La Laiterie de Strasbourg attire de bien beaux groupes, et il est même étonnant de retrouver un des quatre grands du thrash metal dans une salle si intimiste, peut être la plus petite date de leur tournée. Résultat, un concert sold-out en quelques jours, et une ambiance qui promet d’être électrique. Pas de première partie fixe sur cette tournée, c’est donc les locaux de Dead Man Square qui ouvriront le bal.
Dead Man Square
Quelle belle occasion pour un groupe Strasbourgeois, qui plus est ultra fan de Megadeth, d’avoir été proposé et propulsé en première partie dans cette salle qui a l’air de faire beaucoup pour les groupes du coin. DMS propose une sorte d’alternative à Gojira, un death metal moderne teinté de djent aux riffs lourds et caverneux. Damien, le guitariste chanteur charismatique mène la danse et accroche un public pas vraiment venu pour ce style à la base, mais quand c’est bien fait…
Car les quatre Alsaciens assurent comme personne. Leurs compos sont efficaces, les riffs entraînent les têtes de la fosse sans forcer, il n’y a que le son qui aurait pu parfaire le tableau, avec des guitares un peu moins en retrait et un peu plus d’impact global. Mais on imagine allègrement dans d’autres conditions et devant un public un peu plus concerné que Dead Man Square peut retourner une fosse sans soucis. Loin d'être des amateurs, la cohésion entre les quatre musiciens est totale et la bonne humeur bien présente entre les titres. A revoir en tête d'affiche si vous en avez l'occasion !
Megadeth
Après un passage éclair (et une setlist raccourcie sans raison connue) il y a quelques jours au Hellfest et un show pas vraiment convaincant, on pouvait craindre un groupe en roue libre surtout dans la chaleur habituelle de la Laiterie. La fosse suffoque déjà en attendant le quatuor, mais la vision de la setlist par les premiers rangs est rassurante et donne du baume au cœur : pas moins de 19 morceaux sont au programme pour un best-of ahurissant. Quelques antisèches sont collées au sol également, surplombées par les pieds de micro chargés de mediators. La batterie de Dirk Verbeuren occupe le fond de scène entre deux murs de cabs Marshall et Hartke, et le logo Megadeth apparaît après une ouverture de rideau. Quelques blagues du roadie chargé de tester les micros et on peut enfin démarrer…
Si la fosse était restée très sage jusqu’à présent, il fallait se préparer pourtant à souffrir. Dès la fin de ''Prince of Darkness'' servant d’intro et le début d’''Hangar 18'', un premier mouvement de foule écrase les premiers rangs par surprise, le concert sera sportif dans le premiers rangs. En même temps, la scène étant tellement proche des barrières que la convoitise était certaine, au point de rendre quelques spectateurs plutôt violents, vite recadrés par certains ou une sécurité plus ou moins aux aguets.
C’est donc dans des conditions assez folle que l’on peut profiter d’un des plus célèbres groupes de thrash metal, les barrières ne sont qu'à quelques centimètres d'une scène assez basse, pour une capacité d'à peine 800 personnes. Dave Mustaine est ultra souriant, Kiko à fond comme d'habitude, Dave Ellefson s'approche des premiers rangs pour haranguer la foule et malgré leur jeu de scène minimaliste, la salle se laisse emporter comme rarement sur un concert de Megadeth. La transpiration est visible sur tous les visages des les premières minutes du show, il va faire vraiment très chaud pour tout le monde, sur scène comme dans le public.
Servis par un son plus qu'excellent, les Américains savent faire monter la pression assez vite: ''Hangar 18'' pour commencer, ''Wake Up Dead'', ''She-Wolf'', ''Tornado of Souls'', ''Trust'', l'incontournable ''A Tout le Monde''... Rien ne manque pour réaliser un sans faute côté classiques, les derniers albums étant aux abonnés absents hormis Dystopia. Retour dans la setlist de titres assez anciens comme ''The Conjuring'', ''My Last Words'' (avec les paroles écrites au sol pour parer au moindre trou de mémoire) ou ''Poison Was the Cure'', assez bien accueillis. Le petit interlude basse-batterie ''Dawn Patrol'' et le début de ''Poison Was The Cure'' permet de mettre en avant un Dave Ellefson au top de sa forme, sans oublier l'intro de ''Peace Sells'' évidemment.
Le Brésilien Kiko Loureiro fait des merveilles sur les solos des anciens titres, apportant une couleur vraiment particulière, une chaleur symbolique propre à son jeu depuis toujours, là ou Chris Broderick semblait plus chirurgical mais plus 'froid' dans l'intention. Le batteur Dirk Verbeuren reste également une valeur sûre en live, et il nous tarde le prochain essai de Megadeth pour découvrir son talent sur album. Ce line-up est un des meilleurs que le groupe ait pu connaître dans son ère 'moderne' sans aucun doute.
Le rappel est inévitablement l'occasion de terminer sur ''Holy Wars'' avec un Dave Mustaine souriant et heureux de l'ambiance ce soir là, tant le retour de la foule est surprenant. Malgré son flegme presque habituel et à une distance étrange de son micro, sieur Dave n'a pas démérité (par rapport aux derniers lives en festivals). Les médiators qui narguaient la foule depuis le début sont distribués, ainsi que baguettes et setlists, et après un salut final, le groupe quitte la scène.
C'est un vrai Megadeth qui a enflammé Strasbourg ce soir là. Sans la distance des grandes scènes de festivals, mais avec une fosse en feu, un son parfait et une vraie envie du quatuor, c'était un concert rêvé pour tout fan du rouquin frisé qu'il ne fallait absolument pas manquer.
Setlist:
Hangar 18
The Threat Is Real
The Conjuring
Wake Up Dead
In My Darkest Hour
Sweating Bullets
She-Wolf
Tornado of Souls
Trust
Dawn Patrol
Poison Was the Cure
My Last Words
Take No Prisoners
A Tout Le Monde
Dystopia
Symphony of Destruction
Mechanix
Peace Sells
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Holy Wars... The Punishment Due
Copyright photos: Draksmoon - Julie Warnier
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