Depuis plusieurs années, les organisateurs du Jera on Air se débrouillent pour aligner l’une des meilleurs affiches de l’été lors du dernier week-end de juin. Cette année, la tentation était trop forte et La Grosse Radio a décidé de se rendre au Pays-Bas pour découvrir le festival. Trois scènes et deux journées intenses de moshpits plus tard, on se dit qu’un festival d’envergure spécialisé dans le punk-hardcore, c’est plutôt très bien et que la France en manque cruellement. Compte-rendu.
Get the Shot
Quelques jours après avoir retourné la Warzone du Hellfest et le Gibus à Paris, Get The Shot continue sa tournée européenne en ouvrant le premier jour du Jera on Air. Premier groupe du fest oblige, la tente n’est forcément pas très remplie, mais les Québécois comptent bien faire une démonstration de force malgré l’heure. Et sous la scène Vulture, les festivaliers présents comptent aussi leur faire un très bel accueil.
Le concert commence à midi pile, et un pit se forme dès les premières notes de “Faith Reaper”. La violence des breakdowns chauffe directement le public qui slamme de plus en plus, notamment sur le dévastateur “Blackened Sun”. Au chant, J-P fait preuve d’une énergie débordante. Le frontman descend de nombreuses fois dans les premiers rangs pour partager son micro, pour le plus grand plaisir des festivaliers qui n’hésitent pas à s’en emparer.
Get The Shot n’a qu’une demi-heure, alors le groupe enchaîne les morceaux, “Rotting Idols” et “Lynch the Lord”, sans laisser respirer les festivaliers. Dans le pit, les mouvements de foule soulèvent une poussière qui colle partout. Les visages sont noirs, les vêtements aussi. Les quelques personnes un peu malines ont sorti des foulards pour se protéger le nez et la bouche, mais on dirait plus une réunion d’anciens mineurs qu’un concert.
Pas de quoi décourager le groupe ou les festivaliers. Huitième et dernière chanson, “Cold Hearted” finit d’achever le public. J-P descend une dernière fois pour checker une bonne partie de son public, en anglais, et en français. Comme à Clisson et à Paris, Get The Shot aura donné un live aussi court qu’intense et ouvert le Jera on Air d’une très belle façon.
Knocked Loose
Il est à peine 13h et l’affluence sous la seconde tente en est déjà à son plus haut niveau du weekend. La raison ? Knocked Loose et son beatdown hardcore. Les Américains n’en finissent plus de gagner en popularité au point de s’offrir la légende Terror en tant que première partie aux USA. Ici, ils ont trente minutes pour séduire un public déjà tout acquis à leur cause. « Billy No Mates » donne d’entrée l’occasion aux moshers d’en découdre et la poussière devient vite insupportable. Impossible de respirer sous la tente, heureusement que le problème sera réglé par l’organisation dans la journée.
Sur scène, l’attitude nonchalante des membres et du frontman peut paraître un peu décevante comparée à des groupes comme Get the Shot. Knocked Loose semble un peu se reposer sur sa notoriété récente mais au vu de l’énergie de la fosse, pas besoin de plus. Isaac Hale à la guitare motive les troupes comme d’habitude mais on sent un léger manque d’investissement, peut-être à cause des barrières ? Les titres de Laugh Tracks sont en tout cas déjà devenu des classiques parfait pour aller mettre une mandale à votre voisin à l’image de « The Rain » ou « Oblivion’s Peak ». On n’oublie pas évidemment « Counting Worms » et son déjà mythique aboiement.
Bryan Garris a encore tous ses cheveux et nous livre une très bonne performance avec son scream haut perché. Les breakdowns assassins permettent à certains de faire leur petite séance de sport matinale, c’est tout sauf de la musique intelligente mais on en aura suffisamment dans la suite de la journée. Set réussi pour Knocked Loose donc, même si le tout commence à ressembler à du pilotage automatique.
