Chaude ambiance dans une froide journée ! Deuxième jour du Cernunnos Pagan Fest à Noisiel...
En sortant de la gare RER on sent tout de suite qu’il fait encore plus froid qu’hier. Certains festivaliers ont troqué leur Perfecto ou veste en jean pour des gros blousons d’hiver. Nous voilà au premier second jour du festival. Après le succès de la veille avec près de mille festivaliers qui se sont déplacés, le rythme ralentit un peu. Sept cents personnes viendront tout de même en ce froid dimanche de février.
Les concerts sont un élément fort, certes, mais de nombreux festivaliers ont pu admirer déambulations, combats vikings, cracheurs de feu, chants et campements historiques, profiter de la restauration de qualité et bien sûr du marché regroupant de nombreux artisans spécialisés...
Il n'y a pas que le métal dans la vie... Quoique...
Ceux qui avaient trop chaud à l'intérieur des salles de concerts, pouvaient profiter de l'air frais tout en restant en bonne compagnie musicale !
Mention spéciale au stand des Bröds, ou comment faire une excellente nourriture pour vikings et festivaliers en mode self service avec des ingrédients historiquement compatibles (et de goût) !
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Aktarum - 13h/13h45 - L'Abreuvoir
Les jeunes Belges (dont la première démo date tout de même de 2007 et dont les titres de leur discographie sont remplis d’humour We are the Trolls (EP), Gang of Trolls (LP) et Game of Trolls (EP)) jouent dans un Abreuvoir quasi rempli. Les festivaliers se sont préparés leur cocktail préféré du lendemain matin de festival, c'est-à-dire de l’eau accompagnée de paracétamol et de citrate de bétaïne pour oublier les excès de la journée précédente avec un « after » qui terminait à 2h30 du matin.
La bande de Trolls (pour chaque membre leur nom de scène commence par « Troll ») distille son folk pagan festif avec tout de même certaines attaques un peu plus black. C’est bon enfant, le public se réveille tout doucement et l’accueil est plus que chaleureux.
Setlist :
Opening Game (enregistrement)
Game of Trolls
Rock'n Troll
Light Up the Torches
Gang of Trolls
Troll in the Forest
Troll Forever
Imperial Troll
Trolls Will Be Back (enregistrement)
Darkenhöld - 13h50/14h35 - la Halle
Avant de les retrouver au Hellfest cette année, les Français de Darkenhöld ouvrent le son de la Halle pour nous rappeler qu’ils ont sorti leur dernier album Memoria Sylvarum en 2017 dont ils interprètent quatre titres en ce dimanche.
L’ambiance est plantée, médiévale où, caché derrière un vieux château, on retrouve l’esprit des premiers Emperor. Afin de retranscrire la justesse de leur musique le son est excellent dans la grande salle permettant d’apprécier la justesse des soli d’Aldébaran. Cervantès au chant possède une gestuelle théâtrale et expressive. Il vit sa musique et cela contribue à l’ambiance décrite dans les textes comme avec « Clameur des Falaises » ou encore « Sous la Voûte de Chêne », tous deux extraits du dernier opus. D’autres titres comme « Le Castellas du Moine Brigand » ou « Mesnie Hellequin » viennent piocher dans leur longue discographie, les Français fêtant déjà leurs dix ans de carrière.
Setlist :
Le Souffle des Vieilles Pierres
Clameur des Falaises
La Chevauchée des Esprits de Jadis
Mesnie Hellequin
Sous la Voûte de Chêne
March of the Sylvan Beasts
Le Castellas du Moine Brigand
Ruines Scellées en la Vieille Forêt
Glorious Horns
Nydvind - 14h40/15h25 - L'Abreuvoir
On se faufile dans un Abreuvoir rempli pour retrouver les Franciliens de Nydvind qui viennent défendre leur dernier album Seas of Oblivion et comme nous l’expliquera Hingard (chant/guitare) pendant le concert, ce dernier opus est le premier d’une tétralogie dont les thèmes seront les quatre éléments. Le chanteur s’amuse en nous disant qu’ils auront mis pratiquement vingt ans à faire les trois premiers albums…
Le son est bien en place pour que le groupe nous emmène sur son bateau, avec une musique toute en nuance. Même les enregistrements d’ambiance entre les titres sont clairs et distincts (« Sea of Thalardh »). On vogue au fil d’un black metal parfois pagan, parfois plus doom comme sur le nouveau titre « Sailing Towards the Unknown ». La musique est variée, pour la décrire et comme l’explique Hingard « On fait du Nordic Heathen Metal ! ». Les morceaux sont longs et parfois déstabilisent l’auditoire qui pense à certains moments avoir affaire à la fin du morceau et commençant à applaudir, mais reste hypnotisé par une belle prestation.
