J'ai un pote ( cette introduction vous est offerte par Laviepassionnantedejef.com, si vous ne voulez pas la lire, cliquez sur le paragraphe suivant pour passer directement à la critique de l'album ) qui est obsédé par les « passages Basse/Batterie ».Vous savez cette complicité entre les deux instruments rythmiques qui sonnent à l'unisson pour donner à certains morceaux une rondeur dansante ( on peut appeler ça du groove aussi ). Ainsi, j'ai souvenir de samedis soirs il y'a quelques années où nous passions notre temps à refaire le monde ( qui finalement n'a guère changé depuis, convenons-en ) en éclusant des bières alors que les disques défilaient sur la platine. Parfois, mon ami s'arrêtait, figé comme un setter irlandais qui vient de sentir un lièvre, et me disait : « Ecoute ! Ca c'est du Basse/Batterie, tu vois ? Ca fait : Poum/Pam/Tchakatak. » avant de conclure par un : « Et là : Pêche ! » .Je n'ai jamais vraiment compris ce qu'était ( malgré les explications détaillées et alcoolisées de mon pote ) une « Pêche », en revanche j'ai appris à repérer les « Poum/Pam/Tchakatack », disons que mon copain ( qui est d'ailleurs bassiste/contrebassiste diplômé du Conservatoire, voilà ça c'était pour me racheter de me moquer un peu de lui ) m'a un peu transmis son obsession et j'aime les bonnes rythmiques groovy.
J'ai pensé à lui en découvrant No Flame No Sense, la première autoproduction de Otherside car du passage Basse/Batterie il y'en a sur ce disque. Ce groupe formé en 2006, nous vient de Marseille ( comme Dagoba ) et donne dans un style peu représenté de nos jours qui a connu son heure de gloire ( initiée par la sortie il y'a 20 ans du Vulgar Display Of Power de Pantera ) au milieu des années 90 : le Power Metal typé US appelé aussi Groove Metal ( style pratiqué aussi par Dagoba à ses débuts avant qu'ils ne donnent dans le Cyber Looké Metal, bon allez on arrête là les comparaisons ), cette scène alors foisonnante était aussi représentée par le Machine Head des deux premiers albums, Skinlab, Pissing Razors ou les moins connus ( mais néanmoins très recommandables ) Exhorder a en quelque sorte dominé le marché Metal en apportant un groove qui préfigurait un peu le Neo...
Mais voilà nous sommes en 2002, Dimebag n'est plus, Machine Head a ( bien ) évolué après s'être cherché durant quelques albums et les autres groupes ont soit splitté ou se sont enfouis dans les eaux marécageuses de l'underground. D'autres continuent à perpétuer l'esprit de ce style, qui donna tant de fraîcheur au Thrash ( dont le Power était l'enfant en quelque sorte ) vieillissant en ce début des années 90 et dépassé par des vagues plus extrêmes, comme le présent Otherside. No Flame No Sense est sorti depuis un an déjà mais mérite l'attention de tous ceux qui se sont coupé les cheveux en 1992 et ont mis leur spandex à la poubelle pour enfiler un bermuda aux bords déchirés.
Le groupe pratique un style de Metal plus forcément à la mode mais non dénué d'intérêt, loin de là. Pour être franc sur les 8 titres qui composent No Flame No Sense, aucun n'est faible et la durée du disque est parfaite, pas de remplissage, ni de ventre mou donc. Dés l'introductif « Fuck Off And Fight » ( nous pouvons leur reprocher de ne pas être aussi poètes que My Dying Bride par exemple dans les titres de leurs chansons parfois mais là n'est pas le propos ), le ton est donné : On est là pour donner tout ce que l'on a dans le bide, en allégeant un peu le gras par une complicité rythmique digne du duo Rex Brown/Vinnie Paul ( les fameux plans Basse/Batterie que l'on retrouve notamment sur « Fire Starter » et « Burn » ).
Le tempo évolue entre décharges plutôt Thrash ( « Flashover » introduit par un bruit de tonnerre grondant annoncent très bien l'orage d'énergie qui va suivre ensuite, «The Last » dont le riff peut faire penser à Iced Earth, citons aussi le morceau qui clôture l'album « Like a Father » ) ou rythmes plus médiums ( « Fuck Off And Right », « Burn » qui est pour moi le meilleur titre de l'album avec son riff introductif presque « moshisant » qui aurait pu être pondu par Scott Ian et qui se poursuit par une ligne de basse qui va amener un autre riff bien accrocheur et vraiment faire décoller le morceau vers des sphères groovy et « Whisky » qui commence de façon menaçante avec son riff un peu stoner qui rappelle Down alors que la suite de la chanson évoque Pantera ).
La voix, au timbre assez proche de Phil Anselmo, du chanteur Thier est puissante et ne manque pas de coffre, elle explose de rage parfois, semblant exprimer une sensibilité d'écorché vif ( comme c'est le cas sur « Fire Starter » qui doit faire son effet sur scène, la fin de « Flashover » mais aussi « The Last » ) mais ne manque pas de sensibilité pour autant comme on le constate sur la Power Ballad «Easily ».Insistons aussi sur les choeurs, assurés par un des guitaristes, Nico, qui donnent plus d'impact à certains refrains. Enfin, je conclurai en évoquant les solis de guitares qui sont soignés ( « Fire Starter », « Burn », « The Last » et « Like Father » ) et remplis de feeling parfois ( mention spéciale à « Flashover » où on dirait presque du Maiden et « Easily »). Les « cowboys from hell » semblent être la grosse influence de Otherside mais alors que des groupes plus établis sur la scène internationale sont parfois proches de la copie carbone ( qui a dit Throwdown ? ), les marseillais ont parfaitement assimilé le style du modèle texan pour ne pas sonner comme un tribute band. Allez, un petit reproche, ou plutôt une remarque car n'oublions-pas qu'il s'agit d'une autoproduction, concernant le mix de la section rythmique, on aimerait parfois entendre mieux les passages...Basse/Batterie.
Il ne manque donc plus qu'à Otherside de trouver un label qui saura prendre contact avec Colin Richardson ou Terry Date par exemple, il faut savoir espérer ( et rêver ) si l'on veut passer...De l'autre côté.
Note : 7,5/10, à encourager.
Liste des titres :
1.Fuck Off And Fight
2.Firestarter
3.Burn
4.Flashover
5.Easily
6.The Last
7.Whisky
8.Like a Father
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