Le Petit Bain est archi-complet ce soir pour accueillir trois groupes de metalcore. L’automne a beau être bien avancé, il fait une chaleur étouffante sur les quais et dans la salle mais les trois groupes de ce soir n’ont aucune intention de nous laisser respirer.
Coldrain
Ils n’étaient pas revenus nous voir depuis deux ans et demi, les Japonais de coldrain étaient sans contestation LA tête d’affiche de la soirée pour beaucoup de spectateurs. Pourtant, c’est bien eux qui ouvrent la soirée mais ce constat ne posera aucun problème au public pour se chauffer. Dès les premiers riffs d’« Envy », le moshpit décolle, les mains sont levées et les voix se font entendre. Ils n’ont que trente minutes pour s’exprimer et vont donc devoir accélérer le mouvement. Un petit tour par Vena avec « Wrong » et « Runaway » et le Petit Bain tangue déjà sérieusement puisque la fosse ne s’arrête pas de sauter à l’unisson.
Comme à leur habitude, les musiciens sont totalement carrés. Il faut dire qu’en dix ans de carrière, coldrain a rempli des salles mythiques comme le Budokan au Japon et ce n’est pas une salle comme celle-ci qui va leur faire peur. Le dernier album Fateless est sorti il y a un an mais n’a pas fait l’objet d’une sortie et d’une promotion européenne. Les Japonais le savent et n’en jouent que deux morceaux, laissant la place à des vieux classiques comme « The War is On » ou le terrible « The Revelation » aux breakdowns dévastateurs.
Le public parisien offre une ambiance jamais vue pour une première partie et les sourires sur les visages de Sugi ou Yokochi en disent long. Masato prend le temps de nous remercier et de nous mettre une bonne couche de démagogie comme quoi nous sommes le meilleur public de la tournée. Heureusement, le frontman nous annonce aussi l’intention du groupe de revenir en tête d’affiche en 2019. On tient là la meilleure nouvelle de la journée !
Pour terminer ce set express mais surpuissant, la bande de Nagoya calme un peu le jeu avec « Gone » sur lequel une bonne partie des spectateurs s’époumonent avec un Masato particulièrement propre dans son chant clair.
Etrange de voir coldrain ouvrir cette soirée alors que les Japonais pouvaient clairement tenir le Petit Bain en tête d’affiche. En témoigne la file à la sortie du concert pour pouvoir rencontrer les membres. Le groupe a manqué à ses fans c’est certain et leur retour en tête d’affiche sera à ne pas rater.
Setlist:
Envy
Wrong
Runaway
The War is On
Feed The Fire
The Revelation
Gone
Volumes
Difficile de passer après une telle tornade mais Volumes est un groupe expérimenté et le public est toujours aussi chaud dès les premiers breakdowns de « Left for Dead ». On est sur la même approche du djent qu’un Oceans Ate Alaska avec des riffs destructurés et une rythmique pouvant changer subitement. Mais là où les Anglais sont assez poussifs en live, les Américains s’en sortent mieux, notamment grâce à l’énergie de leurs deux frontmen.
Le flow et l’attitude de Gus Farias et Myke Terry nous ramènent presque aux premières heures du néo-metal, un peu comme si Fred Durst poussait des hurlements sur des riffs de guitares à 8 cordes. La section rythmique est impeccable et le bassiste notamment fait preuve d’une technicité pas anodine.
A la guitare, on reconnait vite la chevelure de Mark Okubo de Veil of Maya, accompagnant Volumes sur la tournée. Les riffs finissent un peu par tourner en rond mais en seulement trente minutes, le groupe n’a pas le temps de nous ennuyer et on est loin de passer un mauvais moment avec eux. L’attitude totalement impliquée du public y est aussi sûrement pour quelque chose. Même si Volumes est peut-être le groupe le moins connu de la soirée, les crowdsurfs s’enchaînent tout comme les stage dives et la péniche tangue une nouvelle fois.
On peut parfois être gêné par l’attitude de Gus passant son temps à filmer des stories Instagram depuis la scène ou lançant un Fuck Donald Trump sorti de nulle part. L’attitude fait légèrement penser à celle de Chris Fronz d’Attila et c’est là le seul point noir de ce set. En dehors de ça, Volumes nous a offert une prestation très divertissante que les Californiens concluent sur « Wormholes », titre ayant déjà sept ans et seul rescapé de l’album Via.
Crown the Empire
La dernière fois que l’on a vu Crown The Empire à Paris, c’était en première partie de One Ok Rock au Zénith. Autant dire que le cadre d’aujourd’hui est bien plus intimiste pour le metalcore des Américains. Les quarante minutes d’attente entre le set précédent et celui-ci sont assez longues et le public est bouillant lorsque la bande débarque sur « Are You Coming With Me ? »
Il fait une chaleur d’enfer dans le Petit Bain mais Andy Leo porte fièrement sa doudoune et doit avoir bien chaud dedans. Le frontman est désormais seul chanteur de la formation depuis le départ de Dave Escamillia et se charge surtout du chant clair, les screams étant délaissés au bassiste Hayden Tree. Comme en studio, le metalcore des Américains ne casse pas des briques mais ils parviennent à nous distraire pendant quelques chansons. Malgré tout, la recette tourne vite en rond et on finit par s’ennuyer devant des compositions manquant de saveur. Là où le groupe tenait la route en première partie, le statut de tête d’affiche semble plus difficile à assumer.
Heureusement, la passion du public parisien sauve le set puisque du début à la fin, la fosse communie au maximum avec Crown the Empire. Andy Leo accueille chaleureusement les slammeurs sur scène même si deux roadies s’empressent de les sortir de façon musclée. Le frontman n’est pas toujours juste dans son chant et apparait un peu alcoolisé, la bouteille de whisky à la main. Il s’en sort tout de même avec son chant clair faisant parfois penser à Beau Bokan (blessthefall).
Bizarrement, l’album le plus représenté est le premier, The Fallout avec des titres comme « Oh, Catastrophe ». En milieu de set, « What I Am » fait figure de petite exclusivité puisque la chanson n’a été dévoilée qu’il y a deux semaines. Tout cela n’est pas suffisant pour soulever notre intérêt et il faut attendre le rappel « Initiation » pour que l’énergie soit enfin convaincante. Pour finir le set, Andy invite tous les spectateurs sur scène dans un joyeux bazar pour interpréter « Machines », un souvenir que beaucoup de fans n’oublieront pas.
Malgré tout, Crown the Empire n’a pas entièrement convaincu en tant que tête d’affiche avec un set de 55 minutes. Heureusement, le reste de la soirée valait largement la peine de se déplacer au Petit Bain.
Photographies : © Justine Cadet 2018
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