Entretien avec Al Jourgensen, leader de Ministry

A l’occasion de la sortie le 9 mars prochain du très attendu nouvel album AmeriKKKant de Ministry, nous avons eu la chance de pouvoir discuter avec Al Jourgensen, leader charismatique du groupe. C’est un Al remonté à bloc que nous avons rencontré. En effet, ce nouvel album composé de neuf titres liés comme longue complainte, retrace le cauchemar éveillé qu’il vit depuis l’élection de Donald Trump par le peuple américain. Al Jourgensen nous parle de son sentiment d’incompréhension totale face au monde qui l’entoure et à la crédulité de ses compatriotes. Avec AmeriKKKant, il se sert de la musique pour faire passer un message et extérioriser les pensées qui se bousculent dans son esprit, c’est pourquoi cet entretien tournera plus autour des idées politiques et sociales d’Al Jourgensen que de sa musique.

 

Votre nouvel album sortira chez Nuclear Blast le 9 mars prochain. Vous l’avez intitulé AmeriKKKant avec les lettres KKK qui nous font penser directement au sigle du Klu Klux Klan bien mises en évidence. Pourquoi avoir choisi un titre si chargé de sens politiquement parlant ?

 

Al Jourgensen : Eh bien, à cause de la montée évidente de l’extrême droite et du fascisme tout autour du globe et pas seulement aux Etats-Unis. Si on regarde les nouveaux gouvernements en Egypte, en Turquie, en Russie, aux Philippines, en Autriche, en Pologne, ici aux Etats-Unis… Et même chez vous en France où Marine Le Pen est arrivée au deuxième tour des élections, mais heureusement vous n’avez pas été assez stupides pour plonger dans cette merde, les idées extrêmes ont la part belle un peu partout. Le KKK refait surface, le fascisme et l’extrême droite font leur retour comme dans les années 1930. Mais c’était aussi l’époque où les mouvements antifascistes ont fait leur apparition pour contrebalancer tout ça. Dans les années 30, nous avons eu Hitler, Mussolini, Franco et d’autres. C’est l’Histoire qui se répète et les gens doivent se lever et dire « Non, nous ne voulons plus de ça ! »

 

Mais pensez-vous que les gens sont vraiment prêts à dire non ? Les gens n’ont plus peur de dire qu’ils ont des idées extrêmes et nationalistes ou de dire qu’ils sont ouvertement racistes.


