Pour sa dix-septième édition le festival picard a réussi à attirer une audience conséquente en proposant une affiche plutôt variée. Ainsi, le war metal d’Atrystos et le heavy racé d'Existance ont côtoyé le black metal d’Azziard, le death metal technique de Carcariass, le power metal d’Öblivïon et le death moderne des vétérans de No Return. Ce sont les bouchers belges Aborted qui ont été chargés d’achever tout le monde dans une ambiance de fiesta métallique.
Chaulnes Metal Fury !
C’est désormais une tradition : pendant que le lapin de Pâques se prépare à distribuer du chocolat qui donnera quelques crises de foie (foi ?), les métalleux Picards et de Navarre se retrouvent à Chaulnes pour prendre leur dose de riffs et de décibels. Et cela fait seize ans que ça dure. Après avoir célébré sa quinzième édition l’année dernière, le Chaulnes Metalfest remettait donc le couvert en proposant une affiche qui a tenu ses promesses.
Ce qu’il y a d’agréable déjà en arrivant au Centre socio-culturel est de ressentir ce côté convivial et familial, ainsi au fil des éditions tout le monde se connait et cela donne l’impression de se retrouver pour une grosse fête entre potes. Chaulnes c’est aussi ces stands où, en plus de pouvoir se restaurer, boire une bière ou du café en étant très aimablement servi par les bénévoles, on peut par la même occasion compléter sa collection de cds, fanzines et tee-shirts.
Plus inattendu, cette année il y avait aussi possibilité d’acheter de l’hypocras Öblivïon, sans oublier la fameuse télécommande du futur proposée à la vente par Atrystos. Il est de même à noter que la plupart des membres des formations programmées étaient disponibles pour échanger dans la salle et autour des stands.
Les deux gros points noirs de l’année dernière avaient été le manque de monde au début du festival et une sono à la fois trop forte et brouillonne qui avait parfois gâché les prestations. Nous espérions donc que cela ne se retrouverait pas pour l’édition 2018.
Premier constat lorsqu’Atrystos fait sa balance : le son s’annonce bien meilleur et cela se confirmera tout du long (malgré parfois quelques imperfections), deuxième chose : le festival a accueilli bien plus de monde dès le début de la journée. Il est à retenir aussi que cette année la scène s’est vue doter d’un jeu d’éclairage tout à fait convaincant et de jets de fumée (élément ô combien metal) parfois bienvenus lors des sets.
Tout était donc réuni pour que cette seizième édition soit un succès, elle le fut, à un détail près : le retard cumulé au début qui a poussé certains groupes à raccourcir leur concert, frustrant...
Atrystos
Groupe de Montdidier formé fin 2014, auteur d’un EP cinq titres The fucking war, se disant influencé par la guerre et le houblon, Atrystos a la tâche d’ouvrir cette nouvelle édition du Chaulnes Metalfest. Son concert a été à l’origine (de façon volontaire ou pas là n’est pas le sujet et nous ne jetons la pierre à personne) du bémol à retenir de la manifestation : le retard accumulé qui a joué dans le bon déroulement de l’évènement.
En effet, Atrystos devait à l’origine commencer son set à 15h20 mais n’a réellement entamé son concert que vers 15h45 après une longue balance. Le groupe s’est même interrompu après avoir entamé son premier titre pour le recommencer alors que le son était convenable.
Si tant de perfectionnisme a ses avantages (la prestation du groupe a été tout à fait correcte) il a aussi ses inconvénients comme le prouvera la suite… Pour le reste ce concert d’Atrystos s’est déroulé devant une assemblée tout à fait convenable, il y avait par ailleurs quelques fans dans le public, et le groupe s’est montré convaincant.
Basé sur un concept cosplay et arborant un look renvoyant aux mercenaires post-atomiques ou à des groupes comme Rogue Male et Carnivore, les musiciens, sur fond d’une intro musicale martiale, font un salut guerrier entre eux avant d’envoyer les hostilités par un « Salut Chaulnes ! On va pouvoir commencer cette putain de bataille ? » scandé par le frontman Falcon 050.
Atrystos pratique un death black mâtiné d’influences punk et très théâtral et le tout remplit parfaitement sa fonction : passer un bon moment. Le public s’est par ailleurs montré très réceptif aux interventions de Falcon qui leur parle une hache à la main. De même le groupe ne manque pas de savoir-faire musical, malgré un son parfois un peu brouillon au niveau des guitares (cela s’améliorera vers la fin), et d’énergie.
