Nightwish – Decades

 

Cet article n'a pas pour but d'analyser dans le détail l'album Decades, mais de présenter une vision objective de vingt ans de carrière qui ne peuvent être résumés, d'une façon ou d'une autre, dans ces quelques lignes. Il s'agit simplement de replacer cet opus dans le contexte qui l'a amené à être abouti.

Quoi qu’en dise Tuomas Holopainen, Decades est un best-of, une compilation de morceaux ayant marqué chaque âge du groupe finlandais, du plus récent au plus ancien : deux heures vingt de Nightwish, vingt-deux morceaux remastérisés. Aucun opus n’est laissé de côté, avec même quelques surprises lors des derniers titres, comme la voix de Tuomas, ô combien rare et le premier morceau de leur carrière.

En l’écoutant d'une traite, cette compilation de deux albums surprend par cette façonnante expression musicale qui provoque un choc : quel chemin parcouru durant ces deux dernières décennies ! Orchestration, structure, maturité, le groupe n’a jamais cessé d’évoluer.

Trois chanteuses, trois bassistes, deux batteurs, Nightwish aura vu en vingt ans de carrière un line-up remanié au fil des envies de son compositeur principal. Tantôt Tarja, qui était l'image de la bande alors que Tuomas en était l’âme, tantôt Anette avec cette voix de conteuse qu’ils recherchaient... mais des circonstances plus ou moins floues ont acté son départ pour un timbre plus proche de l’originel : la non-moins talentueuse Floor Jansen (2012).

Pourtant, Tuomas le consent, chaque album de Nightwish est une épopée différente, atteignant un sommet avec Imaginaerum en 2011 (attention, nous n’avons pas dit « le » sommet) et ce côté onirique et orchestral tellement bien utilisé.

Puis le heavy reprend sa place, avec un Endless Forms Most Beautiful (2015) plus percutant et rythmé. Quand bien même son dernier morceau, une oeuvre d’art à lui seul, se différencie de ses pairs.

Alors, où en sommes-nous aujourd’hui avec la bande qui fait office de leader dans le domaine du metal symphonique ? En même temps que l’officialisation de Floor (été 2013), Troy Donockley et ses parties folkloriques tout droit sorties de la fête de la Saint Patrick, a également été propulsé membre officiel de la bande. D’ailleurs, son arrivée lors de l’enregistrement de Dark Passion Play (2007) a libéré une nouvelle facette de l’esprit de composition de Tuomas, alternant les morceaux metal avec des titres plus folk, voire pagans.

Chaque membre apporte avec lui ses caractéristiques. L’évincement de Sami Vänskä après l’album Oceanborn (1998) laissa la porte grande ouverte à un certain Marco Hietala, alors musicien pour le groupe Tarot. La voix de ce dernier ne laissera pas Holopainen indifférent, le claviériste justifiant que celle-ci doive se placer en parallèle, et même en duo, avec celle de Tarja Turunen. De là naissent des tubes comme "Dead To The World" ou "Ever Dream".

Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et malgré la reprise de "The Phantom of The Opera", qui fera mouche lors du concert enregistré à la Hartwall Arena de Helsinki en 2005, une lettre ouverte de la bande demandera à Tarja de passer son chemin, de se concentrer sur ses projets solos.

Pourtant, ce n’est pas faute de l’avoir prévenue, en attestent les textes de Tuomas sur l’album qui a suivi, dans le morceau "Bye Bye Beautiful" :

"As-tu déjà entendu ce que je te disais ?
As-tu déjà lu ce que je t’écrivais ?
As-tu déjà écouté ce que nous jouions ?
As-tu déjà prêté attention à ce que le monde disait ?
Sommes-nous allés si loin pour ne ressentir que ta haine ?
Avons-nous joué pour ne devenir que des pions dans la partie ?
Es-tu si aveugle que ça, ne vois-tu pas ?
Tu as choisi la route la plus longue, mais nous t’attendrons
Au revoir ma belle"

S’en suivra alors un casting pour trouver la perle. Les essais se terminent avec l'intégration de la Suédoise Anette Olzon, avec une démo disponible ici sur le titre "Ever Dream":

Une tournée mouvementée s’ensuivra (2008) : le Dark Passion Play Tour, la plus grosse tournée à ce jour pour le groupe finlandais. Deux ans, 199 concerts programmés, dont deux sold-out au Zénith de Paris. Cette tournée sera également celle où la bande est passé à deux doigts du concert avec un orchestre complet, mais l’endroit que Tuomas désirait était déjà réservé pour des années à l’avance. Celui-ci a donc dû se résigner. Dix ans plus tard, ce rêve est toujours actif, en atteste notre récente interview de Tuomas Holopainen.

Mais qu’importe, les choses ont tellement changé depuis leurs débuts en Finlande. Aujourd’hui, Nightwish est une grosse machine, attirant les spectateurs dans les salles et offrant toujours des concerts de qualités et étudiés. La barre est donc mise très haute cette année avec le Decades World Tour, une tournée pour fêter le vingtième anniversaire d’une bande de musiciens gravitant autour d’un seul homme.

Mais pour combien de temps encore ? La récente création du groupe Auri, avec Troy Donockley et Johanna Kurkela, épouse de Tuomas, fait office de retour aux sources. En effet, l’album Auri s’écoute comme une évolution de "Nightwish", pas le groupe non, mais bien la première composition de son claviériste, le titre même "Nightwish", figurant sur l’album Decades, pour rappeler à chacun d’où ils viennent... et où ils vont ...


 

Nightwish - Decades

Sorti le 9 mars 2018 via Nuclear Blast

Tracklist :
 

CD 1

"The Greatest Show on Earth" - 24:00
"Élan" - 4:48
"My Walden" - 4:38
"Storytime" - 5:22
"I Want My Tears Back" - 5:07
"Amaranth" - 3:51
"The Poet and the Pendulum" - 14:00
"Nemo" - 4:36
"Wish I Had an Angel" - 4:06

CD 2

"Ghost Love Score" - 10:02
"Slaying the Dreamer" - 4:32
"End of All Hope" - 3:55
"10th Man Down" - 5:24
"The Kinslayer" - 3:59
"Dead Boy's Poem" - 6:47
"Gethsemane" - 5:22
"Devil & the Deep Dark Ocean" - 4:46
"Sacrament of Wilderness" - 4:12
"Sleeping Sun" - 4:01
"Elvenpath" - 4:40
"The Carpenter" - 5:58
"Nightwish" (Demo) - 5:54



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