Al Jourgensen : C’était la même chose dans les années 30, puis pendant une partie des années 60 et 90. Pour moi, le fascisme est comme l’herpès. Une fois que vous avait chopé un bouton d’herpès, le germe coule dans vos veines et il ne vient pas vous gratouiller jusqu’au moment où vous avez une poussée. Là, vous devez aller chez le médecin, prendre quelques médicaments, boire du jus de cranberry, vous reposer et l’herpès finit par partir. Ce que je veux dire, c’est que si on compare le fascisme à l’herpès, on ne le prend pas tant au sérieux. Ce n’est pas la fin du monde. C’est arrivé dans le passé et il a suffit que des gens tapent du poing et disent « Non ! C’est de la pure connerie ! ». Puis, on n’en entend plus parler pendant 20 ou 30 ans. Le problème, cette fois, malgré le fait qu’on ait des mouvements de résistance, c’est que les gens sortent de leur placard et clament leurs idées répugnantes. Aujourd’hui, nous avons un président qui est ouvertement fasciste. Il l’était avant d’être président, mais il ne nous le crachait pas à la figure comme maintenant. Dans les années 20/30, il y avait déjà des mouvements antifascistes. Les gens savaient ce que c’était d’être antifascistes et ont fait de leur mouvement, un mouvement de valeur. Mais aujourd’hui, il nous manque des gens derrière qui nous rassembler et dire « Ne vous inquiétez pas. C’est arrivé dans le passé et nous avons su résister. » Nous avons surtout besoin d’éduquer les gens pour que le fascisme disparaisse. Cela a été le cas dans les années 30 et les années 60, mais aujourd’hui la différence vient aussi du fait que nous avons épuisé notre planète. Nous avons cherché à faire un maximum de profit sans penser au lendemain. Notre planète commence à tousser et à être malade. Mais les gens se concentrent sur le ping pong politique entre la droite et la gauche alors que notre planète ne sera bientôt plus capable de répondre à nos besoins que la droite ou la gauche soit au pouvoir. Nous allons devoir commencer à parler de choses bien plus importantes et heureusement en Europe vous êtes bien plus avancés que nous sur les questions écologiques alors que chez nous Trump et les 1% de la population qui détiennent la richesse essayent encore de voir quel profit on peut tirer de notre pauvre planète. Le fait qu’il n’y ait pas encore assez de panneaux solaires ou d’éoliennes ou autres moyens d’utiliser des énergies renouvelables comme en Europe et particulièrement dans les pays scandinaves, c’est qu’ici ces 1% sont encore là à se demander comment faire pour tirer un pauvre dollar des énergies fossiles. Ils se battent pour savoir qui sera le propriétaire de tous les moyens de créer de l’énergie tout en continuant à tuer notre planète à petit feu au lieu de vouloir la sauver. Voilà ce qui déconne aujourd’hui, et c’est ce dont parle cet album. Techniquement parlant, Trump n’a rien à voir avec tout ça. Oui, c’est un idiot, un raciste, un misogyne, un violeur, un nazi, … tout ce que vous voudrez. Mais la situation dans laquelle nous sommes actuellement n’a rien à voir avec lui en particulier, c’est le système dans lequel nous sommes empêtrés qui a fait que les gens se sont dit que ce serait une bonne chose d’élire une telle personne. Cet album est juste un miroir ou même un aperçu de notre société que les gens vont regarder et se dire « Voilà où nous en sommes mais est-ce vraiment là où nous voulons être ? Et que pouvons-nous faire pour changer tout ça ? ». Il n’y pas de réponse dans cet album, ce n’est qu’un aperçu de notre situation et peut-être un élan qui fera que les gens se demanderont où ils veulent aller ensuite.
 


Et ne pensez-vous pas que Trump n’est qu’une marionnette du système actuel ?
 

Al Jourgensen : Tout à fait, mais ils ont pris une marionnette défectueuse car il a vraiment l’impression que c’est lui qui décide ! Ils ont choisi la marionnette la plus stupide depuis Reagan ! Ce mec pense qu’il à le contrôle et il est complètement fou !

 

Vous avez mentionné les années 60/70 et les mouvements de résistance. Je pense que l’on peut vous mettre dans la catégorie des chanteurs protestataires. Avez-vous été inspirés par des paroliers tels que Dylan et Guthrie ?
 

Al Jourgensen : Vous savez… En réalité je déteste être le chanteur, donc je n’ai pas vraiment de gens qui m’ont inspiré. Pour moi, les gens que je pourrais voir comme des sources d’inspirations pourraient être Jaz Coleman de Killing Joke, Captain Beefheart. Je ne veux pas être l’inspirateur. Je préfère produire. Si j’avais été dans un groupe comme Led Zeppelin, j’aurais été Jimmy Page. J’aurais produit et joué de la guitare et j’aurais laissé Robert Plant sur le devant de la scène. Je déteste être le chanteur. J’aime faire ressortir un message mais j’aurais préféré le faire dans un livre. J’aime écrire des paroles mais je n’aime pas me produire sur scène et chanter. Je pense que c’est ce que j’aime le moins dans mon métier.

 

D’ailleurs, je voudrais un peu plus parler du processus de création de ce nouvel album. Il est composé de neuf pistes liées entre-elles, ce qui nous donnent l’impression d’avoir un seul et unique morceau. La façon dont cet album est organisé et la façon dont les paroles sont écrites m’ont fait penser à une écriture sous la forme du courant de conscience, voire même à de l’écriture automatique. C’est comme si vous aviez voulu cracher tout ce qui encombrait votre esprit. Et je me demandais combien de temps vous avez mis à écrire cet album et comment s’était passé tout le processus de création jusqu’à l’enregistrement.
 

