Elles reviennent après avoir vaincu le roi des enfers, ressorties du monde des morts avec un nouvel album comme calice pour recevoir l'immortalité cyclique en 33 tours.
Les premières secondes catalyseront espoir et angoisse. Il suffit d'un riff pour entendre qu'un changement s'est produit. Dans cet espace temps de quelques secondes les questions fuzzent. C'est qu'on l'avait adoré ce premier album qui a déboulé en France grâce à Specific Recordings. Une fraîcheur qui ne se limitait pas à son exotisme, un côté touche à tout qui allait au fond de chaque genre exploré (chronique de Nemesis), un charme certain généré par un amateurisme jamais approximatif. On aime suivre l'évolution des groupes, mais combien de fois est-ce au détriment de leurs premières naïvetés qu'on assiste à une simple complexification de la machine ?
Pour Necronomidol ce ne sera pas le cas. Ce qui saute aux oreilles c'est l'expérience qu'elles ont acquise entre les deux albums. Une tournée européenne en plus de leurs concerts sur leur terrain aura surtout apporté une maîtrise bien dirigée. L'album est maintenant lancé et dès le premier morceau on ne compte plus les idées. D'un riff heavy tout ce qu'il y a de plus épique arrive un beat où les voix développent des harmonies inattendues (entre les deux albums, les progrès de ce côté sont impressionnants) nous tirant jusqu'à un refrain dont elles seules ont le secret. Puissant, tubesque, mélodieux. Il y a un lyrisme qui éloignera d'emblée la facile comparaison avec Baby Metal, souvent faite par paresse face à la diversité des groupes que nous envoie ce fantasque pays. Et d'ailleurs si vous souhaitez approfondir vos connaissances, nous vous conseillons bien sûr les autres sorties du label mais également certains blogs dont Homicidols.
Soyons clairs, nos anti-idols sont on ne peut plus sérieuses et leur démarche n'est pas un déballement de références où le second degré sert de cache-misère au kitsch. La pochette est un excellent indicateur du ton. Le mélange des genres ne tient ni du crossover ni d'un syncrétisme dont on applaudirait la science.
Le disque coule en accordant la surprise au sentiment d'évidence. On retrouve "Skulls In The Stars" et sa rythmique pop infernale, avant de se prendre une charge heavy avec "Kresthanatoio" où les voix et leurs entrelacements se partagent la force épique des guitares. Elles se sont laissées huit titres pour montrer l'étendue de leur faculté d'exploration. Il n'en faudra pas plus pour être convaincu, et si besoin est "Hexennacht" viendra ponctuer le disque avec une douceur mortuaire et gothique toute de piano draculéen.
Bien évidemment elles ne nous laisseront qu'un répit relatif avant de nous emporter à nouveau dans un tourbillon de tubes où le rythme ne permettra pas de reprendre son souffle. C'est là qu'on sent plus que jamais l'apport de leur expérience de scène.
Ce n'est pas un disque, c'est un sprint effréné contre la mort avec un bpm qui fera faire une crise cardiaque à Satan lui-même. Une grande messe menée par une chorale d'anges troubles accompagnée de musiciens cerbères. Deathless est un antidote sinon contre la mort, au moins contre l'ennui et la prévisibilité.
Sortie le 5/01/2018 en vinyle chez Specific Recordings.