Un concert d'Iron Maiden est toujours un événement important, surtout quand le groupe n'est pas venu nous rendre visite en salle depuis un moment. En effet cela fait cinq ans que la vierge de fer n'est pas revenue dans son antre de l'AccorHotels Arena... Pardon, je veux dire Bercy. Pendant tout ce temps le groupe n'a pas abandonné la France puisqu'il était présent à la première édition du Download Festival Paris en 2016 et était, il y a quelques jours, en train de donner le meilleur concert du Hellfest 2018 sur la Main Stage 1. Mais ne préfère t-on pas les gâteaux préparés avec amour par mamie plutôt que ceux achetés en supermarché ? Ce jeudi 5 Juillet était donc très important car c'était le jour où Maiden revenait à la maison.
C'est donc une armée de t-shirts à l'effigie d'Eddie que l'on peut remarquer dans Paris et ce, pas seuleument aux alentours de Bercy ; un public pressé de retrouver le groupe en salle après autant de temps pour cette première représentation parisienne du Legacy Of The Beast Tour qui en comptera deux. Il est presque 18h lorsque les portes s'ouvrent et il reste au public 1h30 avant que la première partie assurée par The Raven Age ne commence.
THE RAVEN AGE
Le groupe emmené par le guitariste George Harris, fiston du grand Steve a 40 minutes pour convaincre ou mourir. Comme beaucoup de premières parties avant eux à l'exception de Helloween et Slayer au début des années 2000 qui avaient réussi à garder leurs têtes, la tâche du groupe s'annonce ardue car oui, le public de Maiden est sévère, fiston ou non.
Après une longue intro le groupe entre en scène et démarre son set par le morceau "Bretrayal Of The Mind". Le son est plutôt correct mais il ne se passe pas grand chose sur scène, Matt James tente de faire réagir le public mais les bras se lèvent difficilement. Le morceau "Promised Land" ne change pas la donne et pire on a cette désagréable impression que les morceaux ne sont pas terminés, la plupart se clôturant sur un break. Le fait que le groupe fasse taper des mains à un certain rythme et enchaîne sur un titre au tempo différent n'aide pas les spectateurs à entrer dans le show.
Matt continue pourtant d'essayer d'intéresser le public en présentant George Harris, en faisant allumer les briquets ou encore disant aux spectateurs combien tels ou tels morceaux comptent pour lui mais la salle semble progressivement s'endormir. C'est après "My Revenge" et "Angel In disgrace" que le groupe quitte la scène, sans avoir oublié de souhaiter un joyeux anniversaire à leur batteur et demander la photo souvenir, et n'aura malheureusement pas su convaincre le public.
Setlist
1. Betrayal of the mind
2. The merciful one
3. Promised land
4. The death march
5. Salem's fate
6. Surrogate
7. My revenge
8. Angel in disgrace
Quand The Raven Age termine sont set, il reste 20 minutes à patienter avant Iron Maiden, 20 minutes qui voient une hola se former dans tout Bercy et qui durera jusqu'aux premières notes de "Doctor Doctor".
IRON MAIDEN
Lorsque les lumières s'éteignent et que retentit le "Churchill's Speech", pendant lequel deux militaires de chaque côtés de la scène libèrent le décor, la foule est déjà au comble de l'excitation et c'est l'explosion quand elles se rallument sur "Aces High" révélant un Spitfire. Car oui, le groupe est venu avec un putain d'avion sur scène ! Bruce fait alors son entrée et s'envole au dessus du retour son, ce qui laisse l'occasion aux meilleurs photographes de prendre la photo des photos. L'avion multiplie les figures tentant d'imiter un Bruce Dickinson virevoltant pendant que le public hurle les paroles.
Le backdrop change alors et laisse place à un décor gelé avant que le morceau "Where Eagle Dares" qui n'avait pas été joué depuis 2005 ne retentisse pour le plus grand plaisir des spectateurs. C'est d'ailleurs à ce moment que Bruce décide de placer son premier "Scream for me Bercy !" car même si la salle a changé de nom depuis leur dernière venue, Bercy sera toujours Bercy pour Iron Maiden et ses fans. Intervient ensuite le classique "2 Minutes to Midnight" toujours très efficace avec sa chorégraphie lors du refrain et qui nous montre un groupe très en forme et précis.
C'est quand le décor change une nouvelle fois, car oui, il changera à tous les morceaux pour une scénographie magnifique et inégalée à ce jour pour Iron Maiden, que Bruce choisit de s'adresser au public en Français. Il annonce que le concert sera découpé en trois actes qui seront composés de la guerre, la religion et l'enfer. Le public l'écoute religieusement quand il revient sur le Spitfire, l'avion piloté par un Belge, qui, pendant la seconde guerre mondiale s'est battu pour protéger le monde du nazisme. Bruce parle avec le coeur quand il dit que l'on est pas toujours conscient dêtre libre mais qu'il faut en revanche savoir quand on tente de nous retirer cette liberté et se battre pour elle. Il précise également que c'est la seule fois où il parlera avec le public car il préfère que les histoires se racontent sur scène, en chansons. Il terminera avec humour en parlant football et en se traitant de "rosbif" avant d'annoncer un morceau dont le thème est justement la liberté : "The Clansman", morceau qu'il débutera avec "un petit danse fou", en français dans le texte, qui fera beaucoup rire l'auditoire.
