Après avoir réenregistré Dragons of North en 2016 pour célébrer le vingtième anniversaire de sa sortie et actuellement en train de travailler au successeur de Av oss, for oss qui sortira en fin d’année, Grimar des vikings légendaires Einherjer nous parle de son groupe lors du Cernunnos, de son histoire et des histoires du black metal du début des années 90’s…
Lionel / Born 666 : Bonjour, qu’en est-il de l’actualité de Einherjer aujourd’hui en 2018 ?
Grimar : Nous venons en fait de terminer l’écriture d’un nouvel album. Donc pour le moment c’était de venir à ce festival, le Cernunnos et de reprendre la semaine prochaine l’enregistrement de l’album. Nous allons donc sortir un album en fin d’année. Nous n’avons pas encore en tête la date exacte de sortie, mais je pense que ce sera en octobre. C’est ce que nous visons pour cette année. Nous avons une dizaine de chansons de prêtes.
Lionel : En 2016 vous aviez réenregistré Dragons of North pour fêter son 20ème anniversaire.
Grimar : Oui effectivement !
Lionel : C’était important pour vous de le faire ?
Grimar : On voulait faire quelque chose pour célébrer cet anniversaire. Au début on ne savait pas exactement ce qu’on voulait faire. Nous avons aussi pensé qu’au lieu de faire comme nombreux groupes réenregistrer les bandes (parce que les musiciens n’en sont plus satisfaits), nous avons voulu faire le contraire. Nous voulions réenregistrer l’album parce que nous voulions célébrer l’album. Nous sommes encore très heureux de l’album et de son enregistrement d’époque. Nous avons changé notre état d’esprit quand nous avons commencé à creuser dans ce matériel vieux de 20 ans et ça fonctionne encore très bien après tant d’années. Je pense qu’on a légèrement changé la façon dont nous faisons les choses maintenant pour le nouvel enregistrement. C’était donc un bon moyen de célébrer l’enregistrement avec de légers changements. Bien sûr cela a pris des mois et des mois : travailler sur les arrangements, les réenregistrements…Je suis très content du résultat. Je pense que si les gens préfèrent l’original c’est bien. Mais bon il y a les deux.
Lionel : Je préfère l’original…
Grimar : Pas de problème…
Lionel : Tu peux en dire plus sur ce futur nouvel album ou pas ?
Grimar : Je pense qu’il représente une progression naturelle de Av oss, for oss qui était sorti en 2014. Mais je pense aussi que depuis que nous avons enregistré des trucs en 2016, j’ai aussi changé, évolué. Je ne regarde pas les choses de la même manière. Peut être aussi dans notre manière de faire des arrangements. Je pense que cela aura un impact sur la façon dont nous faisons les choses maintenant pour ce nouvel album. Mais je ne pense pas vraiment qu’il y aura pour l’auditeur de grandes surprises car il sonne quand même comme tout ce que l’on fait depuis 8-10 ans.
Lionel : beaucoup de choses à venir donc pour cette année…
Grimar : Tu sais on est en février et l’album sortira en octobre mais bon on va continuer à faire de la scène, des vidéos peut-être cet été. Il y aura des trucs sympas à venir.
Lionel : Te souviens-tu de ta tournée avec Cradle of Filth en 1998 ?
Grimar : Bien sûr que je m’en souviens. C’était pour nous notre première grande tournée, d’autant que la tournée avait duré cinq semaines et que l’on jouait tous les soirs. J’ai adoré tourner avec eux tu sais, les mecs de Cradle étaient vraiment sympas avec nous. C’étaient de vrais gamins.
Lionel : Tu as créé le groupe en 1993, une année assez forte en sortie d’album du côté du black metal… Darkthrone, Dissection, Immortal, Marduk, Sign, Burzum, Impaled Nazarene et j’en passe. De quels groupes as-tu été inspiré ?
Grimar : Beaucoup de choses se passaient à cette époque là. De nombreux groupes que tu as mentionnés étaient très importants. Mais je pense que pour nous le groupe le plus important était et a toujours été Bathory. Et plus particulièrement les albums Hammerheart et Twilight of the Gods. On a été très fortement influencé par ces deux albums. Je pense qu’ils n’ont pas beaucoup changé en vieillissant. Et bien sûr il y a eu cette seconde vague de black metal qui a également changé les choses. Mais oui, musicalement, du côté norvégien on a aussi été très influencé par Immortal. Pure Holocaust leur premier album m’a énormément influencé.
Lionel : Penses-tu qu’un jour tu pourras faire un album de reprises de Bathory comme Ereb Altor ?