Celtachor - 15h30/16h15 - La Halle
On se souvient de leur passage au Cernunnos dans la cave de La Machine du Moulin Rouge où la petitesse de la salle leur convenait mieux que cette grande salle un peu trop grande pour leurs épaules. Stephen Roche parait très chaud en montant sur scène haranguant la foule, la flûte dans une main d’une façon un peu décousue et surtout en oubliant de chanter juste. Et c’est là que le bât blesse. Il est vrai que son chant clair et gueulard n’aide pas. Son chant est trop approximatif sans parler des instruments qui parfois jouent faux. Cela ne remet pas en compte leur présence scénique, à commencer par le jeune prodige au violon Liam Henry qui met de l’animation sur scène. Le jeu de batterie de la Française de l’équipe, Anaïs Chareyre, écrase parfois les autres instruments donnant une bouillie indigeste à l’ensemble. Bref une prestation qui donne l’impression que chaque musicien est venu nous proposer sa partition sans se concerter entre eux laissant un côté dissonant à leur set.
Boisson Divine - 16h20/17h05 - L'Abreuvoir
Comme le dira Baptiste Labenne, le sympathique leader de Boisson Divine, le groupe n'a pas fait sept heures de route pour rien. Et c'est peu dire ! L'ambiance monte immédiatement. Il faut dire que le mélange trad folk metal gascon est tout bonnement idéal pour faire la fête ! Certes, nous sommes en plein dimanche après-midi, dehors il fait froid, mais à l'intérieur, les coeurs se réchauffent vite !
Baptiste apostrophe régulièrement le public, en insistant bien sur les défauts nombreux des Parisiens. Ses petites provocations espiègles et pleine d'humour meublent bien les petites pauses entre les morceaux, avant que la fête ne reparte de plus belle.
Il faut dire que la musique est particulièrement entraînante, mais en toute logique, c'est le but du bal populaire métallisé auquel nous allons assister.
Tous les membres du groupe semblent être clairement venus pour faire la fête, et ça tombe bien, puisque le public ne demande que ça. Nous allons donc arrêter de répéter le mot fête, mais comme la nature est bien faite, c'est tout de même le mot qui résume le mieux Boisson Divine. Mais loin d'être simplement un ersatz de groupe de folk festif humppa, les Gascons nous offrent ici la preuve que le terroir français recèle encore bien des trésors ! Ayla semble avoir progressé dans sa maîtrise de la flabuta, puisqu'elle en utilise deux à la fois désormais.
En milieu de set, Pereg remplace sa cornemuse par une poupée gonflable parfaitement équipée musicalement, sans prévenir ses comparses. Le côté bordélique d'une fête populaire se propage à travers la scène et la salle, et même les plus jeunes spectateurs s'enthousiasment !
Le morceau de fin, à savoir le célèbre "Breaking the Law" de Judas Priest, résonne ici d'une manière presque plus convaicante que le glorieux original. Flûtes, cornemuse et bonne humeur sont sans aucun doute le secret de la réussite ! Le déplacement valait donc certainement le coup pour nos comparses, et surtout pour le public de l'Abreuvoir !