"The Trooper" voit l'arrivée d'Eddie dans une version remaniée qui combattra Bruce à l'épée avant de se faire tirer dessus par le chanteur armé d'un mousquet arborant le drapeau tricolore, un pur régal. Arrive ensuite le plus beau tableau de la soirée, un décor de cathédrale, des chandeliers de chaque côtés de la scène et c'est alors que retenti "Revelations". La voix de Bruce, comme depuis le début de cette tournée a retrouvé une puissance, une justesse et une précision qu'on n'imaginait plus entendre après son cancer de la langue. Le groupe enchaîne ensuite avec "For The Greater Good Of God" tiré de l'album A Matter Of Life And Death, un morceau qui prend toute sa dimension en live et qui est repris pas tout le public.
C'est au tour de "The Wicker Man" d'user un peu plus les résistances du public avec son refrain imparable avant que n'interviennent les deux pièces maîtresses du concert. "The Sign Of The Cross" est un morceau magnifique de plus de 10 minutes que le groupe n'avait plus joué depuis 2000 et qui fait la part belle aux solos. C'est le moment de contempler tout le talent de Steve Harris et de voir Bruce, vétu d'une cape et muni d'une croix géante lumineuse faire des allers et retours sur scène sans jamais faiblir vocalement. Les solos interpretés par Dave Murray et Adrian Smith sont précis et le final avec les explosions en rythme sur les temps forts ajoutent une puissance au morceau qui se conclut sur une partie a capella magnifique.
La seconde pièce maîtresse se trouve être le morceau "Flight Of Icarus", une chanson tirée de Piece Of Mind et qui n'a plus été joué depuis 1986 ! Ce titre qui raconte la chute d'Icare était donc très attendu qui plus est par la scénographie qui lui était attribuée sur scène. Malheureusement en cette première soirée un problème technique prive les spectateurs du malheureux Icare qui n'aura jamais réussi à prendre son envol, cloué au sol par un cable défectueux. Dans les faits celui-ci aurait dû apparaitre, majestueux et doté de ses ailes avant de finir brûlé par les jets de flammes au dessus de lui représentant le soleil et d'un Bruce Dickinson armé de ses lance-flammes, avant de se flêtrir et tomber dans l'oubli. Un problème qui n'aura heureusement pas lieu le lendemain soir.
Les classiques "Fear Of The Dark" (qui voit un Bruce vétu en Jack l'éventreur) ainsi que "The Number Of The Beast" et "Iron Maiden" avec l'apparition d'un Eddie cornu géant finiront d'achever le public qui aura tout donné et gouté sa propre sueur. Pendant ce temps sur scène Nicko McBrain, batteur extraordinaire de son état se retrouve les fesses à l'air et c'est ce moment que le groupe choisit pour se retirer avant le rappel.
Quelques minutes plus tard, histoire que le public reprenne un peu d'énergie après cet enchainement dit "enchainement de la mort" le groupe revient sur le toujours très efficace "The Evil That Men Do" avant d'enchaîner sur "Hallowed be Thy Name", qui avait été retiré des sets les années précédentes pour une sombre affaire de droits. Le morceau fait donc son retour sur cette tournée Legacy Of The Beast pour le plus grand plaisir des fans. Le groupe a décidé pour l'occasion de faire un clin d'oeil au passé en réintroduisant les décors de la tournée 1992 – 1993 qui voyait un Bruce enfermé dans une cage sur la gauche de la scène pendant que la corde du pendu se balançait égrainant les minutes qu'il restait au condamné. La prestation est tout bonnement magistrale et permet, s'il s'en faut, de démontrer toute la qualité des musiciens. C'est sur le classique "Run To The Hills" que le groupe et Bruce, chevauchant son cheval invisible, quitte le public en promettant de revenir à Paris juste après avoir déclenché le détonateur à TNT placé au milieu de la scène.
Comment ressortir indemne d'un tel spectacle ? Comment réaliser qu'après tant d'années le groupe soit dans cet état de forme flamboyant et soit capable de se remettre en question en repensant complètement son spectacle ? Iron Maiden c'est aussi une famille dans la fosse et en gradins, des gens qui ne se connaissent pas mais qui partagent bras dessus, bras dessous un moment hors du temps, qui sont là pour le groupe et connaissent chaque paroles, solos et partitions de batterie et qui rendent chaque concerts inoubliable. Le groupe a livré ce jeudi 5 Juillet un concert magistral, généreux et même si comme le dit la chanson des Monthy Python, que le groupe diffuse en fin de concert, qu'il faut toujours regarder le bon côté de la vie, ce n'est pas chose facile quand on se dit que le concert est déjà terminé et qu'il faudra patienter avant de les revoir.
Up the Irons !
Setlist
01. Doctor Doctor
02. Churchill's Speech
03. Aces High
04. Where Eagles Dare
05. 2 Minutes To Midnight
06. The Clansman
07. The Trooper
08. Revelations
09. For The Greater Good Of God
10. The Wicker Man
11. Sign Of The Cross
12. Flight Of Icarus
13. Fear Of The Dark
14. The Number Of The Beast
15. Iron Maiden
Rappel
16. The Evil That Men Do
17. Hallowed Be Thy Name
18. Run To The Hills
Photos : © 2018 Nidhal Marzouk
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.