Al Jourgensen : C’est marrant que vous posiez cette question car oui c’est un peu comme si cet album était un document retraçant six mois de ma vie. Et en ce qui concerne l’écriture et tout le côté production, c’est comme je l’ai mentionné précédemment. C’est comme si je tenais un miroir ou donnais un aperçu aux gens de ce qui m’est arrivé. Cet album est très autobiographique. Comme un photographe ou un écrivain, je voulais créer un récit. En un mot, c’est le genre d’album qui ne va absolument pas se vendre et que les gens vont détester car les gens veulent de courts extraits sonores, et des chansons accrocheuses et entraînantes qu’ils auront écouté en trois minutes ce qui leur permettra de retourner surfer sur internet, avoir plus de « LIKES » et partager des vidéos débiles de chats qui jouent du piano. C’est bien plus important que toute la merde dans laquelle nous nous trouvons ! C’est un peu un anti-album. En un sens, on peut le voir comme un récit et donc plus comme un livre que comme un album musical.

 

Cela me mène à ma question suivante. Pensez-vous qu’aujourd’hui la musique est toujours un bon moyen pour faire passer un message ? Ou pour vous les gens ne font qu’écouter d’une oreille distraite, vont parfois être d’accord sur le fond du message mais n’agiront pas pour faire évoluer les choses ?
 

Al Jourgensen : Je pense que la musique est pareille que tout autre chose sur la planète. C’est une belle chose en son essence. Je pense que la musique est universelle et que si un jour nous devions communiquer avec des extra-terrestres le meilleur moyen de communiquer serait de passer par la musique. Mais c’est comme tout mouvement ou vérité sur cette planète, on finit par en faire n’importe quoi. Si on prend l’exemple du #metoo, qui partait d’un mouvement féministe sérieux et d’une cause noble, on a fini par le rendre trivial et idiot. Il est vite devenu l’hashtag de qui a fait quoi, où ... et un moyen de propager des rumeurs sur telle ou telle célébrité. Et on a oublié le fait qu’au départ c’était pour dénoncer des abus et qu’encore aujourd’hui les femmes à travail égal gagnent moins d’argent que les hommes, ou que les départements de polices ne voient plus l’intérêt ou n’ont plus les équipements nécessaires pour prendre en charge les victimes de viol. Tout n’est plus que rumeurs et cancans. On dévalorise ce genre de mouvement comme on dévalorise l’essence même de la musique. La musique n’est plus là pour faire passer un message. On s’intéresse plus à ce que peut faire Kanye West et les Kardashian. Ce n’est pas ça la musique. Tout ceci n’a rien d’un langage universel. Ce n’est qu’un ramassis de conneries narcissiques et triviales qu’on nous enfonce dans le gosier et les gens l’acceptent. C’est ce qui se vend et anesthésie les masses qui travaillent quarante heures par semaine pour moins d’argent pour que 1% de la population puisse s’en faire bien plus. Je n’espère pas que cet album se vende, j’espère juste que les gens qui l’écouteront seront d’accord avec le message que je veux faire passer et que peut-être l'une de ces personnes voudra faire changer les choses ou aura des réponses pour pouvoir combattre le système dans lequel nous sommes coincés.


J’ai également lu que vous avez invité les bureaux locaux d’inscription des électeurs à venir à vos prochaines dates de concerts pour enregistrer de nouveaux électeurs aux Etats-Unis. Et je pense que c’est une façon d’inviter les gens à agir.
 