Touché Amoré
Mine de rien, Touché Amoré est assez rare en Europe et c’est un plaisir de retrouver la bande sur la seconde scène, un peu moins remplie que pour Knocked Loose. Mais les fans sont bien présents et se font entendre pour chanter chaque mot de « Flowers and You » qui ouvre le set. L’émotion est intense et la communion déjà impressionnante sur les titres de Stage Four. Les paroles très personnelles de Jeremy Bolm sur le décès de sa mère trouvent un écho chez chacun et le groupe interprète tout en justesse « Rapture » ou « New Halloween ».
Alors qu’il semble possédé par son chant, l’attitude de Jeremy change lorsqu’il s’adresse au public, avec une voix douce et des remerciements sincères. Le groupe a quarante minutes de set, suffisamment pour aller piocher dans ses vieux titres comme « Just Exist » mais aussi nous présenter le petit nouveau « Green » qui annonce l’un des probables albums de l’année. Ici, pas de moshpit ou de crowdkill, simplement des paroles hurlées d’un public à un groupe et on regrette encore une fois les barrières sans lesquelles le show aurait pu être dix fois meilleur. Mais il faut bien penser sécurité non ?
Pas évident pour un groupe de screamo de trouver sa place sur un festival axé hardcore/metalcore mais Touché Amoré aura livré le plus beau concert de ce samedi. Les fans ont eu le plaisir d’une communion parfaite et ceux qui ne connaissaient pas les Américains auront sûrement fait une découverte inattendue.
Frank Carter & The Rattlesnakes
Entre deux groupes de hardcore un peu débile, Frank Carter & The Rattlesnakes est attendu pour 30 minutes de punk rock plus tranquille. Mais si les anglais n’enchaînent pas les breakdowns violents, Frank Carter compte bien faire courir et chanter le Jera on Air jusqu’à épuisement.
Le début du set, sur “Juggernaut”, est déjà une belle démonstration de force. Le public est très nombreux sous l’Eagle, la plus grand tente du festival. Frank Carter n’a pas de temps à perdre, à peine la chanson commencée que le frontman est déjà descendu. Comme à son habitude, l’anglais passe les barrières et entre dans le pit. Soutenu par les festivaliers, Frank Carter se met debout et marche sur un son public, sans jamais s’arrêter de chanter.
“Juggernaut” à peine finie, le groupe enchaîne sur un autre de ses tubes. “Vampire” est l’occasion pour le public de donner de la voix, des centaines de personnes hurlant qu’elles ne souhaitent plus vivre à l’ombre d’une montagne.
Comme à son habitude, Frank “circle pit” Carter invite son public à s’écarter, encore, encore, encore, pour “former le plus grand circle pit qu’on ait jamais vu”. Docile, les festivaliers s’écartent jusque derrière la console son. Les premières notes de "Jackals" retentissent et le pit se met à tourner, des premiers rangs au fond de la tente. Il faut courir vite pour espérer faire plus de deux tours. Sur scène, Frank Carter affiche un grand sourire et balance la tout aussi efficace “Snake Eyes”.
Le rythme se calme avec “Lullaby”. Là aussi, une grande majorité du public accompagne le groupe en chantant les paroles. Frank Carter enchaîne avec son speech habituel : “Maintenant je vous demande de penser à quelqu’un que vous détestez”. “I Hate You” est l’occasion de se péter la voix une dernière fois. Ca ne chante plus ça hurle dans le pit face à des Rattlesnakes d’une efficacité redoutable.
Comme au Download, comme à chaque festival, Frank Carter a sans aucune surprise retourné l’Eagle et donné l’un des plus beaux concerts du festival.
Stray From The Path
“Cet été, il suffisait de soulever une motte de terre pour trouver Stray From the Path en train de jouer en dessous” me glisse Xhantiax à l’oreille avant le début du show. Il est vrai que les américains traînent en Europe depuis maintenant quelques semaines et enchaînent les dates sans pause. Pas étonnant donc de les retrouver à Jera, pour 40 minutes de hardcore mené par un Drew Dijorio toujours aussi énergique.
