Les températures glaciales qui frappent la capitale en cette fin de mois de février donnent une bonne excuse pour se retrouver dans la chaleur du Klub, afin de prendre une belle ration de death metal. C’est en effet un beau petit plateau underground qu’Ondes Noires a organisé, en faisant monter sur Paris les Clermontois de Nephren-Ka, venus défendre leur troisième opus fraichement sorti, La Grande Guerre de l’Epice. Deflesher, Dystopy et Naamah viennent également compléter cette affiche 100% death metal.
Naamah
Alors que c’était Perpetual qui était initialement prévu pour ouvrir cette soirée, les Parisiens de Naamah se chargent finalement de les remplacer au pied levé. Et autant dire que la surprise a été belle, tant le quintet a su avec seulement une poignée de titres, marquer de son empreinte la soirée. Devant un public encore clairsemé en raison de l’horaire précoce, Naamah propose de jouer en avant-première les titres issus de leur EP à venir (et déjà disponible au merch lors de la soirée). Avec seulement cinq morceaux, oscillants entre death metal et prog, le combo va ravir les amateurs de groupes tels qu’Obscura ou Beyond Creation. En effet, à l’écoute des morceaux joués par Naamah, ce sont les références qui viennent instinctivement en tête, et quelles références !
Et pour cause, le groupe joue bien, sait être technique sans trop en faire non plus et parvient à accrocher facilement l’oreille des spectateurs, plutôt passifs il est vrai en ce début de soirée, mais totalement concentrés sur la prestation des Parisiens. En dépit du jeune âge des musiciens, il ressort une impression de maturité dans les compositions du quintet. On regrette cependant que pendant la durée du set le chant de Ludo ait été sous-mixé, trop souvent en retrait et écrasé par le volume de la batterie de William et des instruments à cordes.
Avec un temps de jeu relativement court, Naamah a su nous faire bonne impression et donne clairement envie de suivre cette formation qui a tout pour aller loin.
Dystopy
Formé en 2015, Dystopy en est encore à ses balbutiements scéniques et musicaux. Pourtant, le combo qui joue un style plus mélodique que les autres groupes de la soirée semble déjà paré à l’exercice du live. Plus mélodique ne veut pas pour autant dire que Dystopy manque de mordant, à l’image de Gatien, chanteur et bassiste de la formation, qui ne bénéficie pas non plus des meilleures conditions de sonorisation au micro, mais qui tire malgré tout son épingle du jeu.
Dystopy compose en effet des titres écrits pour être efficaces et directs, avec une influence moderne bien distillée. Les plans de guitare de Richard et Hugo sont plutôt accrocheurs et l’ensemble parvient à séduire avec un sens du riff bien maîtrisé. Il commence d’ailleurs à faire rapidement chaud dans la petite salle du Klub, même si les spectateurs se réservent encore pour le reste de la soirée en ce qui concerne les moshpits et autres pogos.
Quoi qu’il en soit, malgré un style musical relativement différents des autres combos ayant foulé les planches du Klub ce soir, Dystopy a su tirer son épingle du jeu et malgré un classicisme indéniable a permis à l’audience de passer un moment très agréable.
Deflesher
Tout droit venu des Yvelines, Deflesher est un jeune combo dont le premier opus est sorti l’an passé. Le quintet a donc prévu de présenter Ossuary au public du Klub. Et dès les premières notes de leur set, on pense bien évidemment au death metal bourrin et in your face de Whisper of Death, leurs compères franciliens, également formés à Rambouillet. Deflesher se distingue par un death metal influencé par les tenors du style, Cannibal Corpse en tête, et par un frontman particulièrement mobile. En effet, Kraken, le dreadlocké vocaliste ne semble pas prendre en compte l’étroitesse de la scène et headbangue pendant l’intégralité du set, allant régulièrement à la rencontre des spectateurs en face de lui.
