Poison Smile, le hard rock qui a du chien
American Dog sort son sixième album Poison Smile, après douze ans de carrière. Avec son hard rock classique agrémenté d’éléments punk, le power-trio arrive à pondre un disque entraînant et rythmé, malgré les limites techniques des musiciens et un manque de renouvellement et d’originalité flagrant. Un disque qui remue la queue gentiment, sans jamais forcer l’auditeur à montrer les dents.
Les trois américains lâchent les chiens pour la sixième fois avec le petit dernier sorti du studio : Poison Smile. Avec quarante minutes affichées au compteur, le disque s’écoute rapidement et ne fait pas dans la dentelle. Morceaux simples dans leur construction, riffs simples et rythmique entrainante constituent l’ensemble du dernier bébé d’American Dog, qui ne sort pas de ses habitudes.
Ainsi, le disque contient des titres entrainants à la rythmique enlevée, comme "Devil Dog" ou "Lust And Greed", mais aussi des mid-tempos bien sentis comme "Old Dog, New Tricks" ou le morceau-titre. Le groupe a eu la bonne idée d’inclure ça et là quelques curiosités parmi les morceaux, comme "2012 A.D.", instrumental aux harmoniques de guitare qui évoquent une ambiance western intéressante. Cette ambiance revient ensuite sur le dansant "Bathroom Romance", dont le piano en arrière plan donne un cachet saloon agréable.
Malheureusement, tous les morceaux de l’album ne sont pas ainsi faits et la fin de l’album peut laisser le rockeur sur sa faim avec un "Off The Chain" qui prend des allures de filler malgré sa talk-box amusante et "Can Your Pussy Do The Dog ?" qui démarre bien mais qui s’écrase en vol à cause d’un break poussif qui s’étire inutilement en longueur.
Au sein des chansons, la basse de Michael Hannon est omniprésente et offre une charpente rythmique solide, aidée par le jeu de batterie épuré de son homonyme Michael Harris. Côté guitare, Steve Theado offre un son typiquement old school, avec une saturation grasse qui permet aux riffs, généralement simples et accrocheurs, de prendre tout le corps dont ils ont besoin. Ses solos ne se perdent pas en déballage technique, mais son jeu limité a tendance à fatiguer au fur et à mesure que les titres s’enchaîne et que ses interventions se ressemblent.
Stylistiquement, American Dog ne bouge pas. Pratiquant un hard rock typé sudiste (bien que le groupe soit installé dans l’Ohio), les trois rednecks n’oublient pas d’inclure une bonne dose d’influences punk, gérées à la manière d’un Motörhead, qui rendent les morceaux plus entrainants. Le chant de Michael Hannon va dans ce sens, avec de bons aboiements élevées à la bière et au whisky, des phrasés punk et un timbre qui rappelle celui de Vincent Furnier, alias Alice Cooper.
Avec Poison Smile, American Dog n’entend pas réinventer le hard rock. Les trois comparses s’amusent, preuve en est avec des paroles comme "Just Like Charlie Sheen" ou "Can Your Pussy Do The Dog ?" qui prêtent à sourire. Apportant peu au genre, le groupe offre malgré tout un album agréable et efficace, qui mérite tout l’intérêt des amateurs de rock n’roll américain. A écouter avec une bonne bière.