Entretien avec Douwe Truijens, chanteur de Death Alley


Les Hollandais de Death Alley, que vous avez peut-être eu la chance de voir aux côtés de groupes comme Kadavar, The Shrine ou encore Dirty Fences sortiront leur deuxième album, Superbia, chez Century Media Records le 23 mars prochain. A cette occasion, nous avons rencontré Douwe Truijens, chanteur du groupe qui nous en dit un peu plus sur ce nouvel album qui s’inscrit comme une suite logique de leur précédent opus Black Magick Boogieland.

Ma première question concerne le nom de votre groupe, car Death Alley est également le nom du sixième album du groupe Zeke. Est-ce que c’est une sorte d’hommage fait au groupe ?

Douwe Truijens : Oui on peut dire ça même si ce n’est pas réellement un hommage car nous ne voulons pas sonner exactement comme eux. Mais c’est un excellent groupe et nous n’aurions jamais choisi ce nom sans leur existence. Je pense juste que lorsque nous avons décidé de nommer notre groupe Death Alley cela a commencé à avoir un sens.

Votre prochain album Superbia sortira le 23 mars prochain. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet album ?

Douwe Truijens : Si on revient sur notre premier album Black Magick Boogieland, on peut dire que celui-ci parlait du fait d’être attiré ou séduit par un nouvel univers parallèle. Il parle vraiment d’une invitation et Superbia et la suite logique. Il parle de ce qui se passe après avoir accepté cette invitation et être entré dans ce nouveau monde où vous découvrez toutes ses bassesses mais aussi toute la joie que vous procure ce périple.

J’ai eu la chance de pouvoir écouter Superbia. On peut dire qu’on y retrouve vos influences punks sur des morceaux comme "The Chain", "Shake the Coil" ou encore "Murder your dreams" qui sont assez courts et énergiques. Mais l’album commence et termine par des chansons d’environ dix minutes où l’on peut entendre des sons bien plus psychédéliques et même progressifs mélangés à votre style punk hardcore très rentre-dedans. Vos autres chansons sont aussi plus longues que sur Black Magick Boogieland. Comment en êtes-vous venu à cette évolution ?

Douwe Truijens : Je pense que ça s’est fait naturellement et que cela tient aussi du fait que nous ayons deux nouveaux membres dans le groupe. Ils ont apporté des choses différentes à notre musique. Mais je pense aussi que dès les débuts de Death Alley, nous ne nous sommes jamais restreints à une seule manière de jouer ou à un seul genre musical. Le punk rock est bien inscrit dans notre ADN et y sera probablement toujours mais nous nous sentons également libre de pouvoir y ajouter les influences de ce que nous aimons écouter. Et des fois, cela nous amène à faire des chansons de près de dix minutes mais nous ne voulons pas les réduire car c’est là que la musique nous a amenés. Et des fois, nous réussissons à faire passer ce que nous voulons en trois minutes et il n’y a pas besoin de plus. Et pour revenir à votre question, je pense que c’est juste l’évolution naturelle après Black Magick Boogieland. Nous écrivons un nouveau chapitre dans lequel nous avons su élargir nos horizons grâce à la musique que nous écoutons.
 

Et quelle a été votre partie préférée dans le processus de création de cet album ? Le composer, l’enregistrer ou êtes-vous pressés de le jouer en live ?

Douwe Truijens : C’est le jouer en live qui est la chose la plus importante pour moi. Bien sûr, il y a différentes étapes dans la création d’un album et je dois dire que tout le processus de création de cet album n’a pas été forcément facile et remplie de joie et cela se reflète dans certains des thèmes que nous abordons, ainsi que dans les sonorités de certains morceaux. Cela a été assez difficile d’en arriver là où nous en sommes donc je pense que l’une de mes parties préférées dans la création de cet album est de l’avoir terminé. Mais jouer les chansons en live pour moi est la partie la plus incroyable et gratifiante lorsque l’on joue dans un groupe. Donc, après avoir joué les chansons de Black Magick Boogieland pendant quelques années, je suis vraiment pressé de pouvoir jouer les chansons de ce nouvel album sur scène. C’est vraiment la partie la plus satisfaisante pour moi.

Et avez-vous choisi les chansons que vous voulez jouer en live ?

Douwe Truijens : Toutes ! Oui nous voulons toutes les jouer et bien sûr, ce ne sera pas possible de jouer toutes les chansons à chaque concert mais je veux pouvoir toutes les jouer et choisir celles que je veux jouer quand l’envie me vient.

Vous êtes beaucoup partie en tournée avec des groupes comme The Shrine, Kadavar ou encore Dirty Fences. Quelles sont vos plus beaux souvenirs de tournée ?

Douwe Truijens : Je pense que pour moi le meilleur souvenir commun à toutes ces tournées est la camaraderie. Je pense que c’est la chose la plus importante lorsque l’on joue dans un groupe et cela s’applique aux tournées également. Jouer avec The Shrine et Dirty Fences a été la première chose qu’on ait faite avec Death Alley et nous n’avions pas encore sorti quoi que ce soit mis à part une démo mal enregistrée avec deux chansons dessus. Le fait, que nous connaissions un peu ces mecs et que nous puissions faire partie de leur tournée et devenir un groupe grâce à cette tournée était tellement palpitant et inspirant à ce moment précis. Puis, trois en plus tard, cela a été quelque chose de complètement différent de pouvoir jouer avec Kadavar. Les concerts sont plus gros. Nous nous étions déjà un peu fait un nom. Nous jouions un répertoire que nous connaissions par cœur. Et le fait de jouer sur des scènes plus grandes et de pouvoir rencontrer un public différent a été quelque chose d’énorme pour nous à ce moment. Mais je pense qu’avant tout, les meilleurs souvenirs sont ceux de la camaraderie qui s’est créée entre nous. Être les rois de la route et ne pas avoir affaire aux réalités des autres gens. Profiter de la bulle de la tournée dans laquelle nous étions.

