The Amsterdam Red Light District aime prendre son temps. Quatre ans séparaient ses deux premiers albums, et c'est le même laps de temps qu'il aura fallu patienter pour voir arriver la troisième réalisation du combo lyonnais. Des Lyonnais qui ont tapé dans l'oeil de plusieurs médias européens et qui pourraient enfoncer le clou avec Sapere Aude, qui fait beaucoup de bien face à une scène metalcore saturée. Explications.
De metal, il n'en est ici pas vraiment question, le groupe se classant plutôt quelque part entre le punk hardcore et le rock alternatif. Ce qui est rafraîchissant, c'est que tout en gardant l'énergie décomplexée du metalcore, le groupe ne s'enferme pas dans le carcan mélodique de la banalité absolue.
Première chose, si Elio Sxone est capable de s'arracher les amygdales avec talent, il peut aussi chanter d'une voix claire et rock très convaincante, ce qui élargit grandement l'éventail des possibles. Et niveau mélodique, on s'éloigne des refrains adolescents clichesques qui pullulent chez bon nombre de formations dont les capacités d'expression de l'émotion sont restées bloquées au niveau 14 ans.
Non pas que TARLD propose des enchaînements harmoniques d'un autre monde, mais en s'inspirant de combos comme Refused ou The Bronx tout autant que du metal, le groupe surprend dans un créneau finalement encore peu occupé.
Entendons-nous : le but ici n'est pas de comparer ce qui n'est pas comparable, mais avec ses parties de guitare lead, ses enchaînements très travaillés, TARLD est moins purement punk que les grands noms qui l'ont influencé, et tout en se rapprochant du metalcore, a néanmoins une personnalité bien à lui qui apporte un vent de fraîcheur à une scène qui malgré d'excellents groupes, a tout de même bien du mal à se renouveler.
Ici, pas de refrains émocores plus ou moins habilement cachés derrière des growls, mais de l'énergie. De l'adrénaline. Du ''Fighting Spirit''. 35 minutes et une dizaine de missiles jouissifs, suffisamment variés et accrocheurs pour que l'on ne s'ennuie jamais, entre titres fédérateurs prévus pour tout faire péter ("The best is yet to come", "carry on") ou d'autres un poil moins évidents ("The Whole city burns", "Sapere aude"), même si le but reste l'efficacité.
Le clip à 360°, une superbe idée dont on ne se lasse pas
A partir de là, il y a deux écoles. D'un côté, bravo à eux pour avoir sorti un album que l'on écoute et réécoute avec plaisir. Mais maintenant que l'excellence a été atteinte, peut-on espérer de la grandeur ? De nombreuses formations ont montré que le punk hardcore pouvait faire bien plus que se contenter de ruer dans les brancards. C'est sans doute la prochaine étape pour le groupe, qui serait peut-être bien inspiré de tenter un pari un peu fou à l'avenir.
La chanson-titre montre la voie. Composée de bruitages, samples et percussions, elle installe une ambiance particulière, mais il s'agit là de la seule tentative de sortir du créneau "album de rock qui tabasse". Un créneau qui n'est pas un mal en soi, au sein duquel TARLD fait preuve d'un grand talent, mais ce talent nous laisse espérer que le groupe parviendra à transcender le carcan de ses origines pour aller plus loin et s'imposer comme une référence au niveau de ses glorieux aînés.
Sortie le 2 mars 2018 via Red Light Records