Al Jourgensen : C’est marrant que vous mentionniez ça. Parce qu’au moment où je vous parle ma copine et ma sœur sont au téléphone avec moveon.org et nous nous organisons pour rendre le vote à nouveau « cool ». Car aujourd’hui, soit on fait tout pour qu’il soit impossible aux électeurs de voter ou on fait croire aux jeunes que voter est un truc de vieux. On préfère leur dire « Va plutôt faire la fête et acheter le nouvel album de Taylor Swift et tout ira bien ! ». On voudrait vraiment que les jeunes aient envie d’aller voter et qu’ils viennent se prendre une branlée musicale à nos concerts. Je pense que ces deux choses vont main dans la main.

 

Je pense que c’est un peu partout pareil. En France, je pense que beaucoup de gens étaient insatisfaits des candidats à l’élection présidentielle et se sont même dit que de toute façon l’extrême droite passerait alors pourquoi aller voter ?
 

Al Jourgensen : Aujourd’hui nous avons à faire à une destruction systématique de la démocratie. Je pense que cela dure depuis les années 40. D’abord on divise pour mieux conquérir. Et aujourd’hui on a cette magnifique arme qu’est internet qui a transformé notre ère de l’information en ère de la désinformation. On a pris un concept pur, et quand je dis « concept pur » je parle de l’idée d’un gouvernement, des religions et on les a totalement drainés de leur but premier. Si on n’utilise mal internet, internet devient notre ennemi. Il est l’ami des travailleurs anesthésiés qui travaillent plus de quarante heures par semaine seulement pour pouvoir se nourrir et qui n’ont que ces quelques minutes récréatives où ils pourront voir ces putains de chats jouer du piano, ou les dernières rumeurs sur Kanye West et les Kardashian. On a brisé les ambitions de ces pauvres gens. Notre système scolaire est aussi en ruine car on nous y apprend à se faire à ce monde, à ce système qui nous abrutit ; à faire en sorte de se fondre dans la masse. Mais ce système est en train de détruire notre planète et nos âmes. On ne nous apprend plus à avoir une conscience universelle ou la connaissance du cosmos. On nous apprend juste suffisamment pour pouvoir tirer notre épingle du jeu et faire assez d’argent pour faire partie de la classe moyenne. Tout notre système est pourri.

 

C’est vrai que l’on peut voir internet comme une arme car c’est le meilleur moyen de créer un problème qui divisera les masses, pour ensuite se présenter sur la toile comme la solution à ce problème créer de toute pièce. Les gens vous suivront automatiquement.
 

Al Jourgensen : Exactement !

 

Et concernant le système scolaire actuel, je pense que vous n’avez pas tort non plus, et je vous le dis en tant que professeur. On nous demande d’enseigner à nos élèves comment faire partie intégrante de cette société qui va mal. Mais cela ne nous empêche pas non plus d’inculquer des valeurs et d’ouvrir les yeux à nos élèves sur l’état actuel de la planète.
 

Al Jourgensen : C’est marrant, j’ai toujours voulu être professeur. Je n’ai jamais rêvé d’être musicien. Je rêvais de devenir professeur. Je n’ai jamais voulu être une rock star. J’ai fait des études à l’université pour devenir professeur. Je voulais être professeur d’Histoire, car en y réfléchissant bien, c’est en voyant comment on nous demande d’enseigner l’Histoire que l’on voit ce qui va mal. On n’enseigne pas réellement l’Histoire, on enseigne une fiction, un point de vue. Mais c’est le seul que nous soyons autorisés à enseigner. Les gens ne se sortiront pas de ce système, tant que l’éducation ne sera pas meilleure. Mais personne ne veut financer une meilleure éducation car il n’y aurait aucun profit pour les 1% de la population qui détiennent déjà tout. C’était réellement mon rêve d’être enseignant dans un campus universitaire. Je serai entré dans une salle de classe, j’aurais dépensé une centaine de dollars en manuels scolaires et je les aurais brûlés en disant « Ok, on recommence à zéro ! Tout ça c’est des conneries ! Parlons de ce qui fait plus sens ! Mixons un peu de cosmos et de science et on pourra peut-être avoir une solution contre toutes les idioties avec lesquelles on nous a gavé ! »

 

L’Histoire et les manuels scolaires sont écrits par des humains, donc il est toujours question d’un seul point de vue, souvent celui du « gagnant ».
 

