Moins connus que leurs voisins nordiques en matière de metal, les pays méditerranéens ont tout de même des arguments à faire valoir. La preuve avec la Grèce, qui nous envoie Unique, le troisième album du groupe de metal progressif Poem, dont le premier opus était selon le Metal Hammer grec "l’un des meilleurs albums de la scène metal grecque jamais sorti".
Un metal progressif et mélodique carré qui n’a rien à envier aux grosses productions américaines, c’est ce que propose le groupe grec Poem, qui vient de publier son troisième album Unique, dans la continuité de ses deux premiers opus, The Great Secret Show, sorti en 2009, et Skein Syndrome, sorti en 2016.
Le groupe présente ici un résultat honnête : les mélodies sont énergiques, les arrangements efficaces, la technique carrée. Les quatre musiciens restent dans un registre ultra mélodique, qui fait la part belle aux ambiances atmosphériques tout en ménageant de la place aux passages plus directs comme aux moments plus calmes. L’ensemble est bien construit, fluide et offre une certaine cohérence.
Si le dossier de présentation du groupe évoque des ressemblances avec A Perfect Circle, Tool ou encore Alice In Chains, l’écoute de l’album renvoie aussi à la scène post hardcore et au heavy rock des années 2000, Shinedown, Seether ou Alter Bridge. On peut même y trouver du Deftones, voire par moments du Biffy Clyro pour certains arrangements et la tendance à mélanger metal, rock alternatif et certains éléments plus pop.
On sent que les Grecs ont été inspirés par toute la scène metal alternative des années 2000, et c’est aussi la limite de l’album : cela ressemble beaucoup à ce qui se faisait il y a quinze ans, que ce soit dans la façon dont Laurence Bergström fait sonner les guitares ("Four Cornered Gold", "Unique") ou dans le travail des chœurs et des refrains, même si sur ce point le groupe essaye parfois d’innover, comme dans le titre par ailleurs assez convenu "Four Corenered Gold". Les soli de guitare sont honnêtes mais pas vraiment transcendants, la basse de Takis Fitos et la batterie de Stavros Rigos font leur travail efficacement mais ne se distinguent pas réellement.
Le chanteur et co-fondateur du groupe Girogos Prokopiou souffre un peu du même défaut : sa voix est correcte et agréable à écouter, mais ne possède pas non plus de caractéristique exceptionnelle. Son chant sur "Discipline" rappelle une dizaine de morceaux existants, et certains passages dans les aigus, comme sur le morceau d’introduction "False Morality", laissent parfois à désirer. Etrangement, sa technique vocale semblait plus aboutie dans les deux albums précédents, même s’il arrive dans celui-ci à apporter suffisamment de nuances et de variations pour ne pas sombrer dans la monotonie.
La critique est d’ailleurs valable pour l’ensemble de l’album : ses deux prédécesseurs semblaient avoir plus de personnalité, en incorporant notamment de discrets motifs mélodiques évoquant leur pays d’origine. Unique, en dépit de son titre, est plus convenu, même si certains passages démentent cette sensation. Le morceau "Euthanasia" est probablement celui qui se démarque le plus, en incluant des riffs plus lourds que sur les autres titres, des arpèges inattendus ou du scream complètement absent jusque-là.
L’album convaincra les amateurs de metal progressif et mélodique par son efficacité et la solidité des compositions. Mais il ne révolutionne pas le genre, et peu de titres se démarquent véritablement. Si Unique n’a pas de défaut majeur et s’écoute avec grand plaisir, les Hellènes gagneraient à prendre plus de risques pour se démarquer et faire reconnaître leurs qualités.
Tracklist
1- False Morality 04:25
2- My Own Disorder 05:45
3 - Four Cornered God 07:45
4- Discipline 05:10
5- Euthanasia 05:37
6- Unique 06:42
7- Brightness of Loss 07:52
Sorti le 23 février 2018 chez ViciSolum Productions