Grimar : (rires) je ne sais pas. Tu sais je joue aussi dans un groupe qui s’appelle Twilight of the Gods qui a sorti en 2013 l’album Fire on the Mountain. C’est un tribute band de Bathory. On avait fait une tournée (le Heidenfest en 2010) ou on reprenait des albums du groupe. On y retrouve Alan Averill (Primordial) au chant, Nick Barker (Ancient, Brujera) à la batterie et Rune Eriksen (Aura Noir, ex. Mayhem) et Patrik Lindgren de Thyrfing. On a fait cela pendant deux ans mais maintenant c’est difficile de reprendre ça. On a pris des chemins différents. Je ne pense pas qu’on en fera un autre. Je pense aussi qu’Ereb Altor le fait très bien.
Lionel : Quand tu étais plus jeune en Norvège au début du black metal, étais-tu fier de tous ces groupes qui sortaient des albums et étaient parfois hors la loi…
Grimar : Au début personne ne savait vraiment ce qui se passait. Puis les églises ont commencé à brûler. Ensuite ils ont commencé à s’entretuer, ça devenait très violent.
Lionel : Tu avais quel âge ?
Grimar : A peu près 19 ans. Et quand tous les journaux ont commencé à parler de tout ce qui se passait… Sur cette période en Norvège tu pouvais trouver trois à quatre « Une » de quotidien par semaine sur le black metal. Ensuite dans la rue on en parlait ensemble. Ensuite tu peux dire ce que tu veux sur ce qui c’est passé, toutes ces choses mais le monde entier s’est penché sur cette scène pour savoir ce qui s’y passait, quels étaient les investigateurs et quelle genre de musique ils jouaient. Ça en a fait une bonne publicité.
Lionel : Comment tu travailles ta musique ?
Grimar : En dehors de la musique on a tous nos vies. Chez moi j’ai une construction à part, c’est un studio…
Lionel : La famille d’un côté et toi dans le studio…
Grimar : (rires) Oui c’est ça, ma famille dans la maison et le studio où je peux m’isoler pour créer et jouer de la musique. Et j’ai une préférence pour travailler très tôt le matin ou très tard le soir. Mais j’aime bien me lever très tôt pour travailler dans les premières heures de la journée. C’est dans ces moments là que je suis le plus créatif. Tout le monde est différent dans son approche créative mais moi c’est comme ça que j’aime créer.
Lionel : Ces dernières années, il y a eu un album qui t’a marqué ?
Grimar : Je ne suis pas très bon dans la musique contemporaine, ce qui sort actuellement. J’ai quand même tendance à vivre dans le passé. J’aime me replonger dans des vieux trucs de prog rock, du classic heavy metal. Mais bon parfois j’accroche sur de nouveaux groupes. Comme Primordial par exemple. Je pense que c’est un groupe qui album après album se bonifie et devient de mieux en mieux. J’ai aussi adoré le dernier Moonsorrow (Jumalten aika), il est excellent. On a un nouveau mec dans le groupe (Ole Sønstabø à la guitare, Fear Theories), il est plus jeune que nous. Il écoute tout le temps des nouveaux trucs et parfois il nous sort des trucs et on est sur le cul « Whouahou mais c’est excellent ce truc ! ». Tu sais pour ça il faut avoir aussi du temps, savoir utiliser ton temps pour découvrir de la musique. Tu dois soit prendre ton temps pour être créatif et créer de la musique ou bien prendre ton temps pour en écouter. C’est juste un choix.
Lionel : Nouveau gig ce soir ? Combien de fois avez-vous joué en France ?
Grimar : On a du jouer deux fois mais c’était il y a très longtemps.
Lionel : C’est un événement pour les fans…
Grimar : Oui je sais. Je crois que la dernière fois qu’on a joué c’était il y a 10 ou 15 ans…
Lionel : Un dernier mot ?
Grimar : Oui je veux dire que nous avons hâte de jouer ce soir et de faire plus de promo en France car après la sortie de l’album j’espère faire de nombreuses choses chez vous.
Thomas Orlanth : Peux-tu nous dire ce que signifie Einherjer en 2018 pour toi?
Grimar : Pour moi un groupe c’est un style de vie. C’est tellement une part importante de moi, de ma vie, je ne peux pas faire quelque chose sans garder au fond de ma tête que ce groupe est une part de moi. Tout ce que je fais est connecté à ce groupe. Si tu pars en vacances avec ta famille, tu vas dans un bar metal ou rock, c’est la nuit et tu entends la musique qui sort des enceintes, la bière est bonne, tu parles musique avec des gens et là tout redevient connecté à la scène, au metal, à ton style de vie et que ce sont tes meilleurs journées, c’est ta vie, c’est bon…
Photos : © 2018 Thomas Orlanth
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