Deux ans après la sortie de Kill The Flaw, les Américains de Sevendust reviennent plus en forme que jamais avec leur douzième album. Le groupe aux multiples facettes nous présente All I See is War, un titre plutôt accrocheur, avec douze morceaux et quarante-six minutes de gros son.
Depuis 1997 et leur album éponyme, Sevendust surfe sur les vagues du metal, s’accrochant tantôt au nu metal, tantôt au metal progressif. Les albums se suivent et ne se ressemblent pas, il nous tarde de savoir ce que Sevendust a trouvé de nouveau à nous présenter. Un mois avant la sortie de l’album, Rise Records nous présentait deux extraits de All I See is War, nous laissant apercevoir une ambiance on ne peut plus déconcertante. Les deux morceaux sont totalement différents, "Dirty" est cinglant, puissant et entraînant, tandis que "Not Original" commence par une mélodie au clavier et est un morceau doux et plaintif. On comprend alors que Sevendust va encore nous surprendre en mélangeant les styles, les genres et les ambiances.
A la première écoute, c’est effectivement plein d’influences et de surprises. On retrouve "Dirty" comme intro, qui semble être l’étendard de cet album, la chanson qui regroupera toutes ces influences. Avec son intro comme une claque dans les dents, les riffs heavy et la voix puissante de Lajon Witherspoon, sans nul doute que c’est une fenêtre ouverte sur l’univers du combo. Un façon de dire « Attention, vous allez en prendre plein les oreilles ».
De la même façon, on clôturera l’album avec une chanson du même acabit : "The Truth". Cette dernière nous fait l’effet d’un uppercut en pleine face après l’écoute d’un rouleau compresseur d’émotions et d’ambiances différentes. Très heavy et droit comme la justice, ce dernier titre nous tire de notre écoute sérieuse comme pour nous avertir d’un fin brutale et sans appel à grands coups de « Say my name », décriés avec folie.
L’album ne se résume pas bien sûr à ces deux morceaux. Quand on sait que les Américains avaient écrit pas moins de cinquante morceaux, il a dû être difficile de n’en choisir que douze (et deux bonus). On comprend pourquoi les titres sont si variés. Nous avons des morceau très puissants comme "Unforgiven", "Moments"" ou "Risen", d’autre plus heavy comme "Medicated" ou "Descend" et certaines compositions sont carrément mélo, à l’instar de "Sickness" ou "Not Original", à grand renfort de clavier et d’orchestrations. Dans tous les cas, tous les titres ont le fond et la structure du nu metal, comme on peut l’entendre chez KoRn, Deftones ou Linkin Park. Sevendust mise beaucoup sur cette ambiance à la fois puissante et plaintive, mise en avant par les longs riffs et la batterie ultra présente, qui colle parfaitement à la voix de Lajon. Les plus sceptiques viendront sûrement critiquer l’omniprésence de passages bien trop plaintifs et dramatiques, surtout dans "Sickness" ou encore "Cheers". Ces deux morceaux se suivent et sont parfois difficiles à entendre après un départ si violent. Tout dépendra de ce que l’on attend de Sevendust, les fans sauront choisir les morceaux qui leur correspondent le plus.
On pourrait admettre que la voix de Lajon fait partie de l’identité de Sevendust. Il y en a peu comme la sienne, à la fois rocailleuse et puissante, chantée et décriée. On sent tout le charisme et la personnalité du bonhomme. La voix est d’ailleurs beaucoup mise en avant dans le mix, ainsi que la batterie. Les guitares et la basse sont un peu noyées dans le tout, même si les soli sont incroyables, notamment sur "Dirty" et "Moments". L’album dans son ensemble est plutôt lisse au niveau de l’écoute globale : il est difficile de se souvenir d’un morceau en particulier, ils sont tous différents, mais sans réelle particularité pour autant. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe quand on regarde les clips : même ambiance pour deux morceaux opposés.
C’est un album bien produit, qui saura sans nul doute contenter les fans, Sevendust aura su jouer sur son large éventail d’influences pour nous proposer autant d’ambiance que de morceaux, il faudra cependant plusieurs écoutes pour pouvoir apprécier les nuances et les nouveautés. Plus on écoute, plus on adhère. On appréciera les passages au clavier, ainsi que les choeurs décriés qui redonnent un peu de structure et de mordant. Les breaks sont parfois percutants, parfois plus prévisibles mais toujours autant efficaces. On sent un réel investissement de la part de tous les membres du groupe, comme un renouveau, et une volonté de transmettre un message. Selon le message, l’ambiance est différente, et c’est aussi une des raisons pour laquelle les titres sont tellement différents les uns des autres.
Un douxième opus en demi teinte pour les Américains de Sevendust. Il nécessitera plusieurs écoutes pour réellement comprendre la structure et le but de l’album. Sevendust reste dans sa tradition de mélange des genres, difficile donc de lui donner une étiquette, mais également de remporter l’adhésion complète des auditeurs. Malgré tout, All I See is War est un album très plaisant qui donne envie de le voir s’exprimer en live.
Tracklist:
1. "Dirty"
2. "God Bites His Tongue"
3. "Medicated"
4. "Unforgiven"
5. "Sickness"
6. "Cheers"
7. "Risen"
8. "Moments"
9. "Not Original"
10. "Descend"
11. "Life Deceives You"
12. "The Truth"
Bonus tracks
13. "What You Are"
14. "All I Really Know"
Sortie le 11 mai 2018