Après quelques mois d'attente, Between the Buried and Me est venu mettre fin à notre impatience en dévoilant enfin la seconde moitié d'Automata. Le premier volet avait su nous séduire, tout en nous laissant tout de même sur notre faim en raison de sa courte durée, et constituait déjà l'une des sorties majeures de ce début d'année. Automata II poursuit dans la même veine tout en se voulant encore plus progressif et déroutant, et parvient même à surpasser sa première partie.
Avec une tracklist plus concise (seulement quatre titres), Automata II met pourtant l'accent sur des morceaux bien plus osés, comme seul le combo américain est capable de nous en proposer. "The Proverbial Bellow" rappelle les meilleurs titres de BTBAM, comme les "Sun of Nothing" ou autres "Ants of the Sky", où violence, envolées guitaristiques et mélancolie (les "pick up the Phone" chantés avec conviction par Tommy Rodgers) se côtoient dans un ensemble toujours cohérent. Et c'est d'ailleurs le cas pour chacun des longs titres de l'album. Aucun doute, il n'y a aucun autre groupe qui ne sonne comme Between the Buried and Me, puisque le combo mise tout sur une créativité totalement débridée.
Mélangeant les genres comme jamais, les Américains intègrent à leur metal progressif des plans thrash ("The Proverbial Bellow" à 1:12), du banjo (même titre à 1:22), de l'accordéon ("Glide") mais aussi et surtout du jazz à tendance manouche et des cuivres façon big band ("Voice of Trespass"). C'est bien simple, "Voice of Trespass" justifie à lui seul l'achat de ce disque. Between the Buried and Me parvient en effet à sonner comme dans un cabaret, swinguant au son de la batterie de Blake Richardson, tandis que Tommy Rodgers s'essaye avec succès au scat. Rien que l'introduction du morceau et la walking bass de Dan Briggs donnerait à votre grand-mère l'envie de danser furieusement !
A l'écoute des 33 minutes du disque, il n'y a aucun reproche à faire à Between the Buried and Me, qui délivre son meilleur album depuis Colors, faisant passer l'auditeur par toutes les émotions ("Glide" va vous donner quelques frissons à coup sûr, tout comme le final de "The Grid" et ses soli de guitares sublimes), à l'image d'un Tommy Rodgers toujours impliqué dans ses parties vocales. Le combo réussit encore à nous bluffer, faisant preuve d'une maturité musicale et créative comme peu d'artistes peuvent se vanter d'avoir. On notera toutefois que les rappels à la première partie d'Automata sont peu nombreux, à l'exception des paroles de Voice of Trespass qui citent le titre d'ouverture d'Automata I, "Condemned to the Gallows". Mais cela n'empêche pas de faire de cette deuxième partie une réussite totale, qui couplée au premier volume restera comme une oeuvre majeure dans la discographie déjà riche de Between the Buried and Me.
Photographie : © Watchmaker 2016
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