Attrapé en plein p'tit déj, c'est en coup de vent que nous avons pu nous entretenir avec Gus G au sujet de son nouvel album solo, Fearless. On y parle, bien évidemment, de l'album, mais aussi de son rapport avec son ancien mentor, Ozzy Osbourne, suite à son retrait de la grosse machine l'année dernière.
Fearless est un album très frontal. Tu as réussi à allier des structures très simples avec des passages instrumentaux beaucoup plus inspirés et mélodiques. Comment as-tu travaillé les compositions ?
La façon de composer est plus ou moins la même que d'habitude. J'ai un studio à la maison où je compose toute la musique, les arrangements. Je fais les riffs, la basse, je programme la batterie. On fonctionne de la même manière avec Dennis Ward que ce qu'on a fait sur l'album de Firewind. Je lui ai envoyé les pistes, il m'a envoyé des lignes de chant et en gros on s'envoie nos propositions respectives jusqu'à satisfaction. On a écrit l'album petit à petit, on a rien fait d'une traite. Je faisais un morceau en mars, entre deux tournées, une grosse partie a été écrite durant l'été.
Ce qui est fou, c'est de voir la facilité avec laquelle tu passes d'un album de power metal mélodique, technique et très épique, je pense à Immortals de Firewind, à un album plus "Droit au but". Quelles sont, cette fois-ci, tes inspirations ?
Je dirais mes "Guitar-Heroes", mes albums préférés. Je puise beaucoup mon inspiration chez ces mecs que j'adore, Gary Moore, Yngwie Malmsteen, Tony Iommi. Ce sont surtout leurs sons qui ont façonné mon jeu de guitare. Quand je fais un album solo, c'est juste "moi et ma guitare", pour ainsi dire, mes jouets, ma guitare, mes mains, donc je suis plus fonceur dans ce cas. J'aime surtout combiner toutes les choses que j'aime avec des sons plus modernes. Il y a, je trouve, beaucoup de heavy moderne dans l'album, mais aussi du hard rock. C'est un bouquet garni d'influences.
Il y a trois morceaux entièrement instrumentaux sur l'album, mais au vu du reste des pistes, tu n'es pas non plus dans l'unique démonstration instrumentale. Si par contre, une entité comme le G3 te proposait de faire partie d'une tournée commune, est-ce que tu accepterais ?
T'aurais pas le temps de dire ouf. Ce serait un rêve que de participer au G3. J'adore Joe Satriani et j'adore son concept. C'est un de mes guitaristes préférés, donc oui.
Dennis Ward est passé de producteur à chanteur et bassiste sur cet album. Tu peux nous raconter comment ça s'est passé ?
L'histoire a commencé sur la composition des titres. Comme d'habitude, je lui envoyais mes idées pour qu'il voie ce que je voulais faire sur mon album solo. Il s'est mis à m'envoyer des idées à son tour. On écrit des morceaux très facilement, on n'a même pas besoin réellement d'en discuter, ça se passe, tout simplement. Il trouve toujours les bonnes idées pour le chant. Du coup on s'est mis à discuter du fait de trouver des musiciens pour jouer sur l'album, il m'a immédiatement proposé de faire la basse. Une fois qu'on a fini tout ça, on a réalisé que ça allait être compliqué de trouver un chanteur. Déjà parce qu'il a écrit toutes les lignes de chant, que les démos étaient excellentes. Et je ne me voyais pas trouver quelqu'un d'aussi bon que lui pour s'impliquer de la même manière sur ces morceaux. Du coup il s'est proposé au chant, et m'a suggéré qu'on fasse l'enregistrement en trio. J'étais d'accord, à condition qu'il puisse faire la tournée. C'était le deal.
Actuellement, tu tournes avec Dennis et Felix Bohnke. Est-ce que tu as l'intention de tourner justement avec le trio de l'album ?