Setlist:
Que me'n tornarèi
Los tilholèrs
Lo cant deu pastor
Rondèu
Qué de melhor
Quin Braguèr
Hilhóta de delà l'aiga
Los Invisibles
Dauna de Brassempoi
Breaking the Law (reprise de Judas Priest)
Belenos - 17h10/18h10 - La Halle
Belenos fait parti des précurseurs de la scène pagan française. A travers les années, l'identité du groupe s'est renforcée autour de l'âme celtique de Loïc Cellier. Musicalement, le style a certes quelque peu évolué, mais les racines sont fortes et le groupe démontre à chaque fois sur scène qu'il s'attache davantage au contenu qu'aux artifices. Sobre et efficace, telle pourrait être leur devise. La setlist balaie l'histoire du groupe, avec en prime un morceau jamais joué en live: "Chants de bataille" extrait de l'album éponyme. L'ambiance ce soir est davantage pagan que black metal, même si on garde l'énergie sombre qui suinte à travers des morceaux tels que "Fureur celtique" par exemple.
La maîtrise transparait et c'est à une très belle prestation que l'on assiste ce soir. On assiste même à ce qui aurait été sans doute plus adapté à un concert des Twisted Sisters qu'à Belenos, mais une poitrine dénudée contribue toujours à une certaine ambiance. Quoiqu'il en soit, cela n'a pas perturbé les musiciens qui ont asséné leurs notes jusqu'au fin fond de l'Antre Noir...
Belenos fait parti de ces groupes que l'on prend toujours plaisir à voir: sobre, efficace et terriblement authentique.
Setlist:
Morfondu
Gorsedd
Terre de brume
Armorika
Par Belenos
Chant de bataille
Fureur celtique
L'enfer froid
L'antre noir
Dornenreich - 18h15/19h00 - l'Abreuvoir
Changement d'ambiance avec les Autrichiens de Dornenreich. L'ambiance est sombre, mélancolique, presque désespérée. L'envoutement fonctionne cependant sur le public qui entre rapidement en transe. Comment résister à un dark metal d'une telle qualité ? Ce classement est d'ailleurs trop restrictif, il faudrait davantage parler de black ambiant à tendance néofolk magique. Ou peu importe au final : Dornenreich se suffit à lui même.
Certains éviteront bien sûr ce groupe, en n'allant pas au concert. Certes, c'est un genre qui se ressent aux tréfonds de l'âme et ceux qui recherchent un exhutoire dans les festivals préfèreront sans doute des musiques plus rythmées et agressives. Quoiqu'il en soit Dornenreich parvient à ensorceller son auditoire, et les regards se perdent dans le vague de l'âme...
Notons deux nouveaux titres ce soir, avec "L.M." et "Enter".
Setlist:
Freitanz
Meer
L.M.
Dem Wind Geboren
Drang
Zauberzeichen
Erst deine Träne löscht den Brand
Enter
Jagd
Metsatöll - 19h05/20h05 - La Halle
Les Estoniens sont de grands musiciens talentueux, leur musique est dotée d’une énergie venue de loin. Elle fait vibrer notre seule corde interne, celle de l’émotion. Tandis que le fondateur du groupe, Varulen en fait vibrer plus d’une avec la multitude d’instruments qu’il nous fait découvrir tout au long du show (il se dit même qu’il en a fabriqué certains) avec la cornemuse estonienne dont il a une certaine manière pour la porter (moins classe que le port de la cornemuse écossaise dont Saor Patrol en fera la démonstration plus tard), une cithare (surement de fabrication maison), une harpe et toujours avec ce sourire et cette bonne tronche de musicien qui vit pleinement sa prestation.
Les musiciens ne font pas à l’économie et se déplacent énormément sur scène, changeant de place et transmettent leur passion musicale au travers d’un metal bien relevé avec cette jolie touche folk. (Les groupes français sont trop bien souvent statiques sur scène se cantonnant trop souvent à leur mètre carré alloué devant leur pied de micro). Bref, les loups d’Estonie nous ont fait voyager dans des paysages lointains.
Saor - 20h10/21h10 - L'Abreuvoir
Il nous tardait de voir enfin les Ecossais sur une scène et de pouvoir apprécier à leur juste valeur les atmosphères tourbées, hypnotisés par une flûte lointaine et un violon ensorceleur sur une base black metal qui donne la clé de voûte à leur musique.
