« La voie de la liberté »
S'il existe bien un style de metal se rapprochant au plus près de la dite liberté, c'est bien le black metal et ses dérivées atmosphériques, mélodiques et expérimentales. Ça, le groupe Der Weg Einer Freiheit l'a bien compris. A peine deux albums et quatre ans d'existence que le groupe se place déjà comme un bel espoir de la scène black metal allemande. C'est en cet été chaud qu'ils ont décidé de nous rafraîchir l'esprit avec « Unstille », leur nouvel album.
A première écoute, ça aurait pu être un de ces nombreux groupes dispensables de la scène sus-citée : Der Weg Einer Freiheit nous sert globalement un black metal brut et dans la plus pure tradition. Quelques éléments atmosphériques et mélodiques, de même que quelques breaks plus posés, nous feront tout de même tiquer. La production est bonne et plutôt adaptée à la musique ici proposée. Bref, cette première écoute ne vous semblera peut-être pas très intéressante : un jeu au poil, froid, rapide, linéaire, rien de neuf.
C'est en vous donnant la peine de réécouter cet album au casque que cette fameuse voie de la liberté commence à se tracer. Elle ne s'exprime pas par des expérimentations comme l'auraient tenté Enslaved ou Emperor, mais par une approche mélodique, parfois progressive, évidemment émotionnelle de leur musique. C'est ainsi que Unstille entame cette ascension fulgurante avec "Zeichen" et ses nappes atmosphériques, énigmatiques. Il est bon de noter que l'album ne dispose que de six titres pour une longueur totale d'une bonne grosse quarantaine de minutes. Des titres longs donc (le premier durera déjà plus de douze minutes), mais un voyage court.
Ce voyage sera d'autant plus court qu'on se laissera facilement aspirer par cet album et son vent de fraîcheur, de haine, de désespoir aussi, mais de liberté surtout. Hormis la construction particulièrement judicieuse de l'album (quatre chansons plus courtes, entre 4 et 8 minutes, encadrées par deux chansons plus longues, entre 10 et 13 minutes), l'approche de la musique, les ralentissements mélodiques, exprimant parfois un désespoir épique, nous permettent d'une part d'être plongé rapidement dans l'esprit même de l’œuvre, d'autre part de ne pas s'ennuyer tout au long de son écoute.
Vous l'aurez compris, les points fort de Unstille sont ses mélodies et sa mélancolie contagieuse. Les morceaux les plus représentatifs sont pour sûr "Vergängnis" et "Zerfall", concluant tous deux l'albums, tandis que "Nachtsam" nous proposera une vision progressive d'un black metal ici dénué de chant, marquant le travail de la musicalité et de la mélodie. "Zeichen", le titre d'ouverture, aura lui le mérite de nous plonger parfaitement dans l'ambiance sombre de l'album, sans nous ennuyer tout au long de ses 12 minutes et 27 secondes. Son introduction est d'ailleurs particulièrement prenante, malgré sa relative simplicité.
Les émotions différentes (principalement la haine et le désespoir) nous submergent régulièrement. Elles sont généralement exprimées soit par des breaks et des passages à la guitare clean évoluant progressivement ("Nachtsam"), soit par des riffs de guitares saturées particulièrement épiques, rapides, mélodiques, où la voix parfois se tait et laisse agir la magie des instruments. Mention spéciale pour Tobias S., batteur du groupe, à la dextérité assez impressionnante. La basse elle aussi se fait entendre sans être envahissante, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Très loin d'être une autre copie inintéressante de la scène black metal, Der Weg Einer Freiheit nous fait plaisir avec un Unstille froid, sombre, haineux, criant de désespoir, mais qui nous voit néanmoins ressortir heureux d'un tel voyage. Le groupe allemand ne signe peut être pas ce qu'on appellerait un chef d’œuvre, mais la beauté et la grandeur de ce disque pointeront le bout de leur nez au fil des écoutes. Un groupe très, très prometteur, aussi intéressant et dément en live que sur cd. A surveiller de très près !
Unna
7,5/10
Tracklist :
1. Zeichen
2. Lichtmensch
3. Nachtsam
4. Zu Grunde
5. Vergängnis
6. Zerfall