Interview avec le groupe Krisiun
au Motocultor Festival 2012
Par Katarz
Photos : Thomas Orlanth
Après la grosse claque qu'a été l'album "The Great Execution" que j'avais chroniqué ici je n'allais pas rater l'occasion de les interviewer pour vous ! J'ai eu l'immense plaisir de rencontrer les trois Brésiliens de Krisiun au Motocultor, avant le début de leur concert. Toujours aussi gentils, les trois frères Alex Camargo (chant, basse), Max (batterie) et Moyses Kolesne (guitares) se détendent un peu dans le box des interviews et j'en ai profité pour les embêter un petit peu et revenir sur cet album magistral, leur enfance et l'actualité du groupe !
Katarz : Merci beaucoup de nous accorder cette interview. Nous nous sommes croisés à Paris, tu te souviens ? Après ma chronique de « The Great Execution » je voulais absolument en parler un petit peu avec vous. Comment se passe la tournée jusque là ?
Max : Très bien, nous avons fait quelques très bons Festivals cet été, actuellement nous revenons du Summer Breeze et du Brutal Assault. Nous sommes très heureux d'être ici maintenant et j'espère que ça va être un putain de show !
Katarz : Je vois que la vie est belle ! Vous avez joué à Paris cette année, au Glazart. Vous vous rappelez de ce concert ? Dites moi vos impressions de ce concert...
Max : Oui je me rappelle, ça devait être en mai. Les Français adorent la scène extrême : le Death Metal, le Black, le Thrash... A chaque fois qu'on joue en France, l'action est juste incroyable. A chaque fois que nous venons en France, on passe un super moment.
Katarz : Mais la Bretagne je crois que c'est une grande première pour vous, il me semble que vous n'y avez jamais joué...
Alex : Non, pas encore.
Katarz : Le public est incroyable ici, vous le savez ?
Alex : Oui, oui, je sais, tu me l'avais dit. Mais c'est ce festival qui nous a contactés puisque nous avons une année assez chargée et nous avons été pas mal demandés. Nous sommes en train de travailler sur un nouvel album aussi. Nous sommes en train de préparer une nouvelle tournée d'ailleurs, qui se déroulera en Amérique du Sud, aux Etat-Unis et en Europe !
Katarz : Et en ce qui concerne ces quelques dates de l'été, quel est votre meilleur souvenir ?
Alex : En ce qui concerne cette tournée, chaque jour est différent et nous avons passé un très bon moment ici en Europe. On a croisé nos copains d'Immolation ici donc on a passé un très bon moment hier, partagé une bière, un joint... (rires) C'est vraiment cool et chaque journée nous réserve de nouvelles surprises. Rien de vraiment fou, chaque jour est différent et on s'amuse bien.
Katarz : Et êtes-vous le genre de musiciens à aller à la rencontre des fans, à vraiment aller leur parler ? Notamment pour avoir des échos de l'album etc ?
Moyses : Oui, on va se promener parfois dans les villes où on joue, on va à la rencontre des fans aussi dans les bars, clubs. On est là avec notre manager, mais on rencontre pas mal de personnes, les musiciens, « tour promoters » ... et c'est vraiment ça qui me plaît avec les Festivals. On peut rencontrer pas mal de gens et se dire qu'on va rester en contact. Tu peux vraiment créer de nouvelles opportunités pour planifier une nouvelle tournée et quelques festivals pour le groupe. Donc c'est vraiment intéressant.
Katarz : Je voudrais revenir à cet album si excitant que je tiens entre les mains et que j'avais chroniqué, The Great Execution. Dites-moi quels sont les retours des fans et de la presse à part moi ?
Alex : Très bons retour des fans en fait, tout comme de toi. On a descendu la vitesse d'un cran, cet album est plus groove. Nous avons en fait accumulé pas mal d'expérience avec les années et cette expérience a beaucoup compté. Nous sommes fiers de cet album également. Tu ne peux pas te cantonner à dire que cet album est juste du Death Metal, en fait il contient beaucoup plus d'influences que ça...
