Un vent frais se lève ce dimanche 15 avril sur La Laiterie, la Scandinavie pose ses valises sur les planches alsaciennes pour proposer ce qu’elle a de meilleur : Tribulation, un groupe suédois au metal mélodieux, alliant psychédélique, ambiance gothique et tendances death, mais surtout l’un des tenor du melodic death metal, à savoir Insomnium !
Tribulation
Après la magnifique surprise qu’a été leur dernier album Down Below, il nous tardait de revoir Tribulation sur les planches françaises. Et même si les voir en première partie d’Insomnium est assez surprenant, leur style étant assez éloigné de celui des finlandais, le groupe nous a offert une très belle ouverture. Des lumières vertes, une typographie sobre et quelques bâtons d’encens parsemés sur la scène transcrivent l’identité visuelle de Tribulation ce soir là et accompagnent ainsi leur musique gothique dont la frontière avec le death et le psychédélique se fait de plus en plus poreuse.
Le groupe prend vraiment soin de poser son ambiance, son entrée théâtrale et solennelle est charmée par un très beau jeu de lumière et de fumée, et une transe s’installe peu à peu sur la salle. En réalité, on se laisse rapidement emporter par les mouvements très gracieux, presque féminins, de Jonathan Hultén, guitariste soliste dont l’attitude reflète une rare sensibilité musicale ainsi qu’un toucher léger et virtuose. Il volerait presque la vedette à ses compères qui dévoilent eux aussi une attitude atypique. Chacun a sa représentation de sa musique et semble en incarner un aspect : la hargne, le macabre, la classe, le gothique… Leur prestation ne peut vraiment laisser de marbre car la scénographie hyper dynamique corrèle à merveille avec la setlist proposée, les tons verts teintent le macabre et la froideur du chant quand des lumières jaunâtres accompagnent le son très pur des guitares, nimbé d’une magnifique distorsion et d’une fuzz on ne peut plus plaisante.
La balance très satisfaisante permet de profiter pleinement des sonorités si particulières que propose Tribulation, toujours sous l’égide du mélodieux et à la limite du dissonant. La setlist offre ce soir le florilège de la discographie des suédois, seuls huit morceaux sont joués, mais ils concentrent le meilleur de Tribulation ! Et quoi de mieux pour ouvrir le concert que “Lady Death”, cette chanson à la fois catchy et mouvementée qui permet aux musiciens (et surtout à Jonathan Hultén) de s’exprimer pleinement.
La caisse claire vient marteler le rythme entrainant du morceau et parvient à faire bouger quelques têtes dans la fosse, mais la magie s’opère lorsque les premières notes de “Melancholia” résonnent. Véritable tube de leur deuxième album, ce titre installe la transe qui restera suspendue au-dessus des têtes durant le reste du concert, bien que certains spectateurs plus en retrait ne semblent que très peu emballés par le projet suédois. Le reste du concert reste très bien ficelé, les morceaux s’enchaînent de manière très dynamique et l’aspect très théâtral mais non pas ridicule du concert flotte sur scène jusqu’à la fin du set. "Strange Gateways Beckon" clôture le concert après une courte pause et se charge de quintessencier ce moment mêlant grâce, émotions et headbang.
Setlist:
1. Lady Death
2. Melancholia
3. In The Dreams of The Dead
4. Rånda
5. Ultra Silvam
6. Nightbound
7. The Lament
8. Strange Gateways Beackon
Insomnium
C’est sur une ensemble de lumières bleues tamisées que les membres d’Insomnium font leur entrée sur scène en déambulant sous les cris et les applaudissements généreux du public strasbourgeois. Et sans dire un mot, ils lancent un concert qui va se dérouler en deux temps, la première étant la prestation entière de leur dernier album, Winter’s Gate, et la deuxième un condensé des titres les plus appréciés du reste de leur discographie.
C’est donc dans une ambiance lumineuse assez sobre que l’on profite du génie qu’est cet album concept, où rien n’est laissé au hasard et tout parait filer à une vitesse fulgurante, tant l’ensemble est maitrisé. Le live permet aux musiciens de déballer pleinement leur bagage émotionnel, de rendre ce concentré de puissance tangible et encore plus spectaculaire qu’en studio. La timidité de la lumière accroit justement cette sensation, on ne se concentre plus vraiment sur ce que l’on voit mais sur ce que l’on entend, une décision risquée pour un groupe mais fructueuse dans le cas présent. La salle se laisse ainsi porter par cet ensemble mélodieux et organique pendant près d’une quarantaine de minutes. La transe posée par Tribulation est donc encore perceptible et s’accompagne d’une ferveur du public qui commence réellement à se mouvoir avant qu’une césure de quelques minutes ne s’impose pour marquer la transition entre les deux parties de ce concert.
Si la première partie était parfaitement assurée, le reste paraissait malheureusement plus mou, sûrement la faute de la fatigue perceptible chez les musiciens qui sont néanmoins très heureux de jouer à Strasbourg, la dernière date de leur tournée européenne. Cette deuxième partie s’articule autour d’un ensemble de titres assez emblématiques d’Insomnium et c’est le combo “The Primeval Dark” - “While We Sleep” qui, sous un jeu de lumière cette fois très dynamique, lance les hostilités. La deuxième partie de concert sera bien plus mouvementée dans le pit !
Sur scène on pèche un peu plus à développer son jeu, quelques coquilles se font entendre chez les guitares et la voix de Niilo Sevänen parait un brin fatiguée. Et malheureusement les finlandais ne sont pas servis par le son qui est plutôt mal balancé et rend l’ensemble assez peu détaché et presque brouillon, les soli se retrouvent donc entravés par la balance et on profite difficilement des mélodies si joussives qui font la marque de fabrique d’Insomnium. La puissance est portée par la batterie et la voix qui parviennent quand même à passer au-dessus du mur de son des guitares, mais ces dernières sont trop peu dissociables pour former un tout plaisant…
Malgré tout le groupe parvient à créer un réel contact avec son public et maintien une ambiance assez bon enfant. Et c’est par ce contact qu’Insomnium arrive à nous faire oublier sa prestation un peu molle en fin de concert. Plusieurs sont ressortis de cette soirée tout sourire, et il y a de quoi se réjouir, car même en fin de tournée Tribulation a su briller et Insomnium proposer un show plus qu’acceptable porté par son lien avec le public, sa renommée et la merveille qu’est son album Winter’s Gate !
Setlist:
1. Winter’s Gate, part. 1
2. Winter’s Gate, part. 2
3. Winter’s Gate, part. 3
4. Winter’s Gate, part. 4
5. Winter’s Gate, part. 5
6. Winter’s Gate, part. 6
7. Winter’s Gate, part. 7
8. The Primeval Dark
- Encore -
9. While We Sleep
10. Mortal Share
11. Down With The Sun
12. Wheather The Storm
13. Ephemeral
14. The Promethean Song
15. Only One Who Waits
L'album photo du concert de Tribulation ici, celui d'Insomnium ici !
Photos: © Valentin Laurent (Hysteria) 2018.
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