De plus le combo picard a dégainé un humour qui a fait mouche tout au long de sa prestation, le guitariste-chanteur brandissant parfois un panneau « Aplodyce » ou un autre sur lequel est écrit « Je suis con » (clin d’œil à leur clip « We are an Army »), quand il ne se sert pas d’une canne à pêche pour essayer d’attraper quelqu’un dans le public.
Le moment le plus délirant de ce set aura été l’évocation d’une télécommande du futur pendant « Brutal Love », objet permettant de stopper le groupe en pleine exécution du titre avant de le remettre en route ou « d’interrompre les ronflements de votre mec » disponible sur le stand merchandising du groupe. La mascotte du combo, qui possède des faux airs d’Eddie The Head est montée sur scène durant le fédérateur « Nazi Zombies », titre sur lequel il a été demandé à l’assistance de faire le mort-vivant, chose qu’elle ne s’est pas priée de faire en plus des traditionnels pogos et autres circle pits.
Le groupe a achevé son concert, amputé d’un titre à cause du retard accumulé, sur le thrashy « The Fucking War », après avoir interprété ce qui semble être déjà son classique le punky « We are an Army », sous les hourras du public.
« Nous sommes la horde d’Atrystos et nous venons du futur, de votre putain de futur ! » a lancé à un moment Falcon 050, ce futur se montre plutôt prometteur si l’on en croit le show qu’a donné le groupe, futur qui devrait prendre forme d’un nouvel EP à paraitre dans l’année. A suivre donc.
Setlist :
« My Nation »
« I am a Man »
« Brutal Love »
« Master and War »
« Nazi Zombies »
« We are an Army »
« The Fucking War »
Azziard
Groupe parisien formé en 2001 et auteur de trois albums, d’un split et d’un EP, Azziard prend le relais d’Atrystos pour exécuter son black metal proche de Marduk. Le répertoire de leur set est tiré du très bon Metempsychose, dernier disque sorti en décembre 2017.
Avec une bouteille de whisky posée sur la scène et dans laquelle les musiciens boiront tout au long de leur concert, les Franciliens donnent tout, en respectant certains codes du black, comme cette attitude froide et distante à l’égard du public. En effet, pas une seule fois un « merci » ou « bonjour » ne se sont fait entendre, peut-être pour préserver une certaine aura sulfureuse.
Il faut avouer que leur musique est très efficace, tout le monde est au taquet pour nous faire plonger dans les plus profonds trépas de l’existence. A.S.A., principal vocaliste (parfois rejoint sur scène par Psycho chanteur de Antilife et Hats Barn, aussi guest sur certains morceaux de Metempsychose) semble littéralement possédé et les musiciens sont d’un très bon niveau technique.
Les amateurs d’ambiances glaciales et brutales ont ainsi pu se délecter de « Le Meurtre du héros » (et ses cris de folie porcine au milieu), de l’agressif et martial « Psyché » et du très bon « L’Enfer » (et son « Ici est présent l’Enfer, cette terre n’est pas votre Eden, depuis bien longtemps il est perdu. »).
L’armée de démons quitte les planches sur le long, hypnotique et au tempo doom « Le Sacrifice » (interprété sans ses chœurs dignes du The Omen de Jerry Goldsmith présents sur la version studio qui lui donne une réelle aura maléfique), . A.S.A donnant un furieux coup dans son pied de micro. Nous apprendrons plus tard que cette réaction hostile était due au fait que l’on avait permis au groupe d’interpréter entièrement sa setlist avant qu’on ne lui demande de l’amputer d’un titre, à cause du retard cumulé.
Setlist :
Intro
« Psyché »
« Unus Mundus »
« Le Meurtre du héros »
« Interlude-Le Second Jour »
« L’Enfer »
« L’Anachorete, Dies »
« Le Sacrifice »
Öblivïon
Ce qu’il y a de bien parfois avec les balances c’est que cela peut se transformer en juke-box metal, c’est le cas avec Öblivïon. Ainsi chacun a pu réviser son petit Maiden illustré en entendant les lignes de basse et riffs de « The Number Of The Beast » et « Phantom Of The Opera » ou s’amuser à reconnaitre « Black Sabbath » et autres classiques. Un entracte plutôt sympathique avant que le groupe ne commence son set plus tard que prévu, ce qui n’empêchera pas que tous les titres soient interprétés cette fois-ci.
Formé en 2016 par trois ex-Nightmare : Jo Amore (qui était venu à Chaulnes l’an dernier avec son autre projet Now Or Never), David Amore et Steff Rabilloud, Öblivïon a sorti son premier album Resilience en février 2018 et se produisait dans le cadre du Resilience Tour 2018 donc.
Le power metal sophistiqué pratiqué par les Provençaux est assez proche de Nightmare et ne manque pas de charme et d’énergie comme le démontre ce concert qui débute par l’efficace « Evil Spell ».