Mon groupe actuel en effet est avec Dennis et Felix, on fait la première partie de Jesper Binzer. Will est très occupé avec Evanescence en ce moment, du coup je pense que ça restera comme ça, même si on espère que Will sera disponible pour quelques dates.
Tu as l'intention de venir en France pour cette tournée ?
On a normalement une grosse partie de la tournée prévue en Europe pour cet automne. J'espère qu'il y aura au moins une date en France.
Bon, parlons d'une autre formation à laquelle tu as participé...
Tiens bizarrement, je crois savoir de laquelle ils s'agit ! (rires)
Oui ! Est-ce que tu es déçu que Zakk Wylde soit revenu au poste de guitariste de Ozzy Osbourne, ou est-ce que tu avais déjà tiré un trait sur tout ça ?
(rires) Je me doutais que ça allait arriver, tu sais. C'était pas une grande surprise quand ils m'ont annoncé la nouvelle. Je savais bien qu'à un moment ils allaient repartir ensemble, surtout quand la tournée d'adieu a été annoncée. Ça fait sens. J'étais triste, évidemment, tout s'est passé assez vite et je pensais qu'on continuerait encore un peu, mais je vois ça comme une super période de ma vie. Chaque chose doit se terminer, j'ai avancé de mon côté, et je souhaite à Ozzy le meilleur, il n'y a aucun ressentiment.
Ce qui est dommage, c'est que Scream était un superbe album...
Merci !
... et je me demandais pourquoi, quand tu as un album comme celui-ci, tu n'en joues finalement qu'un morceau sur scène.
Je crois qu'il fait toujours ça. Il prend toujours le single de l'album pour la première partie de côté, après il le range au placard. Je crois qu'il avait aussi fait ça pour Black Rain.
Il ne joue même plus le moindre morceau de Black Rain...
Ouais, pareil pour Down to Earth, ou même Ozzmosis. Rien après No More Tears, ce qui est dommage, vu qu'il a pleins de bons morceaux sur ces albums plus récents.
Un petit ressentiment, donc !
Ouais, j'avoue (rires). En tout cas, c'est plus à lui qu'il faudra demander ça ! (rires)
Je ne le ferai pas ! (rires) Tu disais avoir composé ces pistes entre les différentes tournées, dès que tu as eu le temps. À quel moment as-tu décidé que cet album allait voir le jour, que ce n'était pas juste des pistes anodines ?
Je ne me suis pas vraiment imposé de deadline. Je me suis dit que j'allais composer quelques morceaux, et voir où ça allait mener. Sur le dernier album solo, Brand New Revelation, j'avais plus de pression pour finir l'album, vu que j'avais des opportunités aux États-Unis pour le promouvoir, du coup c'est allé vite, je n'étais pas content de tout. Cette fois, nouveau label, on s'est vite mis d'accord sur qui allait jouer. J'ai beaucoup plus pris mon temps, j'ai peaufiné la musique, me suis assuré que chaque partie, chaque morceau collait. On a même fait une mini-tournée avec Dennis, en novembre, pour tester les nouveaux titres. On a fini de composer cet été et l'enregistrement était achevé fin août, on a tout mixé entre les dates et c'était prêt en décembre. Ça a pris environ un an de tout composer, enregistrer, mixer.
Tu as eu l'opportunité de jouer dans des grandes salles, des stades, des têtes d'affiches de festivals prestigieux, mais aussi avec Firewind dans des salles plus modestes, ce qui va être aussi le cas ici. Est-ce que tu as des préférences ?
Je préfère les petites salles. Évidemment, tous les musiciens rêvent de jouer dans des énormes salles, et je suis très content d'avoir eu cette opportunité, mais je préfère les spectacles intimistes, il y a une certaine énergie que tu ne peux pas retrouver sur la grosse scène d'un festival.
Maintenant il y aura des festivals, mais le set sera en pleine journée !
(rires) Je vais pas pouvoir me reposer sur les effets de lumière ! (rires)