Après deux albums plus que moyen, Trivium est revenu très fort en 2017 avec The Sin and the Sentence. C'est dans un Bataclan plein à craquer et chaud bouillant que le quartette floridien va nous offrir une prestation qui se classe déjà comme un temps fort de 2018, bien aidé par un public parisien en folie. Pour cette tournée en Europe continentale, ce sont Power Trip (thrash, USA) et Venom Prison (death, UK) qui accompagnent Trivium !
VENOM PRISON
Si vous n'êtes pas familier avec Venom Prison alors il est temps de s'y pencher avec attention car depuis la sortie de Animus en 2016, le combo en provenance du Royaume-Uni est en passe de prendre une place prépondérante dans le monde du death metal. Mené par Larissa Stupar (chant), qui officiait auparavant dans le groupe de hardcore allemand Wolf Down, Venom Prison nous offre un death que l'on pourra rapprocher assez facilement de ce que peuvent proposer Obituary ou Nile avec une forte propension à proposer des breakdowns qui sentent bon le punk hardcore.
Immense backdrop reprenant le nom du combo, c'est avec "Abysmal Agony" que Venom Prison commence son set et malgré une salle qui se remplit encore doucement, on sent que le public accroche à la musique proposée par le quintette. Et pourtant il n'y a rien d'accessible dans le death de Venom Prison mais on est subjugué par la présence vocale et scénique de Larissa Stupar qui met une sacrée mandale à la majorité des chanteurs du genre grâce à la justesse de son scream.
Quand on parlait de la patte hardcore apportée, il suffit de se pencher sur la rythmique de "Celestial Patricide" notamment qui aura amené le premier circle-pit de la soirée ainsi qu'une invitation aux premiers moshs dans la fosse. En tout cas, Venom Prison nous sort quasiment tous les morceaux de Animus et on découvre un groupe qui maîtrise son sujet de A à Z sans sourciller. On ne sait pas si c'est le cas pour vous mais de notre côté, on garde Venom Prison dans le viseur pour les années à venir.
Setlist:
Abysmal Agony
Babylon the Whore
Desecration of Human Privilege
Corrode the Black Sun
Devoid
Perpetrator Emasculation
Womb Forced Animus
Celestial Patricide
The Primal Chaos
POWER TRIP
Trivium est la définition du groupe qui choisit ses premières parties avec toujours dans l'idée de faire découvrir des nouveautés dans des spectres différents à ses fans. On avait eu SHVPES et SiKth en 2017, deux groupes à l'opposé de Trivium et c'est exactement la même chose sur cette tournée avec du death et maintenant le thrash de Power Trip (et on ajoutera la présence de la nouvelle sensation du metal actuel, Code Orange, au Royaume-Uni).
Power Trip c'est ce groupe de thrash à la limite du crossover qui nous vient tout droit du Texas et qui n'a absolument pas de temps à perdre, ni de fioriture à proposer. Le combo nous propose une setlist qui pioche dans ses deux opus, Manifest Decimation et Nightmare Logic, en nous prenant le meilleur des deux pour asséner des riffs qui détruisent les cervicales du public à la vitesse d'une Audi dans les lignes droites des Hunaudières. Pendant trente-cinq minutes, Power Trip ne va laisser aucune minute de répit au public qui va s'en donner à coeur joie dans la fosse.
Flanqué d'un tee-shirt Razor, Blake Ibanez (guitare) nous sort des solos qui doivent rendre Herman Li (Dragonforce) jaloux tant ils sont rapides. On passera sur l'originalité de ceux-ci ainsi que sur l'intérêt à part montrer qu'il est fort mais cela fait son petit effet sur le public et c'est sans doute le plus important.
Avec un enchaînement "Firing Squad" - "Manifest Decimation", Power Trip termine son set du meilleur effet avec les deux meilleurs morceaux de sa carrière à notre sens. On en aurait bien repris un petit peu d'ailleurs mais c'est maintenant à Trivium de venir enflammer le Bataclan !
Setlist:
Soul Sacrifice
Executioner's Tax (Swing of the Axe)
The Hammer of Doubt
Divine Apprehension
Nightmare Logic
Crucifixation
Murderer's Row
Firing Squad
Manifest Decimation
TRIVIUM
Il y a encore quelques mois Trivium nous semblait être ce groupe qui allait continuer à sortir des albums avec deux-trois titres sympathiques par opus histoire de varier un peu ses setlists au fur et à mesure des années. Que nenni. Avec The Sin and the Sentence, le quartette a frappé un grand coup avec un nouvel album génial de bout en bout et rempli de titres qui sont déjà des incontournables avant même d'avoir pu les entendre sur scène.