Jo est très en voix, comme il le prouve sur la ballade « I Thought I was a King », et le seul regret à avoir est que justement cette dernière ait été un peu trop mixée en avant du reste des instruments, ce qui parfois nous empêcha de réellement profiter du talent des autres musiciens (notamment des lignes de basse plutôt virtuoses de Markus Fortunato).
Les parties symphoniques incluses dans les titres sont samplées mais cela ne perturbe pas pour autant le concert d’Öblivïon qui compte une majorité de fans dans l’assistance, se délectant de « In The Arms of a Queen » au refrain efficace ou des maideniens « Shine In My Galaxy » et « Race is On » (un titre écrit par le guitariste Steff Rabilloud comme le rappelle le frontman). Des fans qui parfois n’hésitent d’ailleurs pas à monter sur scène comme cela a été le cas sur « Shine In My Galaxy ».
Autre surprise : l’interprétation de « Lord Of The Sky », titre de Nightmare extrait de Waiting For The Twilight, premier album du groupe sorti en 1984, dans une version réactualisée et qui cette fois-ci voit l’arrivée sur scène d’un petit garçon visiblement fan du groupe. Ce dernier est chaleureusement accueilli par Jo et le reste du groupe avant de repartir avec une setlist en guise de cadeau.
Öblivïon achève son concert sur la power ballad « Dreamers, Believers », pendant laquelle le chanteur serre des mains, avant de quitter les planches sous les hourras du public.
Setlist :
« Evil Spell »
« In The Arms of a Queen »
« Shine In My Galaxy »
« I Thought I was a King »
« Race is On »
« Bells of Babylon »
« Lord Of The Sky »
« Dreamers, Believers »
Existance
Autres Picards à l’affiche (de Clermont), groupe formé en 2008 et auteur de deux albums remarqués par la critique, Existance s’apprête à prendre la relève d’Öbliviön alors que plus d’une heure de retard s’est accumulée dans le début du festival.
La salle se plonge dans le noir tandis que le backdrop aux couleurs du groupe brille sur scène et les notes de… « Du rhum, des femmes, » de Soldat Louis jouées sur une corde de guitare se font entendre, ce qui semble prouver que le groupe ne manque pas d’humour. Puis un violent tonnerre (qui fera sursauter certaines personnes dans la salle) retentit avant l’intro (jouée sur bandes) de « Heavy Metal Fury », titre introduisant leur dernier album Breaking The Rock.
C’est bien entendu sur ce morceau qu’Existance fait son entrée pour proposer justement une vraie fureur heavy metal. Les musiciens sont au top, aussi bien techniquement qu’au niveau scénique et l’on sent les années de rodage à coups de tournées malgré le jeune âge de la plupart des membres du combo.
Le frontman Julian Izard fait preuve d’un réel charisme, arrivant à faire chanter le public et les titres s’enchainent sans répit.
Le set d’Existance s’est intelligemment équilibré sur les deux albums sortis par le groupe Steel Alive et Breaking the Rock et le groupe semble s’être fait de nouveaux fans si l’on en croit la réaction du public qui lui réserve un très bon accueil.
Nous retiendrons particulièrement de ce concert la version explosive de « We are Restless » pendant laquelle l’assistance est sollicitée pour reprendre en chœur le refrain et les slams déchainés à la fin du morceau.
Moins bonne note : le set a dû être amputé d’un titre à cause du retard accumulé, ce qui nous a privé de « From Hell » (nous n’aurions pas été contre entendre aussi « Marilyn ») qui devait être originellement joué, dommage aussi que le son ait été parfois capricieux, notamment pour les parties de lead guitar de Julian.
Le groupe a achevé son concert sur une reprise tout à fait convaincante du « Jawbreaker » de Judas Priest, laissant l’occasion à Julian Izard de délaisser sa guitare pour se concentrer sur le chant.
« Heavy Metal Fury in your fucking brains ! » lance avec énergie le frontman avant de quitter les planches, mission accomplie : notre cerveau a eu sa dose de décibels et de fureur justement, et ça fait du bien.
Setlist :
« Heavy Metal Fury »
« Slaughter »
« Steel Alive »
« Dead or Alive »
« We are Restless »
« Breaking The Rock »
« Jawbreaker » (Judas Priest)
Carcariass
S’il y a un groupe qui était attendu lors de cette seizième édition du Chaulnes Metalfest c’est bien Carcariass. En effet le trio bisantin évoque pour beaucoup d’amateurs de metal extrême et technique de nombreux souvenirs et reste le témoin d’une époque pendant laquelle l’underground se développait sans bénéficier de l’exposition qu’internet apporte de nos jours. Un temps encore nimbé de mystères.
