Le départ en 2013 d'Adam Gonthier, membre fondateur et chanteur de Three Days Grace, a semé la panique parmi de nombreux fans de la formation canadienne qui ne voyaient pas comment cette dernière allait pouvoir se relever. Pourtant, le défaut majeur de l'album qui suivait, Human, ne venait pas de la voix de son successeur Matt Walst, mais bien de compositions souvent bancales et peu inspirées. Même si ce semi-échec n'avait pas de quoi ébranler la solide fanbase du groupe, le constat reste évident : Outsider se doit d'assurer.
A l'instar de ses prédécesseurs, ce nouvel opus se voit doté d'une pochette minimaliste, représentant quatre flèches sur un fond rouge. Un design agréable mais simple, finalement à l'image de son titre d'ouverture, "Right Left Wrong", qui regroupe tous les codes du grunge/metal alternatif : Un riff de guitare classique mais puissant débouchant sur un refrain se voulant accrocheur, tout ça en moins de quatre minutes, la recette est connue. D'ailleurs, sur ce point, n'allez pas chercher de titres à rallonge sur Outsider, la plupart tournant aux alentours des trois minutes trente, donnant la fâcheuse impression que le groupe cherche à tout prix une diffusion radiophonique, et ce au détriment de la prise de risque.
Car voilà l'immense problème : si tout est très propre, bien exécuté, et parfois intéressant, comme sur le refrain d'"I Am The Outsider" ou les parties acoustiques de la ballade "Nothing To Lose But You" au doux parfum d'Ugly Kid Joe, ce disque souffre néanmoins d'un manque criant de nouveauté. Tout ce qui est proposé ici a déjà été fait avant, et en mieux, que ce soit par le groupe lui-même ou d'autres. Et après vingt ans d'existence, nous aurions aimé voir les Canadiens sortir un peu des sentiers balisés dans lesquels ils se complaisent depuis quelques temps maintenant.
C'est d'autant plus dommage que la bande se ressaisit parfois. La dansante "Me Against You", au feeling rock indus' (Emigrate, le projet solo de Richard Kruspe n'est pas loin), mais encore "Villain I'm Not", sont des témoignages plus rassurants sur le potentiel du quatuor. Sans être des monstres d'originalité – et ce n'est, avouons-le, pas le but recherché avec Three Days Grace – ces moments ont le mérite d'apporter un peu de variété et de fraîcheur.
Pas de soucis à se faire du côté de la production, puissante mais équilibrée, faisant notamment la part belle aux arrangements électroniques. Une justesse palpable à l'écoute de "The Abyss", qui clôture cette cuvée 2018 d'une jolie manière, où les refrains lumineux s’imbriquent étonnamment bien avec des parties beaucoup plus sombres, la chanson étant même ponctuée par un scream de Walst du plus bel effet.
Malheureusement, ce bon finish ne permet pas de faire pencher la balance du bon côté. En dépit d'un ensemble plutôt cohérent et pas désagréable, Outsider risque assez rapidement de prendre la poussière sur l'étagère. Trop évident, pas assez ambitieux, Three Days Grace n'a pas voulu sortir de sa zone de confort ni chambouler ses fans, au risque de les lasser et de sombrer dans l'oubli, comme beaucoup de formations des années 90' qui officiaient dans le même registre.
Sortie le 09 mars 2018 chez RCA Records
