Steve Vai fait partie de ces musiciens visionnaires, extraordinairement doués et complexes, dont chaque sortie studio est attendue comme la venue du Messie ! Le guitariste virtuose nous revient aujourd’hui avec son nouveau cru : The Story Of Light, qui promet de dérouler au fil des douze titres qui le compose une histoire de lumière, mais aussi de recherche artistique et de génie créatif. Chaque nouvel album relève un challenge différent, et recèle toujours une grande part d’innovation en terme de création artistique, mais aussi contextuelle, et bien évidemment de son.
Dans ce nouveau chapitre qui se veut le second volet d’une trilogie entamée avec l’album Real Illusions : Reflections (2005), l’on retrouve d’emblée le jeu si caractéristique de Vai, assorti comme toujours d’une bonne dose d’expérimentation musicale. Comme à l’accoutumée, l’album tisse un astucieux patchwork : ambiances atmosphériques (les titres « Mullach at’Si » ou « The Moon & I »), mais aussi titres plus pêchus aux influences multiples comme le blues (entre autre l’excellente reprise du « John The Revelator » de Blind Willie Johnson), rock (« The Story Of Light », « Gravity Storm »… ), country (le titre « Creamsicle Sunset » et son usage avec une grande maestria du vibrato qui ravira les fans de guitaristes tel Michael Lee Firkins), gospel avec l’intervention d’un chœur flamboyant sur « John The Revelator » et « Book Of The Seven Seals », titres religieux aux références évidentes à des épisodes de l’Apocalypse de Saint Jean. Car il y a toujours une dimension apocryphe dans chaque nouvel album du virtuose (quand il ne s’agit pas de thèmes spirituels empruntés au Bouddhisme et à l’Hindouisme), qui opère toujours un syncrétisme du meilleur goût, et qui plus est, totalement d’actualité à l’heure de la mondialisation.
Comme d’habitude, le son est très soigné, et Stevie ne manque pas de nous épater avec sa technique impeccable et son feeling sans égal à la guitare. Et pour une fois de plus, il se remet derrière le micro pour nous conter quelques chansons d’une voix très agréable (sur « The Moon & I » et « No More Amsterdam » en duo avec la chanteuse de rock folk américaine Aimee Mann). Car à l’inverse d’un Joe Satriani, Stevie sait chanter, et lorsqu’il utilise son timbre suave c’est pour le faire sonner tel un Ewan McGregor dans Moulin Rouge ! A ses côtés, et carrément pas en reste, figurent une ribambelle de musiciens chevronnés : outre son guitariste Dave Weiner, le bassiste Philip Bynoe, l’excellent et désormais légendaire batteur Jérémy Colson (qui joue également pour Marty Friedman, Billy Idol), et Deborah Hensen (chant, harpe, claviers), moult guests croustillants viennent apporter leurs couleurs (Aimee Mann sur « No More Amsterdam », la recrue du The Voice américain Beverly McLellan sur « John The Revelator »).
Mais ces interventions de coryphée sont une cerise sur le déjà très beau gâteau, car Vai fait partie de ce panthéon (avec les Satriani, Malmsteen, Friedman, Howe, ou Gilbert entre autres) dont la musique instrumentale est tellement éloquente qu’elle peut se vanter de ne pas vraiment avoir besoin de vocaux.
On est transportés par la musique du virtuose, qui fait preuve une fois de plus d’une dextérité hors-du-commun, portée par une imagination sans bornes et un talent de composition formidable. Rien à dire, cette nouvelle sortie discographique s’avère parfaitement à la hauteur des attentes formulées, et l’on peut affirmer sereinement que l’on a une fois de plus affaire à un chef d’œuvre. Et le vocabulaire musical international s’en retrouve enrichit une fois de plus ! Dangereux, imprévisible, étrange et beau à la fois, Vai parle un langage qui lui est propre, et que l’on a toujours plaisir à décrypter. On attend à présent avec impatience de voir The Story Of Light porté en live en novembre prochain dans notre fraiche contrée !