Ambiance seventies, barbes, vestes en daim à franges et claviers hypnotiques : les fans de Palace of The King connaissent bien la recette, le revival de cette époque continue de battre son plein, et le groupe en profite pour sortir un nouvel album. Après deux EPs et un album, ce Get Right With Your Maker enfonce le clou et assied la position et la crédibilité des Australiens. Compositions chiadées, production béton et voix imparable font du disque une vraie réussite, qu’apprécieront toutes les fans de guitares baveuses et de sons vintages.
Pas de surprise, on sort de la première écoute de cette nouvelle offrande des Palace Of The King avec la délicieuse impression de revenir d’un court saut dans les années 70, dont les réminiscences à coup de sons lampés, claviers psychés et groove typique sont évidentes tout au long du disque. Pourtant le premier et long titre, « I Am The Storm », réveille quelques inquiétudes d’entrée de jeu : après une intro théâtrale et dramatique que n’auraient pas reniée les Pink Floyd, le morceau semble rapidement traîner en longueur et sonne plus comme une conclusion que comme une entrée en matière. Après un peu plus de sept minutes, le relais est pris par « It’s Been A Long Time Coming », bien plus concis et pêche : cette fois, c’est parti.
Malgré des sonorités assez uniformes tout au long des compositions, quasiment chaque morceau tire son épingle du jeu, grâce à une écriture variée et alambiquée pour le genre. Mention spéciale à la section rythmique qui apporte un groove remarquable : la basse semble rebondir sur la batterie mesure après mesure, et fait irrémédiablement taper du pied. La guitare n’est pas en reste, avec des riffs qui puent le blues à dix miles, et un son crunchy qui n’amène que plus de texture aux plans savamment enchaînés.
Même sans être fan de claviers dans l’absolu, il est difficile de ne pas savourer son utilisation parcimonieuse au fil des titres : un exemple est parfait est « Said The Spider To The Bird », où Sean Johnston arrive parfaitement à intégrer ses plans à la structure donnée par la guitare de Leigh Maden. Clairement l’un des temps forts de l’album, qui promet de grands moments sur scène.
Les influences de Palace Of The King sur ce nouvel effort sont nombreuses, et parfois évidentes : en plus d’une orientation générale teintée de Led Zeppelin, on vous met au défi de ne pas penser automatiquement à Deep Purple (ces claviers !) ou encore Black Sabbath (« Move Through The Fire ») sur certains enchaînements, bien que le style en soit assez différent. Ainsi, point de plagiat ni de mimétisme ici, mais plutôt de très courtes références appuyées et probablement inconscientes, qui n’amoindrissent en rien le propos du groupe.
La production quant à elle est à l’image de l’impression dégagée par l’album : c’est propre, vintage à souhait, et parfaitement cohérent. Malgré une utilisation évidente de matériel analogique, le son est précis et permet d’apprécier de nombreuses subtilités des morceaux dès les premières écoutes. Un discret tambourin ici, une descente de clavier jazzy cachée là, l’album est en effet truffé d’arrangements variés, qui font toute l’âme de ce disque et renforcent la profondeur d’écriture décrite plus haut. Ce qui frappe le plus au niveau de la production, c’est le traitement réservé à la voix. 80% du temps, elle est réchauffée par un pré-ampli à lampes qui vient cruncher et écrêter le signal dès que Tim Henwood pousse un peu sa voix. L’effet est maitrisé, et apporte cette touche d’authenticité supplémentaire qui donnera des frissons aux amateurs de bon son.
Parce qu’une œuvre n’est que rarement toute blanche, la seule ombre au tableau demeure le premier titre à la fois peu dynamique et pas à sa place, comme déjà évoqué. Si l’on oublie ce léger travers, Palace of The King signé avec ce Get Right With Your Maker un excellent second album, digne héritier de White Bird/Burn The Sky. On a en tous cas hâte de revoir le groupe sur scène, ce qui sera le cas le 15 avril à l’Espace B de Paris. Palace Of The King y partagera la scène avec les franciliens de Wyld, comme en 2016. On a hâte d’y être et de vous y croiser !
Sortie le 23 mars 2018 via Golden Robot Records
1. I Am the Storm
2. It's Been a Long Time Coming
3. Sold Me Down the River
4. A Dog with a Bone
5. Said the Spider to the Bird
6. Move Through the Fire
7. The Serpent
8. Horizon
9. Fly Like an Evil
10. Back on My Feet Again