Stray semble capter directement les festivaliers. Plus que lors des précédentes dates, le groupe paraît plus à l’aise sur scène. Peut-être les effets d’un public venu en nombre et qui les accompagne avec joie sur les refrains, en hurlant et en moulinant. Drew prend le temps entre les chansons pour les habituels discours anti-fascistes, et Stray enchaîne sur ses tubes, “Goodnight Alt-Right” et “Plead the Fifth”.
Le show bien avancé, le public a la joie de voir Bryan Garris de Knocked Loose rentrer sur scène pour “All Day & A Night”. Sans un bonjour, Bryan crache son couplet sur le devant de la scène, accompagné par Drew. Il repart sans un regard pour le public et Stray from the path n’attend pas plus pour envoyer “Badge & a Bullet”.
Le set s’achève sur “First World Problem Child”, les festivaliers finissent de se casser les cordes vocales en hurlant sur les hyper-efficaces “Shut the fuck up”. Devant un public nombreux et largement acquis à leur cause, Stray From The Path nous a offert un set très énergique et 40 minutes de très beau bordel.
blessthefall
Programmé sous la tente principale en milieu de journée, blessthefall sera la première petite déception de vendredi. Passer après un enchainement Touché Amoré, Frank Carter, Stray From The Path, c’est loin d’être un cadeau mais ici la fosse sonne creux et les quelques hymnes des américains peinent à la réveiller. « Hollow Bodies » et « Youngbloods » sont sympathiques, le groupe est en place et le scream du bassiste n’est pas mauvais. Malheureusement, le chant clair de Beau Bokan est toujours le gros point faible et le frontman ne va pas en s’arrangeant avec les années.
Les quelques morceaux du nouvel album Hard Feeling sonnent assez génériques et même si on sent le frontman mettre du cœur à l’ouvrage comme d’habitude en allant à la rencontre des premiers rangs, le set parait bien fade au milieu de tous les concerts exceptionnels de ce vendredi.
Blessthefall est presque le dernier représentant encore en vie de la vague emocore de la fin des années 2000 et se rappellent à notre bon souvenir avec ce « Baby here’s that song you wanted » en fin de set. De quoi éveiller la nostalgie (ou pas) avant de finir avec un de leur meilleur titre « You Wear A Crown But You’re No King ». Les fans auront sûrement apprécié, pour les autres la prestation est oubliable.
Bury Tomorrow
Pas le temps de se morfondre de la performance de blessthefall, Bury Tomorrow arrive à 18h15 pour un set alternant metalcore et discours anti-VIP. Les anglais sont à quelques jours de sortir Black Flame, leur 5ème album et sont donc plus que prêts à défendre quelques titres en live.
Malheureusement tout ne commence pas simplement pour le groupe. Le bassiste Davyd Winter-Bates a été obligé de rentrer en Angleterre pour des raisons personnelles. Avantage de jouer en festival, Michael Golinski, bassiste de Any Given Day, est venu prêter main forte. Au chant, Daniel Winter-Bates annonce tout de suite ce changement de lineup, en expliquant que Golinski n’a eu qu’une journée pour apprendre les lignes de basses (on vous l’accorde, pas besoin d’être un génie de la quatre cordes pour les jouer mais tout de même). Le public encourage le membre d’un jour avec quelques applaudissements, et Bury Tomorrow commence son set avec “Man on Fire”.
Dès les premières notes, les anglais envoient une énergie impressionnante. Le frontman est constamment sur le devant de la scène, encourageant la foule à bouger. "Si vous n'avez jamais été dans un circle pit de votre vie, qu'est-ce que vous avez foutu de votre vie" lance Dan. Les festivaliers entendent le message et se mettent à tourner joyeusement sur les rythmes efficaces d’”Earthbound”.
La plus lente “Cemetery” nous permet d’apprécier les voix et les guitares. Bien mieux mixé qu’au Download quelques jours auparavant, le groupe paraît moins en difficulté. Malgré la courte durée du set, Dan prend le temps pour ses habituels discours : “Fuck VIP, on se retrouve à la fin du concert pour des photos”, puis incite le public à attraper son voisin pour sauter tous ensemble.
