A l’occasion de la promotion de leur nouvel album Kulkija qui sortira le 7 septembre prochain, nous avons eu la chance de pouvoir interviewer Jarkko Aaltonen, bassiste du groupe finlandais Korpiklaani.
Le 7 septembre prochain Korpiklaani sort son dixième album. Où trouvez-vous l’énergie d’être aussi prolifiques ?
Jarkko : Je ne sais pas. Mais nous ne sommes pas tous aussi productifs les uns que les autres. Jonne par exemple a écrit toute la musique de ces dix albums. Il est aussi capable de travailler sur deux albums à la fois. Je ne sais pas où il arrive à trouver toute cette énergie. Mais sur ce nouvel album, nous avons aussi quatre chansons écrites par d’autres compositeurs et nous avons tout de même pris trois années pour le faire.
Ce nouvel album s’intitule Kulkija qui signifie « Le Voyageur ». Peux-tu nous dire sur quel chemin, cet album fera voyager ses auditeurs ?
Jarkko : Je ne sais pas si amener les fans en voyage était notre intention. Pour cet album, comme pour les précédents, nous avions déjà quelques chansons en réserve et nous avons réalisé que la plupart d’entre elles parlait de ce sujet. Nous avons donc choisi de construire ce nouvel album autour de ce thème. On avait pensé à d’autres titres comme pour Manala ou Noita. Tous ces titres collent au thème de cet album. Mais si on revient sur le thème du voyage, je pense que l’on peut dire que cet album à tout un voyage musical.
Comment avez-vous travaillé sur cet album ? Tout à l’heure tu disais que vous aviez déjà quelques chansons en réserve et que Jonne avait composé la plupart. Mais est-ce que vous vous êtes d’abord focalisé sur les paroles ou sur la musique ?
Jarkko : Nous avons souvent écrit la musique en premier. C’est rare que l’on compose les paroles avant ou en même temps. Nous sommes aussi nombreux dans le groupe et nous composons chacun une partie de la musique individuellement et séparément. On compose tous de chez nous, et envoyons les pistes aux autres par mails.
Pour cet album, avez-vous ajouté de nouveaux instruments folks dans vos arrangements ?
Jarkko : Il n’y pas tant de nouveaux instruments. Ces dernières années, nous avons surtout ajouté quelques très bons musiciens au groupe comme Sami notre accordéoniste ou Rounakari notre violoniste. Ils sont vraiment excellents quand il s’agit de trouver de nouveaux arrangements. Je pense que notre département de musiciens folk s’est vraiment élargi ces dernières années sur nos albums.
Tu joues de la basse pour Korpiklaani, mais joues-tu de certains instruments folks également ?
Jarkko : Non pas vraiment.
Quelle a été ta partie préférée dans la création de cet album ? Le composer ou l’enregistrer ?
Jarkko : L’enregistrement a été plutôt sympa. Généralement, je n’aime pas trop travailler en studio, mais cela a été une nouvelle expérience. Nous avions producteur différent par rapport à nos derniers albums. Ca a été un peu différent. Normalement, vous entrez juste en studio et vous jouez, mais cette fois, nous avions un homme différent pour nous diriger en studio. C’est toujours intéressant de travailler avec de nouvelles personnes.
Dans presque la totalité de vos albums vous écrivez des chansons sur la culture finlandaise en finnois et des chansons sur l’alcool et des sujets plus légers en anglais. Pourquoi ce choix ?
Jarkko : Ah bon, vraiment. Notre dernier album est totalement en finnois. Et du coup, les chansons sur l’alcool sont aussi en finnois ces derniers temps.
Oui en effet, mais je ne parle pas seulement de vos derniers albums. Je parle d’une généralité sur la totalité de vos albums. La plupart des titres en anglais ont des noms d’alcool et parlent d’alcool.
Jarkko : Ah oui, en effet, en y réfléchissant bien, tu as raison. Je n’y avais pas vraiment fait attention et pour le coup, je n’ai pas d’explication à donner sur ce choix de langue selon les thèmes abordés dans les chansons.
Et plus généralement, est-ce que c’est plus facile d’écrire des chansons en finnois sur la culture finlandaise ?
