Wormfood – Décade(nt)

La vie réserve bien des surprises, surtout lorsque l’on aime la musique, on découvre des groupes et parfois à la première écoute on est pas conquis mais il arrive aussi que l’on ai envie d’y revenir car quelque chose nous intrigue malgré l’aversion subie au premier contact avec l’œuvre. On est attiré par  cette chose et on y revient pour essayer de comprendre, et on finit par adorer, parfois .
C’est ce qui m’est arrivé avec Led Zeppelin ou Dead Can Dance par exemple, en les écoutant la première fois je me suis senti agressé en quelque sorte, me demandant ce que c’était que ce « truc », pourtant j’avais envie d’y revenir. Et je suis devenu fan .C’est un peu ce qu’il s’est passé avec Wormfood aussi. J’ai découvert le groupe sur scène, plus exactement au Killer Fest  à Chaulnes en 2006.L’affiche était plutôt orientée Metal Extrême ou traditionnel et il faut avouer que lorsque les parisiens ( d’origine normande ) sont montés sur l’estrade de la salle des fêtes de la petite ville picarde, ils ont fait sensation. Le combo rouennais est apparu comme étant décalé avec son style théâtral.

Le public, même s’il est resté correct, a eu du mal à accrocher malgré les sollicitations du guitariste chanteur El Worm, ce qui provoqua l’agacement de ce dernier qui quitta subitement la scène en jetant son pied de micro à terre, ultime provocation d’un set qui n’en manqua pas, ambiance. Je suis resté estomaqué et n’est pas su vraiment émettre d’avis sur le groupe, ça ne m’avait pas déplu, j’y avais senti quelque chose même, mais voilà, j’avais pensé comme tout le monde : Trop barré ce groupe, le genre de truc qu’il faut prendre le temps d’assimiler .

Mais j’avais envie d’y revenir inconsciemment, l’agression avait aussi été séduction, la beauté sait se cacher avant de vraiment se dévoiler parfois…Wormfood est resté gravé dans mon inconscient mine de rien. Alors, lorsque mon bien aimé ( un peu de fayotage ne fait jamais de mal ) rédac-chef’ m’a parlé de cet album, je me suis laissé tenter. Pourquoi pas ? Après tout, le groupe m’avait quand même interpellé ce dimanche de Pâques en 2006.Je pouvais au moins me faire un avis définitif sur cette formation comme ça.

Et le vague béguin s’est transformé en coup de foudre, dés la première écoute. Wormfood dégage un truc, un foutu feeling même. Le même que l’on peut retrouver chez Type O Negative par exemple ( influence revendiquée, avec Serge Gainsbourg entre autres, d’ailleurs ), lorsque j’entends ce Décade(nt), qui est en fait une réédition de leur première sortie datant de 2003 nommée tout simplement Eponym agrémentée de deux reprises, l’une de Type O et une autre de Gainsbourg ( évidemment ), et d’un live enregistré au Blast Fest en 2005, le tout sera disponible dés le 24 septembre sur Apathia Records.

Comment décrire le style pratiqué par ce groupe fondé à Rouen en 2001 par le guitariste chanteur Emmanuel « El Worm » Lévy et le bassiste Romain Yacono qui comprend aussi dans ses rangs Pierre Le Pape ? Nous pouvons parler de Dark Metal, de Doom/Death, de Black même par moments, le tout avec un côté avant-gardiste et déjanté. Dur de s’y retrouver à vrai dire et c’est justement ça qui fait l’originalité du combo, Wormfood fait du…Wormfood, point barre. Ils se sont créés un univers bien à eux fait de cirque humain et autres déviances, où la mort tient le rôle clé dans ce grand théâtre qu’est la vie.


Dés l’introduction « Carpathian Carousel » et son ambiance de fête foraine macabre, nous sentons que le train fantôme dans lequel nous prenons place va vite se transformer en Roller Coaster. Et ce n’est pas le premier titre, l’excellent « Human Circus », qui viendra nous prouver le contraire avec sa basse inquiétante, son refrain growlé et son break théâtral m’évoquant les rockers gothiques, et cultes, français Les Tétines Noires ( on pense aussi à Misanthrope,le côté Pompadour en moins cependant ).Le chant d’El Worm est particulièrement mis en avant dés ce premier morceau en alternant anglais et français déjà.

