Between the Buried and Me – Automata I

Plus de dix ans après avoir explosé sur la scène metal prog mondiale, Between The Buried and Me est désormais une formation bien établie. Avec un line-up stable depuis Alaska (2005), des albums aux concepts toujours plus recherchés (Parallax, Coma Ecliptic) et une musique d'une richesse difficilement comparable, chaque sortie depuis Colors est une nouvelle réussite artistique et commerciale. Avec Automata I, BTBAM propose la première partie d'un concept dont la suite est attendue pour l'été. Frustrant, d'autant plus que toutes les qualités sus-mentionnées sont une fois de plus présentes sur ce nouvel opus.

Les Américains ont révélé le titre d'ouverture, "Condemned to the Gallows", longtemps avant la sortie d'Automata. Une bonne idée tant l'univers du quintet reste difficile d'accès. Cela nous a donc permis de nous familiariser avec ce nouveau titre, et donc de rentrer bien plus facilement dans ce nouvel opus. Tous les éléments des titres phares de Between (à la manière d'un "Astral Body", d'un "Obfuscation" ou d'un "Coma Machine") sont présents, à savoir des structures complexes, un chant alternant growls et voix claire et des parties instrumentales qui de prime abord semblent partir dans toutes les directions, tout en étant totalement maîtrisées.

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Malgré tout, sur Automata, on se sent en terrain connu si l'on compare les titres à ceux des albums les plus récents, Coma Ecliptic et Parallax II : The Future Sequence. Est-ce en raison du format conceptuel une nouvelle fois expérimenté ? Peut-être. Mais les passages mélodiques au cours desquels les claviers sont plus mis en avant renforcent également cette sensation (le pont de "House Organ" et le passage à 2:41, l'interlude "Gold Distance" qui joue un rôle de transition tel "Parallax" ou "Dim Ignition" sur l'album précédent). Avec "Millions", BTBAM lorgne vers les titres les plus courts de son répertoire, peut-être les plus accessibles également, comme "Mirrors" ou "Desert of Song" sur l'excellent The Great Misdirect. Pourtant, à aucun moment on ne ressent de la redite ou de l'auto-plagiat. Le quintette a simplement inventé son propre univers et l'explore à chaque sortie discographique.

L'homme fort de ce nouvel opus est sans conteste Tommy Rodgers, qui fait preuve une fois de plus de beaucoup de versatilité dans ses parties vocales, interprétant ses textes avec conviction et bénéficiant par ailleurs de très belles lignes de chant (le refrain de "Millions", "Blot" à 7:49). De même, le chanteur officie également aux claviers et continue de distiller des passages parfois très électroniques ("Yellow Eyes" à 6:08, "Blot" à 7:20), mais sans que cela ne prenne le pas sur les instruments à cordes, renforçant simplement l'ambiance science-fiction.

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Et dans la tradition de ses grands albums, BTBAM excelle sur les formats longs, ici au nombre de deux : "Yellow Eyes" et l'orientalisant "Blot". Ce dernier est une vraie joute pour les musiciens, notamment Paul Waggoner et Dustie Waring (guitares) qui se font clairement plaisir, et même si l'intensité d'un "White Walls" ou d'un "Swim to the Moon" n'est pas atteinte (pourront-ils le refaire un jour ?), ce titre est un grand cru, avec ses ambiances à la "Home" de Dream Theater. La production est une fois de plus brillante et permet de saisir les subtilités de chacun des musiciens, en particulier Dan Briggs dont le jeu ne cesse de s'enrichir à chaque album.

Seule ombre au tableau, le découpage de l'oeuvre en deux, et donc une première partie bien trop courte (35 minutes) qui s'arrête au moment où l'auditeur rentre réellement dans l'ambiance de l'album. Le climax atteint par "Blot" s'arrête bien trop brusquement, suscitant un sentiment de frustration mêlé d'envie de découvrir rapidement la suite.

Pour l'heure, cette première partie est une nouvelle réussite de la part des Américains, en dépit de son format trop court (BTBAM avait auparavant fonctionné d'une manière presque similaire avec leur EP The Parallax Hypersleep Dialogues, qui constituait un avant-goût plus qu'attrayant pour Parallax II). L'effet désiré par le combo est bel et bien réussi, l'attente risque de paraître longue avant de poser les oreilles sur la seconde partie. 

Déjà sorti chez Sumerian Records
Crédits photos : © Arnaud Dionisio 2015
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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