Jarkko : En fait, l’idée originelle que Jonne avait pour le groupe il y a environ 15 ans était que toutes les chansons seraient en finnois. Mais lorsqu’il écrivait les paroles en finnois, il n’en était jamais réellement satisfait. Donc, il a fini par écrire en anglais car quand on écrit dans sa langue maternelle, on a un regard plus critique sur son travail. Pour lui, rien ne sonnait correctement. Il écrivait des paroles et se disait « Oh merde ! Ça ne va pas du tout ! » Mais quand on écrit des paroles rock'n’roll en anglais, on peut écrire quasiment n’importe quoi et cela sonnera toujours comme du rock'n’roll. On peut toujours écrire des trucs comme « bibapaloola » et ça sonnera toujours rock’n’roll. Donc, à nos débuts, il s’est concentré sur l’anglais. Puis, plus tard, nous avons commencé à écrire des textes en finnois. Le groupe est passé d’un groupe écrivant en anglais, à un groupe écrivant à moitié en anglais et à moitié en finnois, et nous nous dirigeons vers des paroles exclusivement en finnois.
C’est aussi un moyen pour faire découvrir votre langue. Cela pousse les gens à apprendre un peu de finnois pour essayer de comprendre les paroles.
Jarkko : Je ne sais pas si en apprenant le finnois moderne on peut comprendre nos paroles. En fait, les chansons sont écrites dans un style assez ancien que même certains finlandais ont du mal à comprendre.
Si on reste sur le thème de la langue finlandaise. En France, on connait peu de groupe Finlandais chantant également en finnois. Qu’est-ce que tu nous recommanderais d’écouter ?
Jarkko : Je pense que tu connais déjà MoonSorrow. C’est vraiment un groupe que je recommande d’écouter. Mais plus généralement, si on s’intéresse un peu à la Finlande, on peut trouver plein de groupes à écouter car c’est un des pays du monde occidental dont les ventes de disques en langue locale sont les plus élevées. Il y a vraiment plein d’artistes qui privilégient le finnois. Partout ailleurs, en Allemagne, en Italie, etc. c’est toujours l’anglais qui domine. Mais ce n’est pas du tout le cas en Finlande. Ce qui est plutôt cool.
J’ai vu que votre tournée de promotion pour Kulkija se fera en Russie. Pourquoi avoir choisi ce pays ?
Jarkko : En fait, nous avions planifié une tournée et réservé les endroits où nous allions jouer, bien avant que l’album soit terminé. Nous avions préparé cette tournée il y a bien un an de ça. Donc, quand nous avons organisé cette tournée russe, nous ne connaissions pas encore la date de sortie de notre futur album. Donc pour résumé, il y a eu l’organisation d’une tournée en Russie, puis la date de sortie de notre album, et cette tournée russe est devenue notre tournée de promotion.
Avez-vous planifié de futures dates en France ?
Jarkko : Oui mais il faudra attendre le début de l’année prochaine. Nous avons pas mal de dates de prévues, mais nous ne les avons pas encore diffusées.
Si tu devais choisir un seul mot pour définir ce qu’est Korpiklaani pour toi, lequel serait-ce ?
Jarkko : Il n’y a pas qu’un seul mot qui me vient à l’esprit. Il y a vraiment plein de mots que je pourrais employer pour décrire la signification du groupe pour moi. Et cela dépend aussi de l’état d’esprit du moment.
Et lequel choisirais-tu maintenant ?
Jarkko : Alors… honnêtement… je vais répondre parce que tu as posé la question, mais il ne faudra pas le prendre personnellement. Mais pour moi en ce moment, avoir plusieurs interviews par soir pour promouvoir l’album après une longue journée de travail c’est vraiment une corvée. Cela me demande vraiment beaucoup d’énergie. Donc Korpiklaani pour moi, en ce moment c’est une corvée ! [rires] Bon, je dis ça parce que je suis fatigué. Mais partir en tournée avec ces mecs et jouer sur scène devant un public réceptif c’est tout à fait autre chose et même si cela reste fatiguant c’est un aspect du travail du musicien qui est bien plus positif.
Je comprends, le métier de musicien n’a pas que des bons côtés. En tout cas, on a hâte de découvrir votre nouvel album et de vous voir monter sur scène.
Jarkko : Merci. J’ai aussi hâte d’être sur scène !