Trois ans après To Those Left Behind, Blessthefall a sorti son premier album via Rise Records intitulé Hard Feelings le 23 mars dernier. Pour ce sixième opus, on aurait pu croire que le groupe de screamo/metalcore serait resté dans la lignée de ses précédentes compos, mais il semblerait que les Américains aient décidé de sortir de leur zone de confort.
En effet, pour ceux qui ne connaîtraient pas la musique du quintet d'Arizona, Blessthefall fait partie de ces groupes jouant du son metalcore à tendance post-hardcore version U.S, style se traduisant par des couplets nerveux contrebalancés par des refrains mélodiques et souvent chantés en voix claire.
Ces derniers temps, le metalcore a été abordé en long, en large et en travers. Le genre s'essoufle et être puriste aujourd'hui risque d'être insuffisant pour éveiller l'intérêt du public de coreux. Aussi, nombreuses sont les formations qui ont voulu nuancer leur style pour aller vers des associations plus ou moins réussies à la recherche d'une certaine originalité. Il semble que Blessthefall ait choisi cette voie, reste à savoir si c'est un pari gagné.
A l'écoute général de Hard Feelings, Beau Bokan nous impressionne par sa voix qui paraît ne jamais avoir mué! Parfait pour un chant screamo pouvant aller dans des aigüs élevés. A l'inverse, cette voix presque prépubère peut desservir en décrédibilisant la portée du chant et son ampleur. Ceci étant, cela dépendra des goûts de tout un chacun. Quelles que soient les affinités en matière de cordes vocales, force est de reconnaître que le timbre mielleux adopté par Bokan sur certains passages peut s'avérer écoeurant à la longue.
Outre la voix, en ce qui concerne la musique elle-même, il est indéniable que le quintet a choisi d'apporter du pop-electro à ses compos. Notamment par un clavier omniprésent dans toutes les pistes, et pour ne citer que des exemples il suffit d'écouter "Find Yourself '' et " I'm Over Being Under(rated)'' pour s'en rendre compte. Ce côté pop apporte un peu de légèreté, mais on reste éminemment dans le metalcore avec des breakdowns, moshs parts, screams bref les incontournables du genre. A ce sujet, ''Cutthroat'' sera le morceau le plus puriste et le moins pop avec des riffs de guitare bien lourds, une voix s'éloignant du chant clair et une batterie imposante.
Mais ce ne sont pas les morceaux se rapprochant du genre classique qui vont se démarquer de cet album. Le titre vraiment tubesque qui ne cesse d'être écouté depuis la sortie de l'album est "Wishful Sinking". Ce morceau d'ouverture fusionne les codes du metalcore, notamment avec des riffs frénétiques dans l'état d'esprit d'Arhcitects (qui nous poussent inextricablement à secouer la tête en rythme) et des sons plus electros apportant une certaine dimension planante. Et c'est ici que le bât blesse. En effet, le plus dur pour le groupe est de doser ces nouvelles sonorités car à trop vouloir en faire on frise l'emo et on entre dans la catégorie "boys band". Frôlant le faux pas, "Find Yourself" avec un refrain catchy sera cependant un excellent titre. Mais pour ce qui de ''Keep Me Close" les Américains ont malheureusement franchi la limite et ce n'est pas rattrapable.
Hard Feelings est un album qui en résumé nous laisse dubitatifs. Avec un chant clair intensément assumé et des sonorités plus mélodiques, plus aériennes, Blessthefall renouvelle son style et ce n'est pas pour déplaire. Ces passages pop-punk apportent une certaine fraîcheur et parfois ils plongeront les Américains dans la parodie emo. Un album qui en somme, malgré des maladresses, reste agréable à écouter avec quelques titres phares qui rejoindront sans aucun doute la playlist metalcore de certains adeptes.