Dying Fetus ont l’habitude d’emmener en tournée avec eux des groupes assez éloignés de leur style. Après Converge, Ghost Bath ou Malevolence, voici venu Carnifex, Toxic Holocaust et Goatwhore tout ça dans la même soirée. Du thrash et du deathcore avec quatre groupes confirmés de la scène, c’est donc ce qui attendait le public lorrain chez Paulette en plein milieu du mois d’août. Et malgré les vacances et la difficulté d’accès à la salle perdue en pleine campagne touloise, la soirée semble avoir attiré du monde.
Goatwhore
Les Américains de Goatwhore sont les premiers à monter sur scène alors que pas mal de monde est toujours en train de garer sa voiture sur le champêtre parking. Comme depuis plusieurs années, le groupe de la Nouvelle-Orléans enchaîne les tournées en première partie et comme depuis plusieurs années, on continue de se dire qu’ils sont sacrément sous-estimés. Leur thrash teinté de black fait merveille grâce à un son bien équilibré et les quatre musiciens ne font pas un pet de travers tout en maitrisant la scène comme personne.
La fosse sonne bien creux en ce début de soirée mais le frontman Ben Falgoust en a vu d’autres et ne se laisse pas décontenancer. Il essaye de motiver les présents, sans trop en faire mais c’est bien l’énergie des quatre membres sur scène qui fait la différence face à l’apathie du pit. Coup de cœur pour le guitariste, Sammy Duet gagnant facilement le titre de meilleur guitariste de la soirée grâce à ses riffs tranchants et à ses solos exécutés à la perfection. Il participe également au chant avec un scream black metal pas mauvais du tout permettant de varier avec la voix de Ben.
Globalement, le mélange des influences black et death au thrash metal de Goatwhore passe étonnamment bien, surtout quand le combo y ajoute le groove typique de la Nouvelle-Orléans. Pas besoin d’être un spécialiste pour adhérer et remuer la tête, il est fort à parier que pas mal de spectateurs venus pour les autres groupes se seront prêtés au jeu.
En seulement 25 minutes de temps de jeu, Goatwhore aura une nouvelle fois impressionné. Si la carrière des Américains semble condamnée à ne pas décoller en Europe, on appréciera sans doute de les revoir d’ici quelques mois. Avec probablement le même constat à la clé.
Toxic Holocaust
Autant il est assez facile de voir les trois autres groupes du plateau au vu de leur rythme de tournées soutenu, autant Toxic Holocaust se fait de plus en plus rares chez nous, c’est donc un plaisir de les retrouver chez Paulette. Comme à Paris, il y a une semaine, le trio nous enchaîne directement avec « War is Hell » et « Wild Dogs » et on comprend vite que la foule ne bougera pas d’un iota. Tant pis, il faudra faire avec et apprécier le déluge de violence arrivant de la scène.
Joel Grind tente tant bien que mal de motiver ses troupes mais ne rencontre finalement qu’un maigre écho. Petite parenthèse style, le frontman arbore toujours ses superbes chaussures mi-Air Max mi-chaussures de randonnée, un style qui risque de faire fureur chez les thrashers dans les mois à venir. Pas de surprise dans la setlist, tous les tubes sont joués de « Acid Fuzz » à « Nuke the Cross » en passant par le groovy « Lord of the Wasteland ». Le groupe dégage une rage sans pareil et prend facilement le titre de concert de la soirée. On regrette un peu la barrière installée chez Paulette depuis quelques semaines mais la proximité est tout de même présente.
Les frères Bellmore accompagnent désormais Joel à la guitare et à la batterie et sont irréprochables, même si la musique de Toxic Holocaust n’est pas la plus technique. Au bout de 25 minutes qui ont fait mal aux cervicales, « Bitch » termine tout ça en fanfare et on ressort encore frustré face au faible temps de jeu. Vivement le prochain album !
Carnifex
Les tshirts et les casquettes Impericon qu’on voit déambuler aux alentours de la salle depuis le début de la soirée se rapprochent de la scène pour accueillir Carnifex. Le groupe de deathcore est souvent de passage en France mais on les voit rarement dans l’Est et les fans sont donc impatients d’en découdre. Les musiciens débarquent sur scène habillés et maquillés comme Powerwolf, mais c’est une musique nettement plus violente qui va nous arriver dessus, mélange entre deathcore, death et black metal où les blast beats côtoient les breakdowns.
