Metaldays : le mix parfait entre metal, vacances et écologie ?

Alors que la quatorzième édition du festival Slovène Metaldays bat son plein, La Grosse Radio est allée discuter avec Nika Brunet, organisatrice et responsable presse et marketing du festival, pour parler de l’évolution de ce petit festival devenu grand.

Vous en êtes à votre quatorzième édition, quel regard portez-vous sur l’évolution du festival ?

Si le festival a changé de nom en 2012, je pense que la philosophie était là dès le début, avec cette volonté de faire un festival qui soit aussi des « vacances metal ». Le festival se déroule toujours au même endroit, près de la petite ville de Tolmin – selon les critères français, ce serait même un village ! Il est implanté dans un parc national, dont nous devons donc respecter les règles. Mais je pense qu’on s’en sort bien. Le lieu est respecté, les habitants sont contents de notre comportement, il y a de bonnes relations avec eux et c’est très important. Nous coopérons par exemple avec des fournisseurs locaux pour la nourriture. C’est un environnement magnifique : nous sommes entourés de montagnes et de deux cours d’eau, où les spectateurs peuvent nager, et nous organisons des activités autour du festival toute la journée. Vous pouvez commencer la journée au camp avec un petit déjeuner, vous pouvez lire notre journal metal sur l’actualité du festival, que nous imprimons tous les matins, vous pouvez manger dans notre vingtaine de stands variés, vous pouvez aller à la plage et pratiquer du metal yoga, ou du metal fitness, et participer à des jeux sur la plage après les concerts. En fait, vous n’avez pas besoin de sortir de l’enceinte du festival.

Et ça ressemble à quoi du fitness metal ?

C’est simplement du fitness sur de la musique metal ! La prof vient d’Allemagne chaque année, et elle a réussi à allier les deux, elle crée des enchaînements de fitness sur de la musique et du rythme metal. Ça a l’air marrant, mais il faut savoir que ce n’est pas simple du tout. Cela se déroule le matin, mais il fait déjà chaud, et donc ce n’est pas évident de sauter partout de la sorte.
 

Vous avez gagné en 2017 un Greener Festival Award, qui récompense les festivals les plus écolos, pour la seconde année consécutive. C’est quelque chose d’important pour vous ?

Oui, nous sommes tous très attachés à l’écologie et au développement durable, et nous voulons le transmettre à travers le festival. Nous faisons énormément de choses, tout au long de l’année et pendant le festival. Par exemple, l’an dernier, nous avons remplacé tous les gobelets et ustensiles en plastique par un équivalent qui ressemble à du plastique mais est biodégradable. Aujourd’hui, le festival ne produit quasiment pas de déchet. Cette récompense ne vaut pas que pour nous, car nous impliquons nos visiteurs dans notre démarche, nous les avons sensibilisés au fil des ans. Aujourd’hui, dans le festival et le camping, il y a très peu de déchets, et si vous jetez quelque chose au sol, quelqu’un vous le fera forcément remarquer. Nous faisons d’ailleurs en sorte que les spectateurs produisent le moins de déchets possibles. Par exemple, nous les incitons à venir avec leurs propres récipients réutilisables et ne pas acheter de bouteille plastique, car il y a de l’eau potable gratuite dans toute l’enceinte. De la même façon, vous voyez rarement des gens uriner n’importe où, il n’y a aucun besoin de ça parce qu’il y a suffisamment de toilettes alentours. Et ainsi de suite. Ce sont de petites actions, mais je pense qu’à la fin elles mènent à un grand résultat, à un festival vraiment propre et écologique. Et nous ne voulons pas que nos spectateurs aient ces réflexes durant le festival uniquement, nous voulons qu’ils adoptent les mêmes chez eux aussi, et qu’ils comprennent qu’il n’y a aucun besoin de polluer autant.

Cela vous tient donc à cœur de sensibiliser le public à ce problème ?

Oui, car presque tous les déchets sur le site du festival sont en fait produits par le public : objets jetables, sacs en plastique…  D’où la nécessité de le former : si les visiteurs viennent pour la première fois, ils ne savent pas comment cela se passe, et peuvent emmener de la nourriture avec des emballages par exemple. Mais une fois qu’ils ont vu tout ce qui était à leur disposition, ils se rendent compte qu’ils n’ont pas besoin de tout cela. Nous réfléchissons aussi de notre propre point de vue : si je vais dans un festival, j’ai envie qu’il soit propre, respectueux de l’environnement, avec un large choix de nourriture …

Est-ce que vous sensibilisez aussi les groupes sur ce sujet ?