Et y a-t-il un endroit en particulier où vous avez aimé jouer ?

Douwe Truijens : Il y a quelques endroits où l’on se sent vraiment comme à la maison. Certains endroits en Allemagne comme la Bavière ou Berlin. Mais je dois dire que nous n’avons pas eu souvent l’occasion de venir jouer en France très souvent. Mais jouer en France et voir tant de nouveaux visages nous donne tellement d’énergie positive. Oui explorer de nouveaux endroits et revenir dans des endroits où vous avez déjà joué est une dichotomie que j’aime énormément dans les tournées.

J’ai vu que vos prochains shows seront en Allemagne et au Pays-Bas. Est-ce qu’on aura l’occasion de vous voir en France bientôt ?

Douwe Truijens : Oui, absolument. Notre première tournée pour Superbia sera en mai. Et nous jouerons avec Honeymoon Disease, un groupe de Göteborg. Il y aura quelques dates françaises sur cette tournée, et nous les posterons bientôt, donc gardez les yeux ouverts.

Une question qui peut paraître difficile. Si vous deviez choisir seulement un mot pour définir Death Alley, quel serait-il et pourquoi ?

Douwe Truijens : « Non conformiste ». J’ai choisi ce mot parce qu’avant je n’avais jamais ressenti tant de liberté que ce soit dans la musique ou les paroles. Nous ne nous accrochons pas à un style particulier, nous allons là où notre cœur nous mène. Nous sommes aussi peu conventionnels du fait que nous mélangeons différents styles de musique qui n’avaient peut-être pas été mélangés avant. Nous créons des sonorités nouvelles mêmes si nos influences sont vieilles. Et pour moi, personnellement, entrant dans la vie d’un membre de groupe est quelque chose de complètement différent de mon moi plus jeune. Ça a toujours été un rêve de jouer de la musique mais la vie en tournée et être loin de chez soi et entrer dans un monde d’enthousiasme combiné à de l’incertitude va vraiment à l’encontre de ma nature première. Donc, en ce sens, être dans Death Alley a quelque chose de « non conformiste » pour moi.

Une autre question, mais qui n’a absolument rien à voir avec la musique. Je pense qu’on arrive bien à cerner la personnalité des gens à travers leurs lectures. Donc que lisez-vous en ce moment ?

Douwe Truijens : Ma réponse n’a rien à voir avec le fait que vous soyez française, mais un de mes auteurs préférés parmi les livres que j’ai lus récemment est Louis Ferdinand Céline. Ce qui me saisit dans son style c’est l’amertume mais aussi à quel point il peut être vif d’esprit. Il fait une critique de la vie en général et de la société qui est très acérée. Il avait une vision littérale de ce qui se passait et pointait du doigt des choses qui étaient très étranges et malsaines à son époque. J’ai beaucoup aimé lire ses livres et je pense que Céline pourrait être vu comme le punk rock littéraire de son temps.

Une dernière chose qui n’a rien d’une question. Vous étiez au Dunajam l’été dernier, et j’ai un message à vous faire passer de la part d’amis qui vous y ont vus. Death Alley a été leur belle découverte du festival et ils tenaient à vous le dire.

Douwe Truijens : C’est super cool d’entendre des choses comme ça. Merci de passer ce genre de message. Cela représente beaucoup pour nous. Jouer au Dunajam a été un de nos moments les plus marquants pour Death Alley et pour moi personnellement. La façon dont tout s’assemble sur cette plage, quand la pénombre se fait petit à petit, l’énergie et la musique deviennent de plus en plus grandes. C’est une expérience que j’emporterai avec moi dans la tombe de la façon la plus positive. Donc je suis vraiment très heureux de vous entendre dire que notre musique ait atteint les gens qui étaient sur place.

Oui, cela doit être un endroit très particulier pour jouer. Il y a peu de gens et ceux qui viennent voir ces concerts sont dans un état d’esprit différent que celui qu’on peut avoir dans d’autres festivals. L’atmosphère est tellement différente.

Douwe Truijens : Oui, absolument. Les gens qui viennent et ceux derrière le Dunajam disent que ça n’est pas un festival. On peut voir ça plutôt comme une conférence ou quelque chose du genre. La seule similarité qu’il y a avec un festival c’est la musique live. Mais le temps que vous pouvez prendre pour voir ou jouer un concert et les gens gravitant autour, ainsi que les différents endroits où jouer me font penser à ce que j’ai pu dire pendant notre concert. Tout ça représente exactement l’atmosphère que nous voulions donner à Black Magick Boogieland. On créé notre propre univers parallèle. Les gens qui y vont ont l’esprit léger et se créent leur propre monde.


Interview : Eloïse Morisse



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