A peine sa balance achevée que Carcariass attaque son set, sans intro et artifices annonçant le début des festivités. Ce qui fait que certains (dont votre serviteur) étaient encore en train de discuter ou flâner aux stands de merchandising alors que le groupe commençait son concert.
On pouvait craindre vu la haute technicité de la musique du trio que ce dernier se montre un peu trop démonstratif et ennuyeux sur scène. Cela n’a pas été le cas.
Attaquant par l’intro de « Sideral Torment », le groupe finalement enchaine sur le spatial (rappelant le Pestilence de Spheres) « Revenger » extrait de E-xtinction, dernier album paru en 2009. Ce concert concentrera l’essentiel de son répertoire sur les deux derniers albums publiés par Carcariass E-xtinction et Killing Process (paru en 2002), faisant l’impasse sur Hell On Earth et Sideral Torment, ce qui ne nous fera pas perdre au change avouons-le.
Une chose apparait : le power trio est très en place et bénéficie en plus d’un son tout à fait correct permettant de profiter du talent des musiciens. Ces derniers sont plutôt statiques car concentrés sur leurs instruments mais leur virtuosité convainc rapidement le public qui se délecte de l’intro de basse vertigineuse de « Domination », des breaks de « Tragical End » ou du très Death « Mortal Climb ».
L’accueil enthousiaste de l’assistance donne vite le sourire aux musiciens qui vont enchainer les parties de tapping hallucinantes pour un concert qui va vite passer tellement tout le monde est captivé.
Seule ombre au tableau : une fois de plus le set est écourté de deux titres prévus « Chaos And Decay » et « Indians Eviction » pour permettre de rattraper le retard cumulé. Les fans réclament un rappel (dont « Killing Process ») mais Carcariass ne revient pas.
Une chose est sûre : le groupe a fait de nouveaux adeptes par la qualité de sa performance, en témoignent les ventes de cds (dont le deuxième album Sideral Torment disponible au prix symbolique d’un euro) et de tee-shirts au stand du groupe après sa prestation.
Ce concert aura été peut-être la surprise à retenir du festival et on attend avec impatience le nouvel album de Carcariass qui doit sortir courant 2018.
Setlist :
« Sideral Torment »
« Revenger »
« Domination »
« Tragical End »
« Watery Grave »
« Mortal Climb »
No Return
La venue une nouvelle fois des Franciliens de No Return témoigne au moins d’une chose : à Chaulnes on reste entre potes dans une ambiance familiale et bon enfant. Le groupe s’est déjà produit l’an dernier et lors d’éditions précédentes et on pouvait envisager d’accueillir ce concert en se sentant blasé. Cela n’a pas été le cas.
Sur un décor reprenant la pochette de leur dernier album The Curse Within sorti fin 2017, No Return entame les hostilités par « The Crimson Rider », extrait du même album et qui sonne déjà comme un classique avec son festival d’harmonies de guitare et son refrain efficace. « On a pris notre abonnement ! » lance Mick Caesare une canette à la main pour souligner la fidélité du groupe au festival et à son public tout en rappelant que c’est « toujours bien de jouer à la maison ».
Cela a beau être la troisième ou quatrième fois que nous voyons No Return sur scène, il faut avouer que le plaisir reste intact tellement le set est carré et les musiciens au top, sans oublier que le son aura été meilleur que l’année précédente. Alors c’est toujours avec délectation que nous entendons le « tube » « Submission Falls » et autres titres joués depuis quelques temps.
Nous découvrons aussi les charmes du bastonneur « Memories Turns To Ashes » et son refrain qui fait mouche, et du sophistiqué « Despise Your Heroes » (« Despise the fucking Heroes ! » comme le lancera le frontman).
Mick communique toujours autant avec ses fans, trinque avec eux, invite tout le monde à lever les bras à un moment, ou filme l’assistance avec son téléphone, quand il ne demande pas à « faire du bruit pour cette putain d’orga ! ». Nous aurons de même droit de nouveau à la présentation de « l’enfant du pays », en l’occurrence Geoffroy Lebon ex-Ashura avant que le concert ne s’achève sur « Stronger Than Ever » (qui avait ouvert le set de l’année précédente) et son « looking to my eyes ! » rageur.
Mick Caesare invite alors à se retrouver autour du stand du groupe pour papoter autour d’une bière. Un concert de No Return sans surprises donc, contrairement à l’année dernière, mais qui a fait démonstration d’une redoutable efficacité.