Dès le début du set, Matt Heafy (chant/guitare) nous prévient que les deux meilleurs public de la tournée sont pour le moment Stuttgart en Allemagne et Varsovie en Pologne et qu'ils comptent sur le public français pour arriver à cette première marche. Vous savez comme moi que c'est souvent un prétexte pour faire monter la température et que quand le groupe annonce que le public est le meilleur de la tournée c'est du pipeau. Et bien pas ce soir. Car oui Paris a bien gagné son titre de meilleur public de cette tournée.
Trivium attaque son set avec le titre éponyme de son dernier album qui sera d'ailleurs bien représenté sur l'ensemble du concert avec pas moins de six morceaux. Outre "The Since and the Sentence", on notera la présence des deux pépites que sont "Sever the Hand" et "Beyond Oblivion", deux des meilleurs titres écrits par le combo depuis In Waves en 2011 !
Il est d'ailleurs assez éloquent de voir que le public présent ce soir (du moins dans notre zone de la fosse) est beaucoup plus réceptif et à fond sur les nouveaux morceaux que sur les grands classiques notamment de Ascendancy alors que c'était l'extrême inverse au Cabaret Sauvage courant 2017.
Avec un immense backdrop reprenant les différents visuels de chaque morceau de l'album ainsi qu'une floppée de lumières en plus sur scène, Trivium fait dans la sobriété tout en offrant un terrain de jeu propice aux photographes. Après "The Sin and the Sentence", c'est en faisant un détour par Shogun avec "Throes of Perdition" que Trivium ravit nos écoutilles, malheureusement entachées par les problèmes rencontrés par Paolo Gregoletto (basse). Des problèmes qui vont poursuivre le bassiste jusqu'au milieu de "Inception of the End" obligeant Trivium à jouer en trio pendant quelques temps.
Chaque album est représenté ce soir mais seul un seul titre est joué pour quatre d'entre eux. Ce n'est pas trop grave au vu de la faible qualité de Silence in the Snow et Vengeance Falls par contre pour Shogun et The Crusade, on peut regretter de ne pas avoir eu le droit à un "Kirisute Gomen" ou un "Entrance of the Conflagration".
On sent un Matt Heafy soucieux et aux aguets dès les premières notes du concert, il passe son temps à regarder la sécurité et la manière dont celle-ci traite les crowdsurfeurs. Instant coup de gueule de cet article mais la sécurité du Bataclan est vraiment d'une nullité sans précédent, c'était déjà le cas l'an dernier lors du concert de Parkway Drive. Ce n'est quand même pas normal que ce soit au chanteur du groupe de devoir expliquer qu'on se met à deux pour rattraper un spectacteur afin de lui assurer ainsi qu'aux personnes en dessous une descente en douceur. Un accident va arriver un jour et il ne faudra pas venir se plaindre. Si les salles parisiennes pouvaient commander une formation sécurité aux Challengers du Hellfest, on ne serait vraiment pas contre.
Rarement le Bataclan aura été autant en folie que durant ce concert, les circle-pit emmènent tout le monde sur leurs passages. Juste avant le premier grand tube de la carrière de Trivium, "Pull Harder on the Strings of Your Martyr", Matt Heafy sacre Paris comme meilleur public de la tournée. Un fort sentiment de fierté s'empare de nous surtout quand on repense aux tragiques événements ayant eu lieu ici même.
Comme d'habitude c'est avec "In Waves" que Trivium va terminer la soirée et finir de ravir nos cages à miel. Le refrain est ultra simpliste mais quoi de mieux pour finir un concert que de n'avoir que deux mots à hurler à pleins poumons ? Trivium a réussi un retour tonitruant avec The Sin and the Sentence et au vu de l'engouement du public pour cet album et cette tournée, on se dit que la marche vers les sommets du metal est à nouveau en bonne voie.
Setlist:
The Sin and the Sentence
Throes of Perdition
Betrayer
Ascendancy
Sever the Hand
Inception of the End
Until the World Goes Cold
Becoming the Dragon
Thrown Into the Fire
Strife
Caustic Are the Ties That Bind
The Heart From Your Hate
Beyond Oblivion
Encore:
Shattering the Skies Above
Pull Harder on the Strings of Your Martyr
Capsizing the Sea
In Waves
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