À défaut d’un nouvel album, Slipknot sort en cet été 2012 un premier best of. Proposant 19 pistes dénuées de tout réarrangement ou de surprises, Antennas to Hell se contente du strict minimum. Une fois qu’il aura reposé le CD, peu sexy, sur le présentoir, le fan aura peut-être la bonne idée de jeter un œil sur l’édition spéciale proposant, pour 3€ de plus, deux autres galettes. Voilà qui est déjà plus intéressant.
Juger de la qualité d’un best of est un exercice difficile, alors quand il s’agit de celui d’un groupe de néo à polémique comme Slipknot la tâche est d’autant plus rude. Attendus au tournant par leurs fans, restés sur leur faim avec All Hope is Gone et espérant l’utopique cinquième (ou sixième) album, les huit masqués n’ont pas vraiment le droit à l’erreur avec ce Antennas to Hell.
Et ça commence assez mal puisque les deux mots sortant de la bouche après l’écoute du premier disque, ou de la version simple, sont : faiblard et incohérent. Pas de surprise en voyant les 19 pistes proposées : six pour Slipknot, cinq pour Iowa, et quatre pour Vol.3 The Subliminal Verses et All Hope is Gone. Ce sont donc les "Wait and Bleed", "Surfacing", "People=Shit", "My Plague" et autre "Duality" que le fan, lésé, retrouve. Lésé oui, car une fois les bons souvenirs du collège/lycée remémorés, ce même fan se dit qu’il y avait probablement mieux à faire avec un best of, surtout lorsque l’on s’appelle Slipknot. Pourquoi passer Mate. Feed. Kill. Repeat totalement à la trappe ? Le groupe ne pouvait-il pas en mettre au moins un extrait, comme l’excellent, délirant et diptyque "Do Nothing/Bitchslap"? Ou carrément une petite réinterprétation comme pour "Gently" en 2002? N’était-ce pas l’occasion d’accorder au morceau caché de Slipknot, "Eeyor", les honneurs qu’il mérite? Dommage, car c’est ce genre de choses surprenantes qui font d’un best of un petit « plus » dans une discographie.
Autres (très) mauvaises surprises : les versions de "The Heretic Anthem", "Gently" et "My Plague". Pour les deux premières, il s’agit des versions live, issues du concert de Londres, Disasterpiece, sorti en DVD en 2003. Grande question concernant "Gently" : pourquoi ne pas avoir mis l’excellente version studio enfin présente dans la réédition de Slipknot parue en 2009 ? Quant à "My Plague", il s’agit de l’abominable version à chant clair et amputée d’un couplet présente sur la BO du premier film Resident Evil.
Rien que pour l’insulte faite aux sublimes morceaux que sont « Gently » et « My Plague », additionnée au manque d’originalité, cette version simple ne représente aucun intérêt pour les fans, seuls les curieux et les inconditionnels y trouveront leur compte. Une galette qui ne mérite pas plus de 4/10.
Concernant le deuxième CD, c’est l’intégralité du concert donné en 2009 au Download Festival qui est proposée. Une initiative sympathique même si, festival oblige, la setlist est assez courte et ne propose pas grand-chose d’original si ce n’est la présence de la cinquième piste de Iowa, "Everything End". Les petits dialogues entre Corey Taylor et son public ont été conservés, et la qualité de son est relativement bonne, l’ambiance est bien palpable. Si cette deuxième galette n’est rien d’autre qu’un best of bis, elle peut être considérée comme un beau cadeau au fan et représente surtout une excellente alternative pour ceux qui auraient été déçus par le Live 9.0, fortement décrié à sa sortie à cause d’une qualité d’enregistrement médiocre.
Le troisième disque est un DVD proposant l’intégralité des clips de la bande, comme l’excellent de "Dead Memories", ainsi que quelques titres live filmés au Download Festival. Un portrait vidéo de chaque membre est également présent, regroupant à chaque fois plusieurs images tournées de-ci et de-là au cours des différentes tournées. Une petite bibliothèque vidéo qui, pour le coup, est bien sympathique. Un bonus qui fera le bonheur des fans, même si des vidéos live supplémentaires auraient été les bienvenues.
Pour faire simple : seule l’édition spéciale d'Antennas to Hell vaut vraiment le coup. Si la version simple demeure une bonne mise en bouche à l’univers, au style et à l’évolution de Slipknot, elle ne représente pas grand chose pour celui qui possède la discographie du groupe. En revanche, la gamme du dessus s’avère être un objet intéressant, pour qui est amateur du nu-metalcore des huit zikos, grâce à un nouvel album live, court, mais solide et un DVD au contenu assez riche.