Le vocaliste évolue donc entre une rage douloureuse, assez proche du Death Metal mais sans en être vraiment pour autant ( « Abortion Exit », « The Night Of The Elderly » ou « Hunger Anger » ) ou du Black Metal ( « Licking The Bones ») et des parties déclamées en Français qui donnent ce fameux côté théâtral évoqué plus haut. Musicalement, on pense à Type O Negative bien sûr, surtout lorsque l’orgue se fait entendre ( comme sur le break d’« Abortion Exit » ou la partie oppressante de « The Night Of The Elderly »), lorsque ce n’est pas la basse de Romain Yacono qui évoque le défunt Géant Vert ( « Human Circus », « Abortion  Exit » ou le groovy « Schlachtaus » où l’instrument est saturé et où des chœurs virils se font entendre aussi ).On pense également au combo de Brooklyn sur le martial, et très bon morceau, « The Dead Bury The Dead » avec ses roulements de toms qui évoquent une armée de morts s’avançant sur un champ de bataille. La filiation avec Type O Negative se complète par la présence de l’ancien compagnon de Peter Steele au sein de Carnivore qui gratifie Decade(nt) de quelques parties de sitar ( nous pouvons l’entendre aussi sur la reprise de « Christian Woman » ).

Les tempos quant à eux varient entre le médium, des passages Doom et une rapidité proche du Black  ( « The Night Of The Elderly », « Licking The Bones » avec aussi ces chœurs féminins qui rappellent Cradle Of Filth ).Concernant les surprises disséminées parfois dans les morceaux, signalons les quelques bidouillages électro qui pimentent les compos parfosi ( comme sur l’intro d’ « Abortion Exit » ou sur « The Night of The Elderly » )ou cet interlude nommé « Grandpa’s Remission » où l’on entend un vieillard en train de rendre son dernier souffle alors que raisonne au loin l’air de… « Douce Nuit ».J’aimerais insister aussi sur « The Night Of The Elderly » dont le riff introducteur sonne très…Helloween je trouve, vraiment étonnant.

Mais si Decade(nt) comporte son lot de bonnes chansons, vous pouvez aussi jeter une oreille sans crainte aux morceaux live qui ont un son correct et permettent de deviner l’ambiance de folie développée par Wormfood sur scène. On y trouve une version de « Human Circus » rebaptisée « Miroir de Chair » et deux autres tubes du groupe, l’irrésistible « TEGBM » ( « True Evil Gay Black Metal », un hommage à l’ancien frontman de Gorgoroth Gaahl ? ) et le furieux « Vieux Pédophile ».Les deux reprises valent aussi le détour, j’ai particulièrement adoré celle du « Christian Woman » de Type O rebaptisée « Femme Chrétienne » ( car en partie interprétée en Français ) avec son ambiance orientale. Peter Steele, qui aimait s’approprier les morceaux des autres justement, aurait apprécié cette version d’une de ses compositions je pense.

Wormfood est un des groupes les plus originaux de la scène française et Décade(nt) est là pour le prouver, par son côté déjanté et avant-gardiste nous pouvons éventuellement le rapprocher d’un autre combo hexagonal novateur Carnival In Coal, ce n’est d’ailleurs pas un hasard je pense si Axel Wursthorn  a collaboré avec le groupe par le passé et que El Worm a joué live avec le combo picard. Je souhaite au groupe une meilleur reconnaissance en tout cas.

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Pour la note, j’ai hésité entre 8,5 et 9. Finalement je reste sur 8,5, réservant le 9 pour la prochaine sortie studio du groupe éventuellement.

Liste des titres :

1. Carpathian Carousel   
2. Human Circus   
3. Abortion Exit   
4. Grandpa's Remission   
5. The Night of the Elderly   
6. Hunger Anger   
7. Schlachthaus   
8. Licking the Bones   
9. The Dead Bury The Dead   
10. Acouphène   
11. Intro (Live at Blast Fest 2005)   
12. Bum Fight (Live at Blast Fest 2005)   
13. TEGBM (Live at Blast Fest 2005)   
14. Miroir de Chair (Live at Blast Fest 2005)   
15. Comptine (Live at Blast Fest 2005)   
16. Vieux Pédophile (Live at Blast Fest 2005)   
17. Femme Chrétienne (Christian Woman - Type O Negative Cover)   
18. La Décadanse (Serge Gainsbourg Cover)

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Pour acheter l'album sur Apathia Records

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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