Le moshpit s’anime enfin un petit peu et le frontman Scott Ian Lewis en semble satisfait demandant des circle pits littéralement toutes les trois secondes. Le groupe défend toujours Slow Death sorti il y a deux ans avec « Drown Me In Blood » et « Black Candles Burning » notamment. La performance fait tout de même moins d’effet que celle des deux groupes précédents, la faute à un son brouillon et à des fréquences basses saturées, comme souvent dans le deathcore.
La batterie est triggée à outrance et la section rythmique n’est d’ailleurs pas toujours ultra carrée. Malgré ces défauts, on apprécie tout de même le set de Carnifex grâce aux riffs sympathiques délivrés par les nonchalants guitaristes et les breakdowns plutôt bien troussés.
Scott communique beaucoup entre les titres et il est amusant de le voir à plusieurs reprises tenter de justifier sa place dans la scène death metal à coup de « This is a death metal gig ! » ou « Show me a real death metal pit ! ». Jusqu’à preuve du contraire, on n’est pas non plus à un concert de Grave et les influences core et black dominent toujours chez les Américains. A la fin de « Dark Heart Ceremony », le pit commence à bruyamment réclamer « Hell Chose Me » et va l’obtenir tout de suite, de quoi entendre sans doute le break le plus ravageur écrit par les Californiens.
Quelques minutes plus tard, c’est le classique « Lie To My Face » qui vient terminer ce set plutôt bon de Carnifex. Sans atteindre le niveau des deux premiers groupes, la performance reste solide et les fans ressortent satisfaits.
Dying Fetus
Il est désormais l’heure d’accueillir Dying Fetus, principale attraction de la soirée. Presque 30 ans donnés à la cause du brutal death et le public des Américains est toujours là, en témoigne le succès du petit dernier Wrong One To Fuck With. La foule devient compacte devant la scène de Chez Paulette et le trio rentre sur scène sans fioriture pour attaquer le morceau titre du nouvel album.
Comme d’habitude, le brutal death des Américains est bien groovy comme il faut avec des riffs rappelant la scène hardcore. Il est difficile de ne pas remuer la tête pendant quelques morceaux mais très vite la recette finit par tourner en rond en raison du chant monocorde de John Gallagher. Sean Beasley tente bien de proposer des variations mais le tout manque tout de même d’intérêt. Ajoutez à cela le fait que le trio joue des parties assez techniques, il n’y a au final pas grand-chose à regarder sur scène.
On apprécie tout de même le jeu de Trey Williams à la batterie. En plus d’être précis, le garçon fait le spectacle en haranguant la foule dès qu’il le peut. Pour la précision de la guitare en revanche, on repassera surtout au niveau des solos où John a clairement ouvert la boulangerie. Le moshpit s’active quant à lui de belle manière pendant tout le set dans un style mi-hardcore mi-death metal. Le groupe joue même parfois des passages propices au crowdkill mais heureusement on ne voit aucun coup de pied retourné traverser la fosse. Après tout, les Américains ont déjà eu assez d’un blessé au concert de Paris.
Evidemment le set est en grande partie tourné vers le petit dernier avec pas moins de la moitié des titres joués. Pour le reste, Dying Fetus pioche un peu partout dans sa discographie en remontant jusqu’à 2000 avec un bon « Praise the Lord (Opium of the Masses) ».
On égaye le set comme on peut avec cette fantastique apparition sur scène d’un spectateur aviné qui réussit en trente seconde à faire tomber un décor, se battre avec les roadies lui demandant de dégager de la scène puis finir en stagedive laborieux mais glorieux. Le vrai MVP de ce soir était bien là.
Peu avant la fin du set, c’est une coupure de courant qui vient stopper net les ardeurs du groupe et du public. Une petite pause de presque dix minutes qui décontenance tout le monde mais John Gallagher nous offre tout de même « Sweet Home Alabama » en acoustique à la guitare. Pas sûr que les autres dates aient droit à cette petite exclusivité. En attendant le tout se poursuit et va se terminer en toute simplicité sur le poétique « Kill Your Mother, Rape Your Dog » après une bonne heure de set.
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