Setlist :
« The Crimson Rider »
« Submission Falls »
« Memories Turns To Ashes »
« Inquisitive Hegemony (S€v€n) »
« News Item »
« Despise Your Heroes »
« Rising »
« Serpent’s Curse »
« Stronger Than Ever »
Aborted
Le Monotheist de Celtic Frost résonne dans la sono pendant le changement de plateau et on ne pouvait rêver meilleure bande-son pour patienter jusqu’à l’arrivée sur scène de la tête d’affiche de cette seizième édition du Chaulnes Metalfest. La salle s’est bien remplie et le décor se compose de deux squelettes emprisonnés dans ce qui ressemble à des blocs de glace.
Le Centre socio-culturel se plonge dans l’obscurité, une lumière rouge sang s’allume et une intro se fait entendre avant qu’Aborted ne fasse son entrée sur le poisseux « Divine Impediment » (et son « If you leave in peace, you must just die in peace ») extrait de Retrogore, dernier album des Belges sorti en 2016, devant un public déjà déchainé.
Svencho fait un signe de croix et nous comprenons une chose : aucun répit ne sera fait, nous allons être découpés en morceaux à coups de blast beats, gruiks et samples tirés des films d’horreur les plus tordus.
Il est à noter que ce soir le groupe se produit en trio, en effet, comme l’a signalé le vocaliste le deuxième guitariste Mendel bij de Leij étant retenu par des problèmes familiaux n’a pas pu assurer cette date. Cela n’enlève rien à la puissance et l’efficacité du death metal du gang de saigneurs qui prend toute sa dimension sur scène. Et il est aussi à souligner que l’autre six-cordistes du groupe Ian Jekelis a magistralement assuré aussi bien les parties rythmiques que les soli.
Les titres s’enchainent et c’est la boucherie, parfois digne de Cannibal Corpse (« Meticulous Invagination » ou « Sanguine Verses (...of Extirpation) ») ou se montrant plus dérangeant (le poisseux « Expurgation Euphoria » et ses faux airs de « Procreation Of The Wicked de Celtic Frost).
Aborted est aussi déchainé que son public, ses membres sautent dans tous les sens sur scène et Svencho sait parfois faire preuve d’humour. Comme par exemple lorsqu’ il demande s’il « Y a des fans de Carcass ici ce soir ? » avant de rajouter « pas de chance ce n’est pas un morceau de Carcass… » pour annoncer le justement assez « carcassien » « Coffin Upon Coffin ». Dans le même registre, le vocaliste évoque l’album Archaïc Abbatoir en précisant… qu’il avait des cheveux à l’époque de sa sortie ou réclame une « bonne grosse farandole autour de la salle » pour inviter au circle pit.
Nous retiendrons aussi « The Origin of Disease » dédié « aux potes de Benighted » avec lesquels ils seront en tournée bientôt avant que le frontman invite les fans à monter sur scène pour achever le concert dans une ambiance de folie sur « Sanguine Verses (...of Extirpation) » et ses moshparts de psychopathe.
Mais le public en veut encore et Aborted revient, « Y a des fans de grind ici ? » lance Svencho et le groupe balance un « Bound In Acrimony » qui va mettre tout le monde définitivement KO. Les lumières s’éteignent et le… « The Way You Make Me Feel » de Michael Jackson résonne dans les enceintes pendant que les techniciens démontent le matériel des deatheux belges.
A noter qu’Aborted n’a interprété aucun extrait de deux premiers albums The Purity of Perversion et Engineering the Dead ainsi que de Slaughter & Apparatus: A Methodical Overture et du mal-aimé Strychnine.213. Mais personne ne s’en est plaint tellement leur set a été brutal et intense.
Setlist :
« Divine Impediment »
« Meticulous Invagination »
« Parasitic Flesh Resection »
« Necrotic Manifesto »
« Coffin Upon Coffin »
« Hecatomb »
« Expurgation Euphoria »
« Bit By Bit »
« The Extirpation Agenda »
« ИÑточник болезни (The Origin of Disease )»
« Sanguine Verses (...of Extirpation) »
Rappel : « Bound In Acrimony »
La seizième édition du Chaulnes Metalfest achevée, nous pouvons déjà considérer que celle-ci, malgré ses problèmes de timing, aura été un succès. Aussi bien au niveau de la programmation (peut-être un plus éclectique que l’année précédente) que des conditions sonores et vu les sourires affichés sur les visages de la plupart des festivaliers il ne fait nul doute que chacune semble y avoir trouvé son compte.
Rendez-vous donc est déjà pris pour une dix-septième édition, pourquoi pas encore plus prometteuse ?
Photos © 2018 Thierry Duquenne
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