Bury Tomorrow défend Black Flame avec deux morceaux, le dévastateur “Knife of Gold” et le morceau éponyme en tant que conclusion du set. Très biens accueillis par le public, ces sons donnent clairement envie de mettre la main sur l’album à venir. Le groupe finit en annonçant une tournée en décembre, accompagnée par Cane Hill, 36 Crazyfists et les japonais de Crystal Lake. Passage le 9 décembre à Paris ! En attendant, vous pouvez retrouver notre interview de Dan au Download.
Anti-Flag
Enfin du punk ! L’avis n’est certainement pas partagé par l’ensemble du festival, mais le public est présent en très grand nombre pour voir les américains. D’autant que bonne nouvelle, le staff du Jera a finit par arroser le sol de la scène. Plus de poussière comme sur les concerts du début d’après-midi. Le pit est redevenu un espace de violence plus ou moins contrôlée, et pas une sorte de mine ou chaque mouvement nous fait risquer une crise d’asthme.
Tout commence donc pour le mieux. Après la magnifique date que le groupe nous a offert au Trabendo le 20 juin, on s’attend à 40 minutes de grosse fête. Anti-Flag attaque avec “Cities Burn” et “The Press Corpse”, deux tubes. Pas besoin de plus pour chauffer le public, déjà excité par une journée de concert. Ça slamme à en faire perdre la tête à la très bonne équipe de sécurité. Et surtout, ça chante. On entend les refrains hurlés de tous les côtés et Justin Sane ne fait rien pour calmer le public : “Jera, on va crier tellement fort que les putains de racistes vont nous entendre jusqu’à là où ils habitent !” Jera s’exécute docilement sur “Fuck Police Brutality”.
Anti-Flag continue à clamer ses discours anti-racistes avec les excellents “This Machine Kills Fascists” ou “This Is the End (For You My Friend)”. Justin Sane envoie une énergie communicative, bien aidé au chant par Chris#2 et son t-shirt FCK NZS. La reprise de The Clash, “Should I Stay or Should I Go”, fait sans aucune surprise l’effet d’une bombe. De plus en plus de poings se lèvent sur les refrains. Une seule question reste, le batteur va-t-il descendre au milieu du public pour “Brandenburg Gate” ?
Malgré les barrières, Pat Thetic s’avance devant et se fraye un chemin dans les premiers rangs. Sa batterie l’accompagne, suivi du bassiste, pour une fin de concert sous forme d’énorme bordel. Le groupe quitte la scène sous de longs applaudissements et peuvent être fier d’avoir détruit les cordes vocales d’une bonne partie du festival.
Higher Power
En ayant en tête leur excellent set en ouverture de Comeback Kid en novembre, on file voir ce que donne Higher Power sous la plus petite tente du festival, la seule sans barrière. Les Anglais envoient leur hardcore old-school avec nonchalance et leur groove à la Turnstile transforme le pit en véritable piste de danse. Au chant, J Town nous livre une performance atypique uniquement en voix claire, avec un timbre rappelant très fortement Dr.Living Dead.
On le sent, le groupe est très apprécié par ses pairs et on retrouve derrière la scène bon nombre des membres des formations hardcore de la journée : Knocked Loose, Lionheart, Stray From the Path… Côté public, la popularité n’est pas la même et on aura vu la petite tente bien plus blindée sur le week-end (la palme revenant à Malevolence). Pas grave, cela permet d’aérer le pit et de retrouver l’esprit d’un concert de hardcore grâce à l’absence de barrières. Les fans n’hésitent pas à aller se saisir du micro sur l’imparable « Can’t Relate » pour chanter les singalongs.
Higher Power n’a qu’un album sous le bras et jouera donc à peine plus de vingt minutes. Mais on ressort une nouvelle fois avec le sentiment que les Anglais ont un sacré potentiel et que le futur s’annonce radieux.
