C’est déjà le troisième album pour Ultha qui sort chez Century Media, groupe allemand originaire de Cologne alors que leur première démo ne date que de 2015. Ils commencent à se forger une place sur la scène extrême en général bien au-delà du black metal, depuis leur premier album « Pain Cleanses Every Doubt » mais surtout avec son successeur « Converging Sins » sorti en 2016, sans oublier l’intensité de leurs shows très visuels.
Ultha n’aime pas la simplicité. Le groupe aime modeler des titres faisant référence à divers courants musicaux passant du black metal à l’ambiant sans oublier un côté drone dans l’interprétation. Mais la base des riffs ravageurs qui ne sont pas sans oublier des Mgla, Wolf in the Throne Room, Drudkh ou autres en perturberont plus d’un. L’atmosphère reste sombre, ultime, extrême en approchant d’un précipice dont l’issue ne laisse peu de doute quand à la suite, la fin…
Il est clair que ce n’est pas avec « The Avarist (Eyes Of A Tragedy) » que vous allez ouvrir le bal de votre mariage, à moins que vous ayez des comptes à régler avec votre belle famille, mais comme projet de bande-son pour votre future incinération cela mérite réflexion. D’autant que le titre atteint largement les 16 minutes, temps largement suffisant pour vous transformer en poudre noire post-BBQ.
Sur « With Knives To The Throat And Hell In Your Heart » on repart sur des bases plus optimistes… non je plaisante. La chape de déprime, de peur à coup de clous rouillés vous lacèrent le dos à l’aide de riffs indus black enivrants. La rythmique ne nous épargne pas non plus, délivrant une palette assez large de souffrance que l’on peut soumettre à nos cervicales.
Comme l’indique le titre « There Is No Love - High Up In The Gallows », ici on ne fait pas dans l’enjoué. On reste dans un metal dépressif (dans l’interview Ralph Schmidt nous parle de gloom metal) construit autour des synthés qui serviront d’intro à l’empoisonnant « Cyanide Lips ». Le morceau n’est pas sans nous évoquer des riffs tordus à la The Ocean ou encore Russian Circles mais avec le côté saturé en plus, c’est aussi pour cela que leur style est aussi difficile à décrire mais aussi aliénante avec des passages ambiants totalement tordus (« We Only Speak In Darkness »).
« I’m Afraid To Follow You There » belle intro, avant cette petite attaque rythmique d’une délicatesse déconcertante à coup de légère baguette donnant l’idée centrale du titre, totalement aérien dans ses premières mesures pour dévier vers des contrés plus obscures et tourmentées, dans des méandres musicales des plus inavouables sur plus de 18 minutes, dans une ambiance cinématographique plus proche de Blut Aus Nord, de Deathspell Omega ou de Dodecahedron.
Avec Ultha on sort des sentiers battus empruntés par tant de hordes de black-metalleux avant eux. Ici l’aliénation prend le dessus sur la réflexion. Les titres sont construits autour d’un riff principal qui sera décliné sous une multitude de versions différentes, autour de rythmes plus embrumés les uns que les autres sans jamais oublier cette puissance dévastatrice et visqueuse à souhait.