Deux jours avant le printemps, voilà que l’hiver fait des siennes et nous offre 15 cm de neige, pile pour la dernière date de la tournée d’Orphaned Land, Chez Paulette. N’écoutant que notre courage, nous bravons les éléments pour assister à un concert qui, on l’espère, va apporter un peu de chaleur dans nos corps et dans nos coeurs. Et avec trois groupes de support, Subterranean Masquerade, Lunarsea et Road To Jerusalem, on est assuré d’y trouver son compte.
Road To Jerusalem
On commence tout doux avec les Danois de Road to Jerusalem. On est bien loin du style d’Orphaned Land mais le rock/stoner expérimental proposé par le groupe fait monter doucement la température. Formé en 2016 et avec un album éponyme tout fraichement sorti, ils viennent défendre des morceaux hyper travaillés, avec des rythmiques composées et un chant ultra maitrisé. C’est autant lourd et lancinant que puissant et entrainant. Au chant, Josh Tyree est habité par sa musique, avec sa voix à la fois rocailleuse et aiguë, on est impressionné par tant de justesse. Le public est encore clairsemé et il est difficile pour le groupe d’obtenir un peu de répondant, mais il y a une belle technicité et une réelle sincérité de la part de tous les membres du groupes. Road To Jerusalem porte bien son nom car il a réussi à faire voyager nos esprits. Un ensemble très plaisant, une belle découverte et une belle mise en jambe pour la soirée.
Subterranean Masquerade
Le ton et l’énergie montent d’un cran avec les Israéliens de Subterranean Masquerade. Un véritable ovni tant les influences et les styles se mélangent : un mélange de doom, de metal progressif sur fond de musique orientale et psychédélique. Le style est assez proche du groupe de tête d’affiche, ce qui arrive à emporter le public assez rapidement. Il faut dire que le groupe est aussi hyper motivé, tout le monde saute dans tous les sens, ne cessant de sommer le public de faire monter la température. Au chant clair, le chanteur de session a été remplacé par Davidavi Dolev, et il se donne à fond, en escaladant poutres et batterie, et en gardant une justesse assez impressionnante : une vraie pile. Techniquement, c’est plutôt bien exécuté meme si parfois les contretemps se font un peu trop au fond du temps pour que tous les musiciens arrivent à suivre. Un chant growlé donne la teinte extreme au groupe, même si le chanteur paraît plutôt timide. Accompagnant Orphaned Land depuis le début de leur tournée, on sent que la fatigue commence à s’emparer d’eux. Une prestation en demi-teinte car même si le public semble passer un bon moment, l’énergie déployée par le chanteur semble surjouée et ne correspond pas vraiment à l’ambiance de la soirée. Le style étant proche d’Orphaned Land, sans réellement s’en démarquer, on passe un bon moment, sans y trouver de particularité.
Lunarsea
Dans un style totalement différent du reste de la soirée, nous accueillons Lunarsea avec une certaine appréhension. En effet, nous assistons ici à un mélange de death et de black metal, difficile à ingurgiter après une douce montée dans le monde du metal progressif. Cela dit, sur scène, ça bouge pas mal, ils ont l’air de vivre leur musique à fond. Musicalement, on ne sait pas si les Italiens sont fatigués mais ils semblent parfois se mélanger les pinceaux en s’engouffrant dans des rythmiques et des harmoniques qu’ils n’arrivent pas forcément à tenir. Heureusement certains morceaux, les plus récents, sont plus puissants et plus carrés, ce qui arrive à faire adhérer la plupart de la foule. On appréciera sûrement plus la technicité sur album que sur scène, mais l’ambiance est bonne, et sûrement que l’appréciation donnée aurait été différente dans une soirée où le genre aurait été mis à l’honneur.
Orphaned Land
Une foule plus dense s’impatiente devant la scène pendant le soundcheck. Nul doute que beaucoup d’entre eux ont fait le déplacement spécialement pour le quintet israelien. Un set en demi-mesure, alternant morceaux puissants et ballades orientales : difficile d’adhérer quand la pression n’est pas crescendo. Mais les fans sont nombreux et répondent volontiers aux appels de Kobi Fahri. Celui-ci semble plutôt absent au début du set, intériorisant le concert au maximum pour se concentrer sur la justesse de son chant, en cette dernière date d’une tournée qu’on imagine éprouvante. Cette attitude contraste totalement avec celle de ses acolytes, plutôt souriants et enjoués, surtout Uri Zelcha à la basse, qui s’agite et headbang dans tous les sens.
Même si elle est inconstante, la setlist est intelligente puisqu’elle intègre les morceau les plus appréciés du public, qui ne se fait pas prier pour chanter ou pour taper les rythmiques les plus emblématiques. Au milieu du set, "Yedidi" inverse l’ambiance du show et donne un vrai second souffle à la prestation, plus propice à l’énergie et aux mouvements de foule. Kobi semble plus à l’aise avec sa voix et particulièrement sur les passages growlés : il semblerait que l’inépuisable énergie du bassiste ait contaminé le reste des musiciens. Le set se terminera dans la bonne humeur et les bonnes émotions, le combo remerciant chaleureusement le public et faisant oublier un départ difficile.
Une dernière date de tournée qui a encore une fois fait mouche. On peut réellement sentir l’engouement pour le groupe et son style incomparable, qui réchauffe les esprits, à la fois accessible et sincère. Malgré une prestation globale en demi-teinte, Orphaned Land et ses acolytes du jour peuvent être contents de terminer sur cette jolie note.
Crédit Photo: Des Photos Au Poil (toute reproduction interdite)
Merci à Access Live pour l'invitation.