Modern Life Is War
Modern Life Is War rentre clairement dans la catégorie des légendes présentes à ce Jera 2018. Le programmer à une heure si tardive témoigne du respect des organisateurs pour ce groupe ayant influencé quasiment l’ensemble de la scène hardcore et screamo actuelle. Malheureusement, le public semble peu connaitre MLIW (la tente est trois fois moins remplie que pour Knocked Loose tout à l’heure) et ne réagit pas vraiment face aux classique envoyés à la pelle par les Américains.
Et pourtant, la hargne mise dans la prestation n’a presque pas changé en quinze ans de carrière. Les riffs claquent et la voix éraillée de Jeffrey Eaton fait des merveilles grâce à une mise en son aux petits oignons. Le groupe est déchaîné sur scène et pourrait donner de bonnes leçons à certains groupes plus jeunes. Du côté public la fatigue de ce premier jour de festival commence à se faire sentir après une journée bien chargée.
En milieu de set, le groupe s’amuse en lâchant une reprise énervée de « I Wanna Be Your Dog » des Stooges. En dehors de ça, tous les classiques y passent et on reste scotché devant la puissance de brûlots comme « D.E.A.D.R.A.M.O.N.E.S ».
L’époque glorieuse de Modern Life Is War a eu lieu entre 2002 et 2008 et leur séparation prolongée ne leur a pas permis de toucher le jeune public découvrant le hardcore. On est forcément un peu triste de voir une telle formation un peu boudée mais c’est un réel privilège de voir ces hymnes du hardcore en live.
Enter Shikari
Les jambes commencent à trembler et les organismes à fatiguer largement mais le public du Jera va tout de même tout donner pour accueillir comme il se doit Enter Shikari. Les Anglais n’ont que cinquante minutes de temps de jeu, une configuration plutôt rare et ils vont devoir condenser pour livrer un show explosif. Challenge accepté.
« The Sights » ouvre les débats de manière douce avant que « Anything Can Happen In The Next Half Hour » vienne ramener tout le monde dix ans en arrière avec ses breakdowns électroniques. On sent peut être Rou Reynolds et le reste des membres plus tendus que d’habitude, la faute à des problèmes techniques un peu trop présent. « Destabilise » doit être recommencée mais peu importe car le public est loin de se refroidir et peut exécuter en chœur un joli Shikari Shuffle, pas de danse spécifique à ce titre.
Le nouvel album a largement radouci le son d’Enter Shikari mais les titres présents dans la setlist sont plutôt bien choisis (mis à part l’insipide « Undercover Agents »). En salle un « Airfield » amenait une émotion incroyable mais ici il faut aller à l’essentiel. « Rabble Rouser » s’intègre parfaitement à la setlist et amène une vague de crowdsurfers vers la scène.
On l’avait adoré sur la tournée de décembre dernier, le Quickfire Round est de retour sur cette tournée des festivals. Même principe toujours aussi dévastateur, quatre titres en huit minutes et la version festival a même été améliorée avec l’ajout de « The Jester ». La fosse devient complètement folle sur « Meltdown » et les quatre musiciens regardent avec satisfaction le bazar qu’ils sont en train de mettre.
Pour finir, on a droit à l’imparable singalong de « Live Outside » alors que les crowdsurfs se font plus nombreux encore. Ce live de Shikari a manqué de beaucoup de tubes et laisse un léger goût amer mais un concert des Anglais n’est jamais décevant. Les dernières forces ont été données dans le pit mais il faut tout de même se traîner jusqu’à la seconde tente pour apercevoir Terror.
Terror
À 23h, ce n’était pas l’heure de s’endormir au fond de la tente. Au contraire, l’heure était à la bagarre, celle qui ne demande pas plus deux neurones. Les légendes de Los Angeles ont une setlist pleine de tubes tous plus efficaces et 50 minutes pour tout casser. Pas besoin d’attendre, les premiers riffs de “One With the Underdogs” font décoller l’ambiance en une demi-seconde. Le public crée un pit énorme devant la scène et les moshers s’activent déjà à le parcourir en moulinant dans tous les sens.
