De passage à Paris pour la promotion de The Shadow Theory, le nouvel album de Kamelot, nous avons eu la chance de nous entretenir avec le charismatique guitariste et leader du groupe Thomas Youngblood. Très décontracté, il nous a parlé du concept de l'album ainsi que de sa crainte de voir le monde devenir complètement vide de relations sociales autres que par écrans interposés.
Bonjour Thomas, c'est un plaisir de te rencontrer. Je suis ici pour discuter avec toi du nouvel album de Kamelot The Shadow Theory mais avant ça j'aimerais savoir comment tu vas depuis ces trois dernières années et la sortie de Haven.
C'est très gentil ! Je vais très bien, merci beaucoup de poser la question (rires). La création de Haven à été un long processus, ça nous a ouvert de nouvelles portes et a apporté des choses à notre répertoire en nous ouvrant aussi à un nouveau public en dehors des fans de metal symphonique et de power metal. On a une fanbase très variée maintenant et c'est cool. Comme tu l'as dit ça fait trois ans, mais trois ans non-stop à tourner et composer du coup ça fait du bien de se poser un peu avant de retourner à l'écriture. Haven a été un voyage fantastique pour nous, c'est pour ça qu'on en retrouve quelques éléments dans The Shadow Theory tout en y incorporant de nouvelles choses.
Le concept de l'album est constitué de trois points-clés, le Shadow Empire, le Shadow Key et le Shadow Wall. Peux-tu m'expliquer ce qu'ils représentent ?
Le Shadow Empire c'est un conglomérat de gens très riches qui contrôlent les gens comme nous, ils nous manipulent dans nos achats, les choses qu'on regarde à la télé ainsi que nos loisirs, ils s'assurent aussi qu'on reste endettés pour nous garder sous leur coupe. La Shadow Key est une sorte de métaphore pour le potentiel qu'on a à choisir notre propre destinée et le Shadow Empire tente de nous en empêcher. Une de leurs techniques est la dette. Si par exemple tu dois de l'argent à une banque tu dois faire des choses même si elles ne te plaisent pas comme accepter un job que tu détestes pour pouvoir rembourser de l'argent emprûnté. Notre personnage en couverture à une serrure sur la poitrine qu'elle doit ouvrir pour débloquer tout son potentiel. Le Shadow Wall c'est ce mur qu'ils créent comme les guerres et les divisions religieuses pour nous empêcher de réaliser ce qu'ils font vraiment dans l'ombre. L'intrigue se passe dans ce futur dystopique qui n'est, au final, pas si éloigné du notre mais ne raconte pas à proprement parler une histoire comme dans Silverthorn.
J'ai eu la chance d'écouter The Shadow Theory, c'est un album très mélodique avec de superbes chorus. Quand tu composes un morceau, tu te focalises sur ça en priorité ?
On se souvient toujours d'un super chorus, toutes nos chansons en ont un, que le morceau soit mélodique ou non. On tente toujours d'y apporter un soin particulier mais pour moi les vers sont très importants également comme sur "Phantom Divine" qui en possède un super cool. Le truc cool avec nos chorus c'est qu'ils sont mélancoliques, on entend souvent le terme catchy-chorus qui se réfère à quelque chose de joyeux mais pour nous il est important de garder ce côté romantique/tragique qui est un peu l'héritage de Kamelot.
The Shadow Theory me rappelle par moment des albums plus anciens de Kamelot comme Ghost Opera, tu avais ça en tête quand tu as commencé à travailler dessus ?
Tu n'es pas le premier à me dire ça (rire). J'adore l'ambiance, l'esprit et le côté tragique de Ghost Opera; ce mix symphonique mais aussi cette idée d'un futur dystopique. Sur l'album on voulait un son plus synthétique comme sur le morceau "Amnesiac" mais je peux comprendre que les gens le voient comme un mariage entre Haven et Ghost Opera même si je n'ai pas réfléchi à ça quand j'ai commencé à écrire.
Tu as dit : "nous sommes tous prisonniers de nos créations" en référence à la technologie et ce qui attend l'être humain, penses-tu qu'on pourrait étendre ta phrase à la musique ?
Tout à fait ! Je suis prisonnier de ma création avec Kamelot (rire). Ma femme pourrait te dire que j'ai toujours mon téléphone pour noter une idée ou prendre une photo en rapport avec Kamelot. C'est une sorte de prison mais créative alors ça peut aller contrairement à tous ces trucs avec les interactions sur les réseaux sociaux. J'ai peur d'imaginer un monde où tu peux avoir absolument tout ce que tu veux directement en livraison chez toi du coup tu n'as plus besoin de sortir. Imagine un monde dans une centaine d'années où plus personne ne voit personne que par écran interposé, la population décline, les livreurs sont remplacés par de drones et dès maintenant tu vois les Über sans conducteur c'est vraiment flippant.
