans après son dernier passage en première partie de Kreator. Cette fois-ci, Arch Enemy est en tête d'affiche et le public toulousain s'est déplacé en masse pour accueillir les Suédois comme il se doit…
Wintersun
Mais pour l'heure c'est Wintersun qui est en phase de monter sur les planches. Dire que les Finlandais étaient attendus au tournant par une bonne grosse partie public du Bikini est un doux euphémisme tant le groupe a fait parler de lui l'année dernière, avec sa campagne de crowfunding pour l'album The Forest Seasons, qui a fait couler beaucoup d'encre et créé des débats chez les fans du monde entier… Ça discute dans l'assemblée sur cette "affaire" (50€ pour avoir l'album en mp3) mais pas mal s'accordent à dire que le dernier effort est quand même très bon !
Bref, suite à la récente blessure à la main du batteur Kai Hahto, remplacé par Rolf Pilve (Stratovarius), on était prêt à voir un Wintersun avec un line up un poil remanié. Mais à quelques minutes de la montée du groupe sur scène, on ne s'attendait pas à ce qu'un technicien nous annonce que le bassiste Jukka Koskinen serait lui aussi indisponible ce soir… En effet, l'homme est hospitalisé en raison de son état de santé, obligeant ainsi Wintersun à avoir recours à une bande sonore en guise de basse. La quatre-corde sera donc samplée pour ce set ! Aïe…voilà qui semble bien mal parti !
Et pourtant dès l'opener "Awaken From The Dark Slumber (Spring)", la bande à Jari Mäenpää va partir sur les chapeaux de roue en nous servant un bon gros metal des familles parfaitement maîtrisé et ô combien énergique. Ainsi, même s'il est clair que Wintersun n'invente pas spécialement la poudre au travers de ces compositions, il sait la faire parler ! A ce titre, force est de constater que le frontman Jari Mäenpää est un véritable showman sur scène, n'hésitant pas à haranguer le public (quitte à en faire parfois un peu trop) et de rivaliser en grimaces… Malgré tout, l'homme délivre des lignes de chant redoutables d'efficacité et de technique, alternant chant clair / chant hurlé ou profond sans aucune difficulté. Inutile de dire que l'audience toulousaine a vite été conquise par ce déferlement !
Qui plus est, avec un set d'une heure complète, Wintersun a eu la bonne idée de piocher deux morceaux de chacun de ses disques, histoire de faire un tour d'horizon plutôt complet de sa carrière, permettant ainsi aux fans d'en avoir pour leur argent ("Winter Madness", "Sons of Winter and Stars", "Battle Against Time"…). Et même si "Loneliness (Winter)" casse un peu la bonne dynamique mise en place dès le début du concert, il faut bien avouer que le groupe réalise une belle prestation ce soir et prouve – si besoin en était – sa terrible maîtrise technique : depuis qu'il a lâché la guitare au profit du p'tit nouveau Asim Searah, Jari Mäenpää a pu se concentrer pleinement sur son chant et la paire de gratteux Mäntysaari / Searah est hallucinante à l'image du solo de "Winter Madness" qui a scotché tout le monde dans le pit. Quelle giffle !
Au final, Wintersun a réussi un joli coup ce soir alors que ce n'était pas gagné avec l'absence inopinée du bassiste Jukka Koskinen et s'est payé un set plutôt intense sur la scène du Bikini. Le son était bon, les lights aussi… le cameraman qui a fait de très nombreuses prises de vues sur scène pendant ce concert aura pas mal de matière ! Un futur DVD live ou un clip seraient-ils en cours…? C'est bien possible…
Setlist Wintersun
Awaken From The Dark Slumber (Spring)
Winter Madness
Sons of Winter and Stars
Loneliness (Winter)
Battle Against Time
Time
Arch Enemy
Après une petite intro de rigueur afin de faire monter la pression dans un pit déjà bien en forme (ça pogote déjà sur "Ace of Spade" diffusé dans les enceintes du Bikini), Arch Enemy arrive en trombe sur le single mélodique "The World Is Yours" avec une bonne dose d'énergie. Le son est très bon et le décorum de la scène aux couleurs du nouveau méfait apportent une teinte particulière à ce début de show. Or, dès les premières minutes, on sent qu'Alyssa White-Gluz ne semble pas trop à l'aise, n'hésitant pas à demander au public de chanter sur les refrains…
Bref, la belle ne semble pas dans son assiette en ce début du set et avoue qu'elle a une grosse grippe depuis quelques jours… d'où sa fébrilité! Mouais, on a quand même du mal à y croire… D'autant plus qu'une fois les premières minutes passées, la vocaliste va se lâcher dès "The Race" et nous sortir l'artillerie lourde jusqu'à la fin du set avec la belle triplette "War Eternal", "My Apocalypse" et "Blood in the Water" qui fait du bien par où elle passe.
Le public lui, est aux anges. Répondant aux moindres sollicitations de la belle chanteuse, reprenant en chœur les refrains, force est de constater que l'audience a déjà toute acquise à la cause d'Arch Enemy… Le pit est en feu ! Et pour cause, le groupe est très bon ce soir et délivre un set parfaitement calibré (voire trop ?) qui remplit parfaitement le cahier des charges… parfois un peu au détriment de la spontanéité. Mais ne boudons pas notre plaisir, même si Alyssa White-Gluz n'a pas l'expérience scénique de ses illustres compères, elle maîtrise à merveille son sujet et n'a pas de mal à capter toutes les attentions de l'audience du Bikini.
De plus, Michael Amott et sa bande réalisent un sans-faute dans la conduite du show en alternant brûlots accrocheurs ("Ravenous", "We Will Rise" de la belle époque) et titres plus récents dans une veine mélodique.
Comme on pouvait s'y attendre la setlist laisse la part belle aux deux derniers albums d'Arch Enemy (War Eternal et Will To Power) sans s'attarder de trop sur l'ère Angela Gossow histoire de mettre en avant les morceaux de la belle Alyssa White-Gluz et de gérer doucement mais sûrement la transition. Mais qu'on ne s'y trompe pas : la nouvelle vocaliste a su reprendre à son compte les anciennes compositions en y intégrant sa propre personnalité.
Du coup, il faut bien avouer que le concert de ce soir passe comme une lettre à la poste, tant le groupe maîtrise son sujet, mais force est de constater que la machine aussi bien huilée soit-elle, est beaucoup moins percutante qu'il y a quelques années et ce, même si l'évolution artistique reste cohérente ("The Eagle Flies Alone", "Dead Bury Their Dead"…). En effet, on sent qu'Arch Enemy est devenu une grosse machine où tout est travaillé, millimétré, peaufiné… ce qui ne nous empêche pas d'en prend plein les mirettes et les cages miel !
En définitive, la bande à Michael Amott et Alyssa White-Gluz aura réalisé un sans-faute ce soir au fil d'un set certes calibré, mais redoutable d'énergie malgré un début en demi-teinte. Le groupe a su remporter tous les suffrages et prouve encore une fois qu'il faudra compter avec lui en 2018…
Setlist Arch Enemy
The World Is Yours
Ravenous
Stolen Life
The Race
War Eternal
My Apocalypse
Blood in the Water
You Will Know My Name
Bloodstained Cross
The Eagle Flies Alone
As the Pages Burn
Intermezzo Liberté
Dead Bury Their Dead
We Will Rise
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Avalanche
Snow Bound
Nemesis
Fields of Desolation
Outro