Terror semble à l’aise et le groupe occupe très bien la scène, enchaînant sans un mot les destructeurs “Overcome” puis “Stick Tight”. Alors oui, c’est la même setlist depuis des années, le groupe n’ayant rien sorti depuis 2015. Mais pas de quoi bouder. Les breaks sont tellement lourds qu’il est quasi impossible de ne pas bouger. Le public ressemble à une grande famille dont les membres se pied bouchent pour se montrer leur amour. Derrière ce beau bordel, une bonne majorité du public regarde les bras croisés, sans tourner le regard, scotchés par l’énergie dévastatrice envoyée par les américains.
Scott Vogel ne nous laisse pas une seconde pour respirer. Le frontman est excellent pour motiver la foule, accompagné sur la presque totalité des lyrics par des premiers rangs plus chauds que jamais. Le concert finit sans surprise sur “Keepers of the Faith” et un constat simple : Terror a tout retourné. Le concert à peine fini qu’on a déjà envie de les revoir pour refaire la fête.
Les jambes cassées par la fatigue, les cordes vocales éprouvées par une journée à hurler, les bras bleus par les bleus, on a bien envie d’aller se reposer. Mais avant, pas question de rater les hymnes punk de Billy Talent.
Billy Talent
Rien de mieux qu’une heure de punk rock pour se bercer avant d’aller dormir. Billy Talent était attendu en tant que première tête d’affiche du Jera on Air. Bien moins violent que les groupes qui se sont enchaînés durant la journée, les canadiens nous promettent une setlist calme, pleine de refrains catchys et de quelques guests.
Billy Talent arrive à minuit et on sait déjà que ça ne va pas s’arranger côté cordes vocales. “Devil in a Midnight Mass” retentit et c’est presque la première fois qu’on entend la foule de Jera chanter, au lieu d’hurler. La scénographie et les lumières sont assez ennuyantes pour une tête d’affiche, mais tout est bien rattrapé par la belle énergie de Benjamin Kowalewicz au chant.
La première partie du concert est plutôt plate. Le groupe joue les très bonnes “Ghost Ship of Cannibal Rats” ou “Diamond on a Landmine”, mais garde clairement tous ses tubes pour la fin. Le public semble un peu impatient et chante moins, même dans les premiers rangs. Les premières notes du culte “Rusted from the Rain” réveillent d’un coup la foule. Surtout que le groupe fait venir sur scène Aaron Solowoniuk, son batteur historique, en pause depuis quelques années à cause d'une sclérose en plaques. Aaron vient tout de même derrière la batterie et envoie des rythmes bien énervés sur “Rusted” et “This Is How It Goes”, chanson qui lui est dédiée.
"Ça fait quoi, 12h que vous crowdsurfez sans vous arrêter ? Vous êtes des malades” se moque gentiment Benjamin Kowalewicz. Le frontman propose au public de l’accompagner sur “Devil on My Shoulder”, pour répéter “over and over”. Ceci fait, Billy Talent se retire quelques minutes, puis revient pour un rappel plus qu’efficace. Les canadiens enchaînent “Viking Death March” et “Red Flag”, accompagné par Chris d’Anti-Flag. Côté public, ça ne dort plus du tout. L’ambiance est à la fête, celle ou on lève le poing en criant le plus fort possible. Plus rien à perdre, il ne reste que “Fallen Leaves” avant d’aller dormir.
Le groupe part sur les coups de 1h20, après avoir largement dépassé son heure prévue. Billy Talent aura clôturé la première journée de Jera sur une note positive et on est heureux d’avoir vu un set complet, après leur très court concert au Download. Le public se retire récupérer avant une deuxième journée qui s’annonce tout aussi intense.
Le jour 2, c'est par ici.
Reports et two-steps par Wilhelm et Xhantiax
Photos : Jera On Air / @cruxsader / @arnecrdnls / @natasja_anchor
Toute reproduction interdite sans autorisation.