Johannes Eckerström (sujet du Roi) – Avatar Country

Passer un moment avec Johannes Eckerström, chanteur du groupe Avatar est toujours plein de surprises et cette nouvelle rencontre ne déroge pas à la règle. En ce début du mois de décembre c'est dans les locaux de Sony, à l'heure du déjeuner, que nous prenons place avec le frontman du quintette qui doit en théorie nous parler de leur nouvel opus, Avatar Country. Sauf que dans la pratique, les choses ne se sont pas déroulées comme attendu et nous avons donc décidé de vous raconter tout cela d'une manière différente.

Plongeons ensemble dans la vie du sujet du Roi.
 

C'est déjà la quatrième fois que nous nous entrenons avec Johannes Eckerström à La Grosse Radio Metal et dans le cadre des trois premières rencontres nous étions soit avant un concert (Eragny en 2014 et Le Trabendo en 2016) soit dans le cadre de la promotion de Feathers & Flesh en 2016. Quelques semaines avant la sortie officielle du septième album du quintette de Göteborg nous nous attendons à un échange classique même si le propos et le thème de l'album amènent à un questionnement un peu différent de d'habitude. La surprise commence toutefois dès que nous nous asseyons puisque Johannes Eckerström ne se présente pas comme l'homme derrière le micro mais comme un sujet du Roi, tout au plus un émissaire du Roi, envoyé à travers l'Europe depuis Avatar Country pour prêcher la bonne parole et faire de la propagande.

Avatar a surpris son monde en annonçant sans crier gare la sortie de son nouvel album seulement dix-huit mois après celle de Feathers & Flesh. Au vu du titre et du premier extrait dévoilé, "A Statue Of The King", on ne pouvait pas s'attendre à autre chose qu'à un nouveau concept-album, ce qui en fait le deuxième de suite, dans un esprit très disctinct. Le metal est une musique qui n'a pas peur de s'atteler aux concepts-albums que ce soit pour raconter une histoire venant d'une oeuvre existante (Blind Guardian avec Nightfall In Middle Earth), de faits historiques (Sabaton étant l'exemple le plus flagrant actuellement) ou encore une histoire complètement inventée (W.A.S.P. et son fameux The Crimson Idol, King Diamond avec Abigail ou encore Queensryche et son Operation Mindcrime). Avec Feathers & Flesh, Avatar se situait complètement dans cette dernière partie au moyen d'une fable écrite et inventée par Johannes Eckerström qui nous parlait d'une chouette dont le seul objectif est de tuer le soleil. Mais alors qu'est-ce qui a poussé Avatar à continuer dans cette voie du concept-album ? "J’étais un peu sceptique au début et puis en construisant l’album, j’ai très vite compris qu’il n’y a rien en commun entre ces deux albums donc ma peur a disparu. Feathers & Flesh est une fable, un conte alors qu’Avatar Country est une histoire vraie et on a pensé qu'il était temps de la raconter" nous confie le frontman.
 


Alors que la fable sur laquelle Avatar a écrit Feathers & Flesh a vu le jour quelques mois après la sortie de l'album, Avatar Country nous laisse beaucoup plus dans le flou avec pour seul écrit une note des émissaires du Roi nous vantant les mérites du pays et bien sûr la grandeur de Son Altesse. Où se situe ce pays ? Pourquoi n'entendons-nous parler de Avatar Country que maintenant ? Autant de questions pour lesquelles nous attendions des réponses et qui sont restés malheureusement sans réponses, "sur le plan géographique, il m'est très difficile de placer Avatar Country sur une carte même si je suis originaire de là-bas et que j’y vais très souvent. C’est un pays mais avant tout un état d’esprit", voici ce que le frontman a pu nous en dire.

Avatar Country est un album divergeant de son prédécesseur sur le plan musical et vocal. Introduit par "Glory To Our King" qui selon Johannes Eckerström "est à considérer comme l’hymne de notre pays choisi par notre Roi", cet album est rempli de surprises. On pourra citer notamment les deux morceaux instrumentaux qui concluent Avatar Country mais surtout "The King Speaks" qu'il nous indique être "un morceau qui nous est venu naturellement pour montrer à quel point le Roi est proche de ses sujets. Il prend la parole devant la foule pour parler de choses très importantes comme moins importantes et c’est pour cela qu’on a décidé de nous concentrer sur cette partie d’un discours qui parle de son transit intestinal".

