Après la parenthèse A New Day For Heaven, qui voyait le combo rouennais se lancer dans l'opéra metal, Orenda revient avec son deuxième opus officiel et un line-up remanié par rapport à A Tales of Tortured Souls. Officiant dans un metal progressif aux influences marquées (et revendiquées fièrement), Orenda n'a besoin que de cinq titres pour faire parler la poudre et faire de Next un excellent opus de metal progressif.
Certes, Ark ou Dream Theater sont les premiers noms qui viennent en tête à l'écoute de « Minimalism », le titre d'ouverture de l'opus (le riff à 5:01 fait par ailleurs penser à ceux de « The Root of All Evil » ou de « This Dying Soul » du combo américain, tout comme l'introduction de « Zombified » dont les sonorités de claviers ne sont pas sans évoquer celles de Derek Sherinian). Et pourtant, l'introduction acoustique de l'album n'a rien à voir avec les références sus-citées, rappelant plutôt leur travail réalisé sur A New Day for Heaven, preuve en est qu'Orenda possède également sa propre patte. Avec un chant habité et qui mise sur l'aspect émotionnel, Anthony Lefèbvre (chant) peut évoquer Daniel Gildenlow de Pