Infinitee – The Possibilities Are Endless

Dernièrement, tu as réécouté un album de Gojira. Tu jubiles face à ces rythmiques savamment façonnées, tu craques ta nuques à coups secs en suivant les frappes de Mario, le plaisir est là mais pourtant, un constat persiste : Tu détestes tellement le Sud-Ouest qu'à chaque gargarisme de l'autre frangin Duplantier, tu sens qu'on te répète "chocolatine" en boucle. Et tu te fais la réflexion que ce n'est peut-être pas là l'unique souci.

En effet, tu ressens la même chose chez Meshuggah : Jens Kidman a à peine poussé un râle que tout ce que tu parviens à percevoir, ce sont ses grimaces. Pourtant, tu adores ce djent aérien, ces compositions mathématiques, ces contre-temps alambiqués, et n'arrives pas à mettre le doigt sur ce qui te dérange vraiment. On aimerait bien t'avouer qu'au vu de ce que tu t'inventes comme raisons, tu es en train de devenir un vieil aigri, mais restons sympa, et parcourons ensemble une formation qui propose ce style mais uniquement en instrumental. Et ça tombe bien, en voilà une : Infinitee.

Alors, Infinitee ne réinvente en rien la sauce djent (et en fait d'ailleurs sans en faire, disons d'ailleurs pour son atout qu'il ne s'y limite pas), qui si elle est apparue sur le tard s'est vite vue lourdement représentée et est vite entrée dans nombre d'esprits. Mais si l'idée est de se prendre des rythmiques ultra lourdes, avec une production sèche et brise-tympans, on a frappé à la bonne porte. Six titres courts, qui ne vont pas par quatre fioritures pour montrer leur chemin. On se laisse englober par la basse, que l'on imagine être frappée violemment, et on se retrouve vite dans la construction mathématique.

Si l'on pense de manière quasi-automatique à Animals As Leaders, l'aspect technique en moins (tout le monde n'a pas treize doigts de vingt phalanges chacun) rend le tout bien plus accessible, moins démonstratif et plus axé sur la lourdeur et l'ambiance. Ce qui n'empêche pas les musiciens d'être d'une précision implacable et d'avoir un niveau que l'on ne fait généralement que fantasmer. Et pourtant, si l'impression d'un metal carré et méthodique, basé sur l'efficacité, prend le pas dès les premières notes, d'autres cartes se dévoilent durant l'écoute.  L'aspect "ultra-technique" que l'on pensait en retrait a une ampleur bien plus dense à l'arrivée du diptyque "Robots vs The Wooden Chairs", qui laisse totalement coi. D'autant plus lorsque, là où l'on imaginait un groupe de musiciens en totale symbiose, on se rend compte que tout est l'oeuvre d'un seul gus : Tres Thomas. À voir si sur scène, le bonhomme parviendra à trouver une formation capable de jouer ses parties, et ça, ça va pas être de la tarte.

Albums, Metal, djent, prog, Tres Thomas, technique

Face à l'aspect similaire des compositions, créant autant d'homogénéité que de, malheureusement, répétitivité, on se laisse porter, le côté court de l'EP aidant fortement, et subjuguer par les passages techniques musicalement inspirés et impressionnants à souhait. On peut légitimement se demander si le tout tiendra sur la longueur d'un album, ou si l'absence totale de chant ne créera pas un certain manque de repères non compensé par l'atout instrumental. En tout cas, l'écoute de The Possibilities Are Endless est fidèle à son titre, et nous laisse une belle impression quant à tout ce qu'Infinitee pourra apporter par la suite. L'impatience gagne.

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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