Nous avons mûri aujourd'hui, nous écoutons un peu de tout, du Thrash...donc toutes ces influences sont là en nous. C'est toujours du Krisiun mais c'est une approche différente, plus groove.
Katarz : « The great Execution » a beau être plus groove, il n'en est pas moins sacrément blasté. Les travail qui a été réalisé sur la batterie est juste phénoménal.
Max : Oui, nous nous sommes beaucoup éclatés à écrire cet album. En fait ça a pris du temps, nous avons vraiment progressé dans l'écriture de cet album dans notre salle de répète au fur et à mesure.. En fait on travaille tous ensemble et nous progressons ensemble. C'est comme ça que nous travaillons.
Katarz : Alex tu as dit aussi que cet album est un mélange de différents genres musicaux. Il y a notamment cette collaboration avec un chanteur d'un groupe de Hardcore Brésilien, Ratos de Poräo sur le titre « Extinçäo de Maasa ». Peux-tu me parler un peu plus du choix de cette collaboration ?
Alex : Oui, cette collaboration avec Joäo Gordo a été essentielle pour moi. Son groupe est une légende dans notre pays et il a évolué dans ce style de musique depuis toujours. Ratos de Poräo a toujours été un groupe que nous avons apprécié et quand par chance nous nous sommes rencontrés, nous avons commencé à traîner un peu ensemble, on a sympathisé. Il nous a proposé de faire une collaboration et nous avons pensé que c'était une grande idée.
Depuis, nous sommes devenus de vrais amis. Ce n'est pas qu'une collaboration entre musiciens. Ca va beaucoup plus loin. En plus, on s'est beaucoup amusés à écrire « Extinçäo de Maasa » et à chanter dessus ensemble. L'alchimie entre nous sur ce titre est très bonne je trouve.
Katarz : Et vous l'avez joué ce titre, ensemble, sur scène?
Alex : Oui, oui ! Nous avons chanté dessus lors de quelques concerts au Brésil !
En plus ce mec, tu sais, il est très actif dans l'underground, il soutient pas mal de groupes qui sont en train de monter dans notre pays.
Katarz : Pour moi cette chanson me fait justement aussi penser à tous ces jeunes issus des quartiers, des ghettos qui se mettent à exprimer ce qu'ils ont à dire à travers la musique...
Alex : Oui, je comprends ce que tu veux dire, nous avons pas mal de problèmes sociaux dans notre pays et moi même je suis issu de la classe populaire. Mon père, ma mère, étaient ouvriers. Mais le choix du sujet du titre « Extinçäo de Maasa » a été différent : en fait ce titre parle du Tsunami qui a frappé le Japon.
Mais nous gardons toujours dans nos coeurs et dans l'esprit de notre musique cette âme et cette identité Sud-Américaine.
Katarz : Et que peut tu dire de votre enfance ? Quel genre de « bad boys » vous étiez ?
Alex : On était des petits gars ordinaires...on jouait au football et on allait à l'école tous les jours. De petites bagarres aussi... nous avons créé pas mal de soucis à notre mère. (Rires) Mais rien de très grave. Nous étions tout le temps fourrés ensemble, on allait à l'école ensemble. Nous étions toujours là les uns pour les autres. Nous avions reçu une bonne éducation et notre mère nous a toujours dit qu'il était important de nous entraider tous les trois. C'est pour ça que nous sommes si tolérants entre nous, c'est parce que nous sommes des frères qui avons grandi ensemble, pas juste des « copains de groupe ». Nous travaillons ensemble aujourd'hui.
A l'époque nos préoccupations étaient plus centrés sur le foot et aller bastonner les gamins des autres quartiers. Mais rien de vraiment fou.
Katarz : Et à quand remonte votre dernière bagarre entre vous ?
Alex : Oh il y a très longtemps. Ces temps sont révolus.
Katarz : Donc en fait vous travaillez très bien ensemble.
Alex : Oui, ça aide de se connaître, de connaître nos défauts et d'apprécier nos qualités à chacun. C'est un grand plus. Parfois, quand les choses ne marchent pas comme nous le voudrions, nous savons que nous pouvons compter les uns sur les autres parce que nous sommes frères. Même si nous avons des remontrances entre nous, nous savons que nous pouvons aller faire un tour au lieu de s'engueuler et généralement les choses rentrent dans l'ordre très très vite.
Je vois tous les jours des groupes qui splittent à cause de conneries. Entre nous, nous n'aurons jamais ces problèmes. Bien sûr, parfois nous sommes en colère contre l'un ou l'autre. Mais on se respecte profondément et je crois que c'est la clé de notre travail bien fait.
Katarz : Alors le prochain album, que peux-tu me dire déjà de votre prochaine galette ? J'ai mis un 10/10 à « The Great Execution » alors donne moi une bonne raison de vous donner un 10 pour le prochain.
Alex : Oui, l'expérience que nous avons accumulé va être une fois de plus très importante et cet album aura également de nombreuses influences. La musique c'est une priorité dans notre vie. C'est la raison pour laquelle nous donnons tout ce que nous avons. Nous travaillons ensemble dessus, littéralement. C'est pas comme les groupes dans lesquels il y en a un qui commence à écrire et les autres vont y apporter leur contribution. Nous, on joue ensemble et nous donnons le maximum.
Katarz : Tu as une idée approximative de la date de sortie... ?
Alex : Ben en fait nous devons d'abord finir nos tournées. Tu sais, celles dont je te parlais précédemment. On va travailler dessus tout de suite après. Mais nous avons toujours des idées, en fait nous écrivons en continu.
Katarz : Et comment elles viennent ces idées ? La bière ? ... Le haschich ?
Moyses : (Rires) Je ne sais pas, c'est plus comme quelque chose de naturel qui nous viendrait soudainement. C'est pour ça que nous ne planifions rien. Ca vient spontanément. Je prends en compte aussi la manière dont le titre va sonner en live. Mais à aucun moment je ne vais m'asseoir dans une pièce et me forcer à chercher des idées, tu vois ?
Katarz : Et quels seraient vos collaborations rêvées sur votre prochain opus ? Qui aimeriez-vous inviter ?
Max : Il y a effectivement quelques personnes que nous aimerions inviter, comme par exemple la plupart des groupes que nous aimons vraiment beaucoup. Immolation par exemple. Ou Morbid Angel.
Il y a tellement de musiciens absolument géniaux et d'amis à nous que nous aimerions inviter à collaborer...on ne sait pas encore qui ce sera mais il y aura certainement quelques surprises.
Katarz : Immolation a joué ici il y a deux jours et c'était absolument dingue. Le public était plus fort qu'eux.
Moyses : Oui, ils m'ont dit. (Rires) Ils ont dit qu'ils ont adoré jouer ici, au Motocultor, que le show était absolument fantastique.
Katarz : Et au Brutal Assault, comment s'est passé votre show ? Nous l'avons malheureusement raté, puisque vous jouiez jeudi.
Moyses : C'était immense.
Katarz : Et quand est-ce que vous allez nous préparer un DVD, les gars ?
Alex : Oh oui, nous aimerions faire ça. Nous n'avons pas commencer à travailler dessus encore mais c'est quelque chose qui nous tient énormément à coeur. Il nous faut plus de moyens pour pouvoir enregistrer et diffuser un DVD. Nous essayons aussi de récupérer un peu de « matériel » extrait de nos tournées, car nous ne voulons pas simplement sortir un DVD avec un Live et c'est tout, tu vois ce que je veux dire ? Peut être l'année prochaine on arrivera à en sortir un, en tout cas c'est au programme.
Katarz : Dommage que vous ne puissiez pas tourner ici.
Alex : Ouais mais nous allons tout de même récupérer quelques « extraits », ne t'inquiète pas.
Katarz : Est-ce que vous avez un message spécial pour vos fans Français ?
Alex : Merci à vous de nous soutenir tant pendant toutes ces années. Nous avons tellement d'amis maintenant en France et nous aimons revenir jouer ici à chaque fois. Merci aussi à toi de nous apporter un soutien énorme, puisque tu étais à Paris et tu t'es investie à travers cette interview notamment. Merci à vous les gars, continuez à supporter le Metal en général, merci beaucoup !
Moyses : Merci à vous les gars, « keep it brutal ».