Le public va rapidement tomber sous le charme des mélodies de Saor (« libre » en gaélique). Les titres sont longs et nous permettent de gravir les sommets des collines humides écossaises avant de les dévaler de l’autre côté pour aller jusqu’à la mer. Andy Marshall au look de hipster parait tout de même assez stressé et ce même si devant ses pieds se cachent les antisèches avec les paroles de chaque chanson. Quelques problèmes de retours semblent également gêner les musiciens. La flûte et le violon ont tout de même du mal à sortir parfois de l’épaisseur de la musique et deviennent sur certains titres assez fantomatiques. Pendant d’autres moments et en particulier sur « Tears of a Nation » et « Aura » l’équilibre devient parfait et permet de faire décoller tout une audience.
Setlist:
Roots
Carved in Stone
Tears of a Nation
Aura
Pillars of the Earth
Saor Patrol - 21h15/22h30 - La Halle
Avant le concert de clôture du festival, un spectateur se demandait quel était le lien entre Saor et Saor Patrol. On pourrait lui répondre qu'à part l'Ecosse, il n'y en a pas. Autrement dit, si l'un représente la mélancholie et la beauté des Highlands, l'autre démontre la fougue et la joie de vivre.
Chick Allen et ses bagpipes semblent incarner à la perfection l'image que se fait le touriste de l'Ecossais. Il faut dire que cet acteur sait s'y prendre. Après tout, il a joué dans Gladiator et Le Roi Arthur, alors faire le spectacle, il connait !
Le coeur est haut, et cela se voit. Il faut dire que Saor Patrol fait parti d'une organisation à but non lucrative dédiée à l'Ecosse, le Clanranald Trust For Scotland. Ils pratiquent également la reconstitution historique et le combat médiéval. Le choix de ce groupe pour conclure le Cernunnos Pagan Fest est donc parfaitement logique !
Ces véritables Tambours du Bronx en kilt étaient un bon choix pour terminer le week-end avec allégresse. Un long concert de plus d'une heure, entrecoupé de quelques rasades de whisky et de tranches de rires, rien de tel pour affronter le lundi matin, n'est-ce pas ?
Selist:
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Cette édition anniversaire du Cernunnos Pagan Fest a parfaitement rendu hommage aux dix ans du fest. L'idée de réaliser un véritable festival sur tout un week-end, non loin de Paris, en plein hiver a décidemment encore du potentiel ! N'oublions pas que tout ceci n'est possible que grâce au dévouement et à l'acharnement de nombreux bénévoles.
En fait, la plupart des gens ne se rendent pas compte de l'envers du décor et n'imaginent même pas un dixième des problèmes que l'on doit gérer lorsqu'on organise un festival. Il faut donc saluer et remercier vivement tous les bénévoles et les organisateurs, forcément un peu fous pour passer huit mois à préparer ces deux jours.
Petite anedocte de la part de Marie Molina, l'organisatrice du Cernunnos: "j'avais acheté 20kg de café et 4 kg de sucre... On avait des cafetières ..Mais personnes n'a pensé à coordonner le café, le sucre, les cafetières aux bars... Du coup pas de café à vendre aux festivaliers... Dommage". Et nous savons que ce petit détail ne fait parti que des petites histoires drôles à se remémorer, par rapport aux véritables coups de chaud qu'il faut gérer dans l'urgence, comme la grève de certaines compagnies aériennes pour ne citer que cela.
Rendons hommages à tous ces bénévoles, qui font tout ça pour l'amour de la musique !
Lui, c'est le mec qui a passé deux jours au froid à l'entrée. Il n'est certainement pas le seul, et ce n'est peut-être pas celui qui en fait le plus sur le festival, mais peu importe, sachez qu'il est un peu comme le soldat inconnu, en espérant que la pneumonie ne l'a pas emporté ! Et que des soldat(e)s inconnu(e)s, il y en a beaucoup !
Cernunnos, nous te disons à bientôt, en 2019 !
Textes:
Lionel / Born 666 (Aktarum, Darkenhöld, Nydvind, Celtachor, Metsatöll, Saor)
Thomas Orlanth (Boisson Divine, Belenos, Dornenreich, Saor Patrol)
Photographies:
Lionel / Born 666 : https://www.instagram.com/born.666/
Thomas Orlanth : https://www.thomasorlanth.com / https://www.facebook.com/Thomas-Orlanth-Live-Photography-499851383425205/
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