Musicalement, le style de Deflesher reste assez classique, mais le groupe balance son death avec les tripes, encouragé par les coups de butoirs de Yann Iwach, batteur de la formation. C’est propre, c’est net, et c’est particulièrement efficace, comme en témoignent les premiers rangs qui n’hésitent pas à donner quelques coups d’épaules dans une ambiance bon enfant. D’ailleurs, l’atmosphère devient rapidement suffocante, puisque ni public ni musiciens ne s’économisent. Les dreadlocks de Kraken volent en l’air pendant tout le set et la puissance des titres ne permet pas de souffler un seul instant.
C’est « Warzone » qui se charge de conclure le set, et le morceau porte bien son nom puisque les murs du Klub semblent presque s’être rapprochés et la salle être toujours plus petite vu l’agitation. Au final, Deflesher a proposé un set où violence et efficacité étaient particulièrement de mise, devant une audience qui a clairement fait honneur à la formation.
Setlist Deflesher
The Waste makers
Oath of Desegration
Cold War
Cryptic World
Mutilate to Educate
Dawn of Ire
Cocaine Rodeo
March to Oblivion
Strangled with Guts
Warzone
Nephren-Ka
Il est seulement 21h quand les Auvergnats de Nephren-Ka montent à l’assaut du Klub, tel Paul Atreides face aux troupes Harkonnen. Mais en dépit de l’horaire précoce, le quatuor est bien décidé à faire parler la poudre pour sa première date à Paris. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, c’est par « Butlerian Djihad », extrait du deuxième album, The Fall of Omnius, que les musiciens démarrent ce set. Ni une ni deux, le public est particulièrement mobile, bien plus que pour les trois autres combos de la soirée. Mais c’est réellement avec « Watch and Learn », tiré de La Grande Guerre de l’Epice, que les choses sérieuses commencent. On sent que l’audience connait les morceaux du troisième opus des Auvergnats, et le quatuor s’en sort particulièrement bien sur scène, malgré la technique irréprochable que requiert l’exécution de tels titres. Sébastien Briat (guitare) semble totalement à l’aise sur scène et agrémente régulièrement les compositions de ses growls caverneux.
Mais c’est Laurent Chambe, le chanteur de la formation, qui est au centre de l’attention. Le vocaliste propose un chant puissant avec un flow particulièrement bien maîtrisé, malgré les parties instrumentales parfois très rapides sur lesquelles il doit s’exprimer. Thibault Gosselin, dernier arrivé au sein du groupe, fait également preuve de beaucoup d’aisance et semble totalement intégré au combo. Seul Thibaud Pialoux (batterie) semble plus effacé, puisque en retrait et caché par ses camarades, mais cela ne l’empêche pas de faire parler sa technique à travers des plans blastés d’une précision chirurgicale.
C’est un bon set de brutal death que nous offre le combo auvergnat, et le public réserve par ailleurs un très bel accueil au groupe, à l’image de deux énergumènes un poil éméchés, qui font même slammer le vocaliste contre son gré sur « Final Stage to Godhood ». Ce dernier ne semble pas décontenancé outre mesure et parvient à hurler dans le micro malgré la situation, tout en veillant à ne pas renverser sa bière et à éviter le plafond bas de la salle.
Avec une heure de set, il faut faire des choix et Nephren-Ka pioche intelligemment dans ses trois opus, bien que nous aurions tout de même souhaité entendre les très bons « Plan to Master the Universe » ou « The Demise of Ix », délaissés ce soir. Mais peu importe, bien aidé par de bonnes conditions sonores, le quatuor a assuré pour son premier passage dans la capitale, offrant en cadeaux quelques titres de Revenge and Supremacy à ses fans de la première heure. « Final Stage to Godhood » vient conclure une très belle soirée, placée sous le signe du death metal. Les quatre groupes qui se sont succédés ce soir au Klub ont su montrer que la scène death underground était toujours bouillonnante d’activité et qu’elle regorge de talents que l’on ne peut décidément pas ignorer.
Setlist Nephren-Ka
Butlerian Djihad
Watch and Learn
Lord of Treason
Mastering the Voice
The Great Spice War
Proditoris Gloriosa Finis
The Dazzling Revenge
The Cymek Revolution
Idar Fen Adijica
Fenring’s Test
Final Stage to Godhood
Merci à Clément et Ondes Noires pour l’organisation de la soirée.
Photographies : © Watchmaker 2018
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