Oui, ils sont conscient de ce problème, et ils acceptent ces règles. Les groupes réagissent comme le public : quand ils viennent pour la première fois, ils sont agréablement surpris par les lieux, ils ont envie d’explorer les alentours – du coup, vous pouvez voir régulièrement des chanteurs célèbres se promener autour du festival – et si vous vous promenez dans cet environnement magnifique et que vous voyez qu’il est intact, qu’il n’y a pas de déchets par terre, vous avez envie de le préserver. D’ailleurs, la plupart des groupes veulent revenir, et clament tous dans notre after movie que l’environnement est magnifique.
 

Le line-up grossit d’année en année. Quels groupes rêvez-vous toujours d’avoir ?

Il faut déjà savoir que certains souhaits ne sont pas réalistes. Des groupes comme Rammstein ou Iron Maiden sont simplement trop gros pour notre production. Et nous ne pourrons jamais les avoir parce que le lieu lui-même, l’espace du festival est simplement trop petit pour leur organisation. Sinon adorerait avoir Gojira, nous y travaillons depuis quelques années, mais pour l’instant cela ne marche pas. Dans un futur proche, le groupe de nos rêves ce serait Tool.

Et quels groupes êtes-vous les plus fiers d’avoir réussi à faire venir ?

Des groupes comme Sabaton, Korn, Marilyn Manson : nous avons passé un grand moment et il a passé un grand moment aussi. Cette année, nous attendons avec impatience Judas Priest… mais tout le reste aussi ! Là, je ne cite que les têtes d’affiche, mais je suis fière de tous les groupes qui jouent chez nous, même les tout petits, car pour eux c’est une grosse opportunité, mais pour nous c’est une récompense : ils veulent venir chez nous.
 

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Le festival continue de gagner en notoriété, comment envisagez-vous son évolution ?

Metaldays est à sa capacité maximale, nous n’avons aucune possibilité de grandir davantage. Nous pourrions vendre des miliers de tickets en plus, mais alors l’expérience serait différente, moins agréable pour les festivaliers, donc nous continuons de vendre 12000 tickets, avec pour but de préserver la qualité de l’événement.

Mais les autres festivals que nous organisons et Winter Days Of Metal, la version hivernale de Metaldays, ont eux vraiment le potentiel pour croître encore, c’est un des enjeux les concernant.

Plusieurs de ces festivals se déroulent au même endroit (Punkrock Holidays, Overjam, Motorcity). Cela faisait partie d’un plan de développement ou cela s’est juste fait au fil de l’eau ? Cela s’est juste passé spontanément. Le lieu est magnifique, et pour nous c’est peut-être un peu plus facile maintenant, car la production et les installations sont déjà là, donc la moitié du travail est fait. Une fois que toutes les installations sont là, pourquoi ne pas les utiliser pour un autre festival ?

Comment se positionne le Winter Days Of Metal par rapport au Metaldays ?

Déjà, il ne se déroule pas dans la vallée de Tolmin, mais à Bohinj une magnifique vallée, elle aussi dans un parc national. C’est un festival en salle, puisque cela se passe en hiver, donc la différence, c’est que notre public ne campe pas ! (rires). Mais il y a là aussi des activités : selon le type de billets achetés, vous aurez droit, outre les concerts, le logement et les navettes, à un accès aux stations de ski dans un cas, à des activités plus « bien-être » (piscine, parc aquatique…) dans l’autre.
 

Donc vous y transposez vraiment la philosophie vacances de Metaldays ?

Oui, et d’ailleurs de nombreux spectateurs viennent parce qu’ils connaissent déjà Metaldays, et savent à quoi s’attendre. Entre l’an dernier et cette année, nous avons doublé nos ventes de tickets. Et comparé à la France, nos prix sont vraiment peu chers – 150 euros, pour une semaine entière de fun et 130 groupes, donc le prix d’un groupe revient à guère plus d’un euro.

Sur les réseaux sociaux, vous semblez assez proches de votre public. Quelles sont les demandes qu’on vous a faites sur lesquelles vous travaillez ?

Après le festival, nous lisons absolument tout ce qui a été dit sur le festival, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur le site. Parfois, les demandes sont impossibles, par exemple programmer Iron Maiden ? Mais nous les écoutons quand nous pouvons, que ce soit sur la programmation ou des demandes techniques, car à la fin, ce sont eux qui viennent au festival et le font vivre.

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