Al Jourgensen : Oui et pas seulement le point de vue du « gagnant », c’est souvent le point de vue « masculin » qui l’emporte. Et le point de vue d’hommes qui appartiennent aux 1% qui sont bien au-dessus du reste de la population et qui veulent que ce reste de la population reste bien en-dessous d’eux.

 

Et en parlant de point de vue masculin, et d’hommes appartenant au minuscule pourcentage de riches qui dominent la population du globe, pensez-vous que les Etats-Unis auraient été entre de meilleures mains si Hilary Clinton avait été élue ?
 

Al Jourgensen : Oui, bien sûr que je pense qu’on aurait été entre de meilleures mains, mais j’aurais préféré une personne qui représente la cause féministe, l’égalité des sexes et l’égalité salariale. Je suis pour une femme au pouvoir, mais je ne sais pas si Hilary Clinton aurait été le bon messager. Est-ce que je pense que plus de femmes devraient diriger le monde ? Oui absolument. Est-ce que je pense qu’Hilary Clinton aurait été une meilleure présidente que Trump ? Oui, sur le court terme. Elle aurait continué des politiques mises en place qui étaient bonnes. Mais je pense qu’elle aurait été le mauvais messager car elle trop occupée à jouer le jeu des hommes. Ce n’est pas la meilleure candidate pour représenter les femmes. Et si on regarde ce qui se passe au niveau local cette dernière année beaucoup de femmes ont pris le pouvoir et quand je dis des femmes je parle réellement de femmes et non de copie d’hommes. Et je pense que c’est la chose la plus saine que j’ai pu voir depuis les années 60, car les femmes ont réussi à changer plein de choses depuis les années 60. Je reste toujours optimiste.
 


 

Une autre question politique, mais juste par pure curiosité. Sur votre site internet, il est écrit que vous avez eu une petite conversation avec Adam Schiff (un des membres du United States House Permanent Select Committee on Intelligence qui enquête sur les possibles interférences de la Russie dans l’élection de Donald Trump). Vous lui avez demandé où en était l’enquête et s’il était possible que Trump soit destitué. Je suis assez curieuse de savoir ce qu’il vous a répondu.
 

Al Jourgensen : Eh bien, comme n’importe quel bon politicien parlant à un mec qui a des piercings partout sur le visage dans une salle d’attente d’aéroport, il a fait preuve de beaucoup de langue de bois. Il n’a rien voulu me révéler. Mais je lui ai dit : « Vous voyez, beaucoup de gens vous regardent et sont en attente de réponses. Et pas seulement des gens comme moi, des gens faisant partie de la norme qui se rendent bien compte que quelque chose ne va pas. Alors, n’abandonnez pas, ne lâchez pas l’affaire. Faites pression sur le système jusqu’à ce qu’il lâche prise. Ne donnez pas de fausses raisons de lâcher l’affaire comme "Trump est malade" ou n’importe quoi d’autre… Ils essayeront sûrement d’abord de commencer une guerre nucléaire avec la Corée du Nord avant de faire des révélations car à causes désespérées, mesures désespérées. Ils trouveront toujours le moyen de se cacher dans un coin pour les dix à vingt ans à venir avant de revenir se répandre comme l’herpès. N’abandonnez pas. Des gens comptent sur vous pour trouver la vérité. Et ce, tout autour du monde et pas seulement aux Etats-Unis. » Voilà en gros la conversation que j’ai pu avoir avec lui.

 

Maintenant, j’aimerais revenir un peu à la musique. Est-ce que vous travaillez toujours avec Surgical Meth Machine ?
 

