Samedi 23 juin 2018 – Mainstage 1 – 21h05
Deftones
L'homme qui hurlait à l'oreille des fans
Le samedi soir, les grandes scènes du Hellfest semblaient s’être transformées en podium revival du neo metal des années 2000. Deftones y figurait logiquement en bonne place, et le groupe avait bien l’intention de montrer, des années après son lancement, que son statut de pilier de la scène neo-metal n’était pas usurpé.
Alors que le soleil est encore bien présent sur le site et la chaleur toujours indéniable, les festivaliers massés devant la scène principale s’impatientent à l’approche de Deftones. Beaucoup de 25 – 35 ans, comme sur les autres concerts depuis le milieu d’après-midi. Une intro planante envahit le festival et les acclamations se font de plus en plus fortes, avant qu’en prélude à l’arrivée des guitares, un râle rauque ne transperce l’atmosphère,
C’est celui du chanteur Chino Moreno, perché sur un praticable, qui descend de son perchoir tandis que "Headup" démarre, et s’en va, le fil de son micro nonchalamment posé sur l’épaule, au bout de l’avant-scène saluer le public.
La dernière fois que le groupe était passé en France, en mai 2017, Moreno avait le pied dans le plâtre, ce qui avait rendu sa prestation assez statique. Cette fois-ci il est bien plus dynamique, et peut sautiller sur place et arpenter la scène dans tous les sens. Il semble d’ailleurs particulièrement à sa place sur l’avancée de la scène puisqu’il ne cesse d’y faire des allers-retours. Ce qui lui permet notamment d’être au plus près du public, visiblement en transe dès que le chanteur s’approche. Une véritable énergie passe entre le groupe et son public, ultra motivé, et ça pogote sévère tout autour de l’avancée.
Chino Moreno pousse la proximité jusqu’à aller demander à un fan dans le public de screamer dans son micro, avant de lui rendre la pareille pour le début d’"Elite" – le pauvre fan doit encore être sourd à l’heure qu’il est. Car le chanteur maîtrise encore parfaitement le chant crié, et se montre globalement très en voix, malgré parfois quelques baisses de régime en fin de couplet.
Les autres musiciens se donnent eux aussi à fond et sont parfaitement au point techniquement. Dommage que le son soit par endroits brouillon, cela ne rend pas justice à leur talent.
Côté effets scéniques, c’est minimaliste : un ventilateur pour les cheveux du guitariste Stephen Carpenter, et une teinture bleue pour les cheveux du bassiste Sergio Vega (on n’est pas complètement certain que ce soit réellement un effet scénique, mais on ne sait pas trop où classer ça). Mais le groupe a une telle présence sur scène qu’il se passe aisément d'artifices.
La setlist se concentre sur les trois premiers albums du groupe, dont le culte White Pony, et dans une moindre mesure sur le début des années 2010, avec Diamond Eyes et Koi No Yokan. Le milieu de carrière et le moyen Gore, dernier album en date, sont complètement oubliés. Résultat : une setlist au cordeau, qui alterne les morceaux les plus agressifs, très neo metal du début ("Headup", "Elite", "Around the Fur"…) et les titres les plus planants qui se rapprochent plutôt de l'ambient ou du rock psychédélique ("Digital Bath", "Have You Seen the Butcher", "Change", "Swerve City")… Ces morceaux s’accordent d’ailleurs parfaitement avec l’horaire et le jour qui commence à décliner, conférant à la scène une atmosphère céleste qui sublime les chansons du groupe.
En une heure, Deftones réussit à montrer plusieurs de ses facettes et à séduire les fans par son charisme aussi bien que par sa musique, montrant qu’il est encore aujourd’hui un des poids lourds du metal, avec lequel il faut compter.
Setlist
• Headup
• My Own Summer (Shove It)
• Around the Fur
• Swerve City
• Elite
• Digital Bath
• Knife Prty
• Change (In the House of Flies)
• Diamond Eyes
• Rocket Skates
• You've Seen the Butcher
• Teething
• Engine No. 9
• Nosebleed
• 7 Words
Photos : Nidhal Marzouk
Reproduction interdire sans l'autorisation du photographe