Nous avons voulu en savoir un peu plus sur ce Roi mais les réponses de Johannes Eckerström dans son rôle de messager sont restées toutes aussi cryptiques. Néanmoins quelques éléments intéressants sur le rapport très mythologique de cette histoire et de la genèse de ce personnage sont présents : "si tu prends le morceau "King After King", il parle du rapport à l’immortalité du Roi. On ne sait pas exactement ce qu’il se passe pour qu’il soit toujours présent. Est-il immortel ? Est-ce qu’il se réincarne directement en adulte comme un phénix ? La Bible date d’il y a deux mille ans à peu près et en voilà une histoire de réincarnation qui aurait pu être calquée sur notre Roi ou même encore plus anciennement dans l’Egypte ancienne avec également des histoires de réincarnation. Il y a plusieurs traces historiques de ce genre qui peuvent nous faire remonter à notre Roi et son influence sur l’histoire du monde entier. Il existe aussi deux peintures quasiment identiques qui montrent le Roi périr sur l'une et victorieux sur l’autre d’une même bataille. Tout porte à croire que les deux événements ont eu lieu donc il y a beaucoup de questionnement à ce sujet."
 


Au-delà de l'aspect second degré et grotesque parfaitement assumé sur la genèse de ce Roi, nous sentons qu'Avatar est allé très loin dans sa réflexion pour nous proposer une histoire qui tient la route. Chaque morceau de l'album suit ce fil rouge qui est celui de nous offrir par de simples séquences un bout de la vie du Roi, du peuple et de ce pays. Nous avons cependant voulu demander à Johannes Eckerström pourquoi ce pays en 2018 est encore gouverné par une monarchie et non pas une démocratie. "Notre Roi a un taux de satisfaction de 100% auprès de la population, à quoi bon s’embêter à mettre en place des élections qui coûtent de l’argent et suppriment une après-midi, au minimum, de la vie de nos concitoyens ?", une réponse qui comme le reste de cette discussion nous aura bien fait rire et démontre à quel point le message que souhaite faire passer le groupe reste très important.

Pour la dernière partie de notre entretien avec le chanteur, nous avons voulu évoquer plus en détails l'évolution impressionnante du groupe depuis 2013. Quasiment inconnu du public pendant les dix premières années de sa carrière, Avatar a pris un énorme virage notamment après avoir assuré la première partie de Avenged Sevenfold en 2013 ce qui a propulsé le groupe en France au point de remplir un Trianon dans quelques semaines. A ce propos, Johannes nous raconte "ce qui fait notre succès vient de notre envie d’écrire une musique que nous aimons et que nous voulons entendre.  La vie de musicien est une vie de sacrifice alors je préfère faire de la musique que j’aime parce que sinon je peux avoir une vie normale et être une personne importante en conduisant une ambulance et en sauvant des vies, tu comprends ?". L'analogie vaut ce qu'elle vaut mais effectivement nous ne pouvons pas nier à quel point Avatar met un point d'orgue à proposer un show visuel et musical à son public. Avec le temps qui passe et les moyens qui augmentent, le groupe peut nous proposer de plus en plus de choses et nous sommes impatients de découvrir ce qu'il nous réserve.
 


Alors que le temps passe et que l'heure de la fin de notre tête à tête approche, nous n'omettons pas de demander à Johannes si, selon lui, l'aspect visuel aide aujourd'hui Avatar à séduire le public. "Je me sens plus en accord avec ce que nous sommes visuellement maintenant qu’il y a dix ans quand je portais une veste en cuir et un tee-shirt Judas Priest pour paraître metal. Notre manière d’être habillés sur scène, mon maquillage, notre manière de bouger et d’être sur scène, c’est aussi en adéquation avec la musique que nous créons pour garder une certaine ligne de conduite." C'était déjà marquant lors de notre précédente rencontre avec le frontman mais le décalage entre son personnage scénique qui ne tient pas en place et le calme de l'homme est toujours aussi saisissant.

C'est ainsi que se termine cet entretien avec Johannes Eckerström, Avatar Country est disponible depuis le 12 janvier dernier et on vous rappelle que vous pourrez applaudir Avatar au Trianon de Paris le 14 mars prochain ainsi qu'au Download Festival en juin prochain.



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