Al Jourgensen : Surgical Meth Machine est quelque peu douloureux pour moi. C’était après que mon meilleur ami depuis trente ans ne décède et je ne savais pas ce que je voulais faire de Ministry mais je savais que je voulais faire de la musique, donc j’ai trouvé un ingénieur du son et on s’est mis derrière un ordinateur et je suis content d’avoir monté ce projet mais c’était totalement différent de ce qui peut se passer maintenant avec ce nouvel album. Aujourd’hui nous avons une réelle collaboration avec un groupe qui se retrouve pour faire de la musique et enregistrer en studio, au lieu qu’il n’y ait que moi isolé du groupe derrière les ordinateurs. On a fait ça pour plusieurs raisons. Nous avons été obligés de continuer les tournées après la mort de Mike. Je ne voulais pas qu’on ait de poursuites judiciaires pour des raisons idiotes. Donc, on a continué à jouer, on a trouvé de nouveaux musiciens avec qui la musique a commencé à vraiment bien sonner et quand nous sommes rentrés de la tournée européenne on a décidé de continuer en studio et puis, Trump a été élu et le jour suivant j’ai dit « Ok ! Au moins ça va nous donner de la matière ! » et nous sommes entrés en studio avec tout le groupe, une chose qu’on n’avait pas faite depuis 1993 quand on est entré en studio pour l’album Filth Pig. Ça a été une façon différente de travailler après 35 ans à être seul. Et je suis très heureux de cet album. Il est plus collaboratif et plus organique que ce que l’on a pu faire en trente ans ! Concernant Surgical Meth Machine, on a tous nos propres agendas, nos projets secondaires, je ne sais pas si ça se refera un jour, mais oui bien sûr j’aimerais refaire un album avec Surgical Meth Machine, mais je vais vous révéler quelque chose qui me tient à cœur. Cela fait un moment que nous essayons d’enregistrer un nouvel album de LARD avec mon vieil ami Jello Biafra. On n’arrive jamais vraiment à se voir depuis vingt ans. On enregistre une chanson par-ci, on fait un show ensemble par-là, mais cela reste difficile à faire. Et c’est la même chose avec Surgical Meth Machine, tout dépend des emplois du temps des gens avec qui je travaille et mon envie ou besoin d’enregistrer quelque chose. Je pourrais me remettre derrière un ordinateur et enregistrer des morceaux, mais là j’aurais plus envie de travailler sur un projet avec LARD. Mais là, nous avons déjà pour projet de faire un nouvel album avec Revolting Cocks qui est un peu l’antidote ou l’antithèse de ce nouvel album de Ministry. Ce sera plus une énorme parodie de notre société dominée par des hommes qui vont voir des strip-teaseuses et prennent de la cocaïne. On se moque de tout ça dans ce nouvel album de Revolting Cocks qui est déjà à moitié fini. Je ne suis pas autorisé à dire avec qui je travaille sur cet album, mais faites moi confiance, ça va être très drôle.

 

Génial, je pense que beaucoup de gens vont attendre cet album avec impatience ! Si vous deviez choisir un mot pour décrire ce qu’est Ministry aujourd’hui, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?
 

Al Jourgensen : PERTINENT, parce que je pense que le message que je veux faire passer est pertinent pour pas mal de gens s’ils essayent de rechercher et comprendre le sens de ce message. Je ne pense pas que Ministry soit meilleur ou pire que d’autres groupes, mais je pense que nous sommes pertinents dans ce que nous faisons.

 

Une dernière question. Pour l’instant, il n’y a que trois dates Européennes connues pour votre tournée Européenne, dont une au Motocultor Festival au moins d’août 2018, y aura-t-il d’autres dates françaises ?
 

Al Jourgensen : Je suis désolé, je n’ai pas le planning de la tournée sous les yeux. Je sais que l’on nous fait jouer en Europe de début juillet à fin août mais je ne peux pas donner d’endroit précis. La France est un endroit qui nous tient à cœur donc il y aura au moins trois dates françaises.

 

Interview : Eloïse Morisse
Crédits Photos : © Nidhal Marzouk 2017
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe.



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