Le Moyen-Âge est source de toutes sortes de fantasmes, et en musique, ce millénaire suscite également une inspiration foisonnante. Preuve en est avec Kanseil, groupe de folk metal italien formé en 2015 qui allie mélodies médiévales et riffs black metal. Avec son second album, Fulìsche, la formation montre qu’elle a tous les atouts pour jouer dans la cour des grands.
Des crépitements, le son lancinant d’une vielle, une voix de conteur ancien qui s’adresse aux auditeurs dans ce qui semble être du vieil espagnol, une ambiance de veillée nocturne, la musique semble venir du fond des âges. "Ah, Canseja !", morceau d’introduction de Fulìsche, nous happe dès les premières notes.
Alors que la mélodie nous fait entrevoir une plongée dans les mystères médiévaux, le deuxième morceau, "La battaglia del solstizio" attaque sur des rifs puissants rapidement rejoints par le scream sauvage du chanteur Andrea Facchin. La voix rauque et la brutalité des guitares et de la batterie évoquent bien le fracas d’une bataille qui se serait tenue il y a plusieurs siècles. La vielle revient par moments promener son timbre lancinant, et des flûtes adoucissent certains passages en interprétant des mélodies tout droit sorties d’un lointain passé, accompagnant au mileu du morceau, certains passages interprétés en voix claire.
Le groupe italien, formé dans le Veneto, dans le nord-est de l’Italie, en 2010, a parfaitement compris la recette du pagan metal, et se l’est réappropriée sans chercher à copier ses ainés. Le groupe tire clairement son inspiration du passé, expliquant réunir des mélodies du haut Moyen-Âge et des chansons traditionnelles d’époques plus diverses. Ces influences sont renforcées par les arrangements des instruments traditionnels de Luca Zanchettin et Stefano Herian Da Re (flûtes, cornemuse, vielle, bouzouki…) et l’attention particulière accordée à cette période offre des sonorités relativement peu courantes dans le metal, originalité renforcée par l’utilisation de l’italien et l’espagnol.
Pour ce qui est de la partie metal des compos, justement, le groupe fait plutôt dans la noirceur, ce qui colle d’ailleurs très bien avec l’ambiance sombre de la partie traditionnelle. Le chanteur se joue de sa voix gutturale de différentes manières, proposant une interprétation aux accents maléfiques. La batterie de Luca Rover et la basse de Dimitri De Poli assurent une section rythmique ultra rapide qui fracasse tout. Les guitares jouent plutôt sur le registre du black et du death, avec des riffs saccadés et rapides, mais elles savent aussi varier les plaisirs, notamment lors de solo dignes du heavy metal ("Orcolat"), voire d’arpèges dignes de ballades power rock ("Densilòc").
Le chanteur couvre également une palette assez large, puisqu’il est capable de délaisser le cri guttural et le chant crié pour un chant clair assez puissant, évoquant les bardes déclamant des sagas épiques. Il est même rejoint sur "Vallòrch" par une voix féminine pour un morceau on ne peut plus médiéval, toutes cornemuses dehors, qui sent le morceau pour partir à la bataille.
Le groupe maîtrise aussi bien les morceaux les plus brutaux et directs que ceux plus évolutifs qui passent du black metal aux envolées lyriques ("Pojat", "Il lungo viaggio"), les morceaux lents et puissants ou encore les ballades acoustiques à la guitare ("Serravalle"). Les Italiens sont assurément un groupe à suivre, et devraient faire parler d’eux dans les années à venir.
Tracklist
Ah, Canseja !
La battaglia del solstizio
Ander de le mate
Pojat
Orcolat
Serravalle
Vallòrch
Il lungo viaggio
Densilòc
Sortie le 25 mai chez RockShots Records