The Shadow Theory est le troisième album avec Tommy, c'est un super chanteur, tu peux me dire ce qu'il apporte à la musique de Kamelot en comparaison avec Roy ?
Je n'aime pas comparer mais je peux te dire qu'il apporte la même qualité en terme d'écriture et que je suis toujours impressionné de voir quelqu'un écrire en anglais aussi bien alors que ce n'est pas sa langue maternelle. Il a une approche musicale différente et nous a ouvert de nouvelles possibilités, on est vraiment heureux de l'avoir choisi et surtout qu'il ait dit oui (rire).
Kamelot a depuis longtemps l'habitude d'avoir des chanteuses invitées sur ses albums comme Simone Simons, Elyze Ryd et Alissa White-Gluz, comment as-tu choisi Lauren Hart et Jennifer Haben pour The Shadow Theory ?
Lauren Hart était déjà dans mon radar depuis déjà quelque temps, nous avions joué avec Iron Maiden en juillet dernier et mon amie Kobra Paige nous avait alors conseillé de la prendre sur notre nouvel album. On l'a vu en concert et elle déchirait du coup on lui a proposé de venir dans un premier temps avec nous sur la tournée nord-américaine puis ensuite d'enregistrer sur le disque, ce qu'elle a accepté. Jennifer Haben est la chanteuse du groupe Beyond The Black, elle est aussi amie avec Sasha notre producteur. Elle a cette voix, je devrais pas dire ça mais très Disney, très douce et innocente qui est parfaite pour les ballades comme le morceau "In Twilight Hours" qu'on a sur l'album.
Comme tu l'as dit, The Shadow Theory est produit par Sasha Paeth et Oliver Hartmann est présent en guest sur l'album, je trouve que tu es plutôt proche de la famille Avantasia, serais-tu intéressé par une collaboration avec Tobias Sammet ?
Oui bien sûr ça serait cool mais c'est un gars très occupé (rire), nous avons tourné avec Edguy aux Etats-Unis et je me souviens de quelqu'un de très sympa et drôle. En réalité nous sommes proches de beaucoup de musiciens en Allemagne car notre producteur Sasha connaît tout le monde là-bas.
Peux-tu me dire quel est ton morceau favori sur The Shadow Theory et par extension l'album dont tu es le plus fier ?
Avec le recul, je dirais que l'album dont je suis le plus fier est Silverthorn car c'était le premier avec Tommy, on ne savait pas comment les gens allaient réagir à cette nouvelle voix et ça représentait un défi de taille pour nous. Sur The Shadow Theory il y a un morceau qui s'appelle "Burns To Embrace" et qui parle du monde qu'on va laisser à nos enfants.
C'est le morceau avec les choeurs d'enfants ?
Oui, tout à fait ! Mon fils fait partie des choeurs et je l'ai enregistré il y a quelques semaines maintenant. Il adore chanter du coup je lui ai donné une partie et Tommy m'a dit: "c'est une partie difficile mais essayons" et il a assuré ! On a eu plusieurs prises qu'on a incorporé aux choeurs et il n'arrêtait pas de sourire, c'était trop cool et c'est la raison pour laquelle c'est mon morceau préféré. Il y a aussi "RavenLight" que Tommy a presque composé entièrement y compris les guitares et le refrain est super cool.
Cela fait maintenant 12 ans depuis la sortie de votre DVD live One Cold Winter's Night, avez vous prévu de filmer cette tournée pour sortir un Blu Ray ?
Oui, enfin (rire) ! Nous avons signé un contrat pour un DVD, pardon, je devrais dire Blu Ray nous ne sommes plus en 2005 (rire). Mon idée est d'avoir une personne qui nous suit sur la tournée pour filmer en backstage et plusieurs concerts majeurs comme Paris, Londres et Oslo, le plus gros étant celui de Tilburg. Je veux vraiment qu'il y ait un documentaire pour les bonus et que la partie concert soit grandiose avec plein d'effets sur scène, je veux vraiment mettre la barre haute.
En parlant de concert, tu te souviens de ton premier en France ou d'un souvenir marquant ?
Je crois que le premier concert qu'on a donné ici était avec Sonata Arctica et qu'on a joué "Ne pleure pas", la version française de "Don't You Cry". On voulait un morceau en français pour nos fans et si je dis pas de bêtises c'était à L'Elysée Montmarte, tout le monde chantait et ça nous a donné des frissons.
Merci beaucoup pour ce moment Thomas, as-tu un dernier mot pour tes fans français ?
C'était un plaisir, merci à tous pour votre soutien tout au long de ces années, nous avons trois concerts prévus en France et j'espère que vous serez là et que l'album va vous plaire !
Photos : © 2018 RenaudG
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Remerciements à Elodie Jouault et Charles Provost de Him Media.
