Pour sa release party, le groupe strasbourgeois Odrylane a choisi un endroit tout à fait singulier : La Popartiserie, une galerie d'art située au centre de la capitale européenne. La salle est déjà plongée dans l'obscurité lorsque le public est invité à entrer. Une lumière très tamisée voire inexistante éclaire timidement les œuvres d'art installées ça et là. L'ambiance est posée, le concert peut commencer.
Enokham
La soirée s'ouvre avec Enokham, un jeune projet strasbourgeois dont le style gravite autour des musiques du monde. Peu de personnes sont présentes mais une ambiance conviviale et chaleureuse se dégage de la Popartiserie. Il faut dire que les instruments joués renforcent vraiment l'effet showcase : un cajón, une guitare sèche, une flûte, un bouzouki et une voix font l'affaire ce soir là.
Peu de place est laissée aux discours, c'est la musique de Pierre-Marie Banholzer qui parle pour les musiciens. Elle porte avec elle un bagage émotionnel fort et une rare douceur. Ses compositions, parfois dansantes, souvent atmosphériques, sont toujours jouées avec une formidable justesse. Sur les mélodies aux influences celtes, médiévales et nordiques vient parfois se poser une voix de baryton au vibrato très agréable et doublant celui de la flute, plongeant ainsi l'auditoire dans une transe générale abreuvée par une ambiance lumineuse envoûtante. La musique d'Enokham fait voyager par ses influences musicales et ses thématiques - les mondes de Tolkien sont souvent évoqués – et une chose est sûre, il nous tarde de reprendre le voyage avec eux.
Odrylane
Après ce set court mais pas des moins intenses, Enokham laisse place à Odrylane, la tête d'affiche de la soirée.
Une release party est pour un groupe l'occasion de tisser un lien fort avec son public, d'établir un contact très intimiste avec lui, et c'est une chose qu'Odrylane a compris, car la communication entre le groupe et l'auditoire est parfaite. L'ambiance conviviale posée par Enokham en début de soirée se renforce concrètement à mesure que la setlist progresse. Mais parlons de musique. Ce premier album d'Odrylane est un bijou en studio et un joyau en live. Le groupe brasse de nombreuses influences, majoritairement folkloriques mais également metal. Faire le parfait amalgame entre ces différents styles permet à Odrylane de proposer une musique festive, dynamique, tout en évitant l'écueil d'un folk metal trop simpliste et peu réfléchi.
La plupart des instruments joués en studio sont acoustiques, et au plaisir des spectateurs, ils le sont tous en live. On peut donc profiter d'un son très clair et par conséquent de la précision qui fait la force d'Odrylane, car au-delà de leur engouement sur scène, c'est la technique de ses musiciens qui permet à la formation strasbourgeoise de briller. Le jeune violoniste fait preuve d'une magnifique sensibilité dans son toucher et son jeu est en parfaite adéquation avec les autres instruments. Il réussit à se fondre dans l'ensemble sans en devenir oubliable et pose avec justesse des harmonies sur les riffs de guitare. Le batteur, sur un cajón ce soir là, parvient à déployer la même puissance que sur une batterie, sa frappe carrée vient appuyer les riffs et compléter les différents soli.
Côté guitare et bouzouki, c'est un jeu à la croisée du metal et du folk qui se profile. Les riffs auraient tout à fait leur place dans un groupe de metal alternatif, certains soli dans un groupe de power/heavy alors que les mélodies et harmonies reprennent largement les codes de musiques traditionnelles irlandaises, celtiques, bretonnes et même grecques (oui, on a eu droit à un sirtaki et c'était absolument génial). Odrylane revisite les classiques de la musique folklorique en y ajoutant une pointe de fraicheur grâce à des harmonies clairsemées qui viennent éfleurer tel un voile un ensemble aussi dynamique que mélodique. Le groupe propose aussi un ensemble de composition originales dont "Le Diable" et "Sous les Etoiles" qui rappellent sérieusement Manau sans pour autant paraitre ridicules. Dans ces compositions s'inscrivent des morceaux plus atmosphériques, "Faune Sauvage" et "Soleil Levant", vraiment originaux en plus d'être reposants.
Cet ensemble est enveloppé par une ambiance absolument folle. Les riffs shreddés s'accompagnent de headbangs tant dans le public que sur scène, le guitariste joue à même le sol, le public reprend en cœur "Le Loup, le Renard et la Belette" ou "La Tribu de Dana"... En bref, une ambiance plus que festive se dégage de la Popartiserie et s'accorde parfaitement avec les morceaux joués ! Cette release party est un véritable succès, le groupe a montré qu'il maitrisait son art jusqu'au bout et rien n'est plus satisfaisant que de voir une formation locale produire une musique de cette qualité.
Quelle que soit la manière d'écouter, Odrylane mérite vraiment qu'on lui prête une oreille attentive !
Voici donc un lien d'écoute et d'achat : https://odrylane.bandcamp.com/releases
Photos: © Valentin Laurent (Hysteria) 2018.
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