Si le metal US proposé par Pop Evil a mis plus de dix ans à véritablement percer sur le marché européen, le quatuor a fini par y trouver son public, et jouit aujourd'hui d'une belle renommée sur notre continent. Dix sept ans après leur formation, ils décident de publier en cette année 2018 leur album éponyme, signe d'un groupe à l'aise dans ses baskets et sûr de son identité.
Le sympathique et très loquace chanteur Leigh Kakaty ne dit d'ailleurs pas autre chose dans l'interview qu'il nous a accordée ; il n'a jamais été autant confiant sur sa musique. Produit d'une main de maître par Kato Khandwala (My Chemical Romance, The Pretty Reckless, Paramore...), Pop Evil bénéficie d'un son larger than life qui ne souffre d'aucune faiblesse. Onze titres pour environ 45 minutes, les natifs du Michigan vont droit à l'essentiel, beaucoup de morceaux étant encore une fois calibrés pour les radios.
On retrouve donc naturellement tout leur savoir-faire pour nous balancer quelques hits bien sentis, à l'instar de "Walking Lions", "Be Legendary", ou encore "When We Were Young"... Nous pourrions en fin de compte citer la quasi-intégralité du disque tant les Américains maîtrisent leur sujet. A noter, le bon travail réalisé derrière les fûts par Hayley Cramer, arrivée en 2016 en remplacement de Joshua Marunde.
L'ambiance de Pop Evil ne renoue pas avec l'aspect sombre d'Onyx - écrit au moment du décès du père de Leigh - mais reste plutôt dans la continuité de ce qui avait été réalisé avec Up, à savoir un disque porté par une énergie positive. La grande particularité de ce nouvel opus vient en réalité de l'articulation de sa tracklist. La première partie, puissante, lorgne très clairement vers le metal, le groupe y développant ses tonalités les plus heavy. Mais dans un second temps, Pop Evil dévoile une autre facette de sa personnalité, beaucoup plus pop, la longue "Nothing But Thieves" faisant office de transition entre ces deux mondes.
Il serait néanmoins injuste de réduire cette dernière à ce simple rôle, car elle est probablement la meilleure chanson ici, et accessoirement le titre le plus long jamais écrit par la formation, du haut de ses six minutes. Son introduction atmosphérique inquiétante se voit suivie par un couplet au feeling presque indus', qui débouche sans crier gare sur un refrain aérien au doux parfum de Foo Fighters du plus bel effet. Ajoutons à cela un break faisant la part belles aux guitares tranchées, et vous avez là un ovni qui fait du bien!
Une deuxième partie très pop donc, "A Crime To Remember" et "When We Were Young" évoquant par exemple beaucoup plus Imagine Dragons que n'importe quel groupe de metal. La ballade acoustique de rigueur "Rewind" (classique mais au très joli refrain), le bluesy "God's Dam" et un "Birds Of Prey" très convenu finissent d'acter ce choix particulier, pouvant laisser sur le côté ceux qui préfèrent l'aspect plus rentre-dedans de la bande.
Quand bien même l'absence de réelle prise de risque dans les compositions est dommageable, le groupe joue toutefois mieux que jamais sa partition. La sensation d'écouter un album en deux parties (metal puis pop), désarçonnante au début, finit par participer au charme de l'ensemble. Pop Evil ne devrait au final pas décevoir ses fans avec cette nouvelle sortie, et va même certainement en gagner de nouveaux!
Note réelle : 7,5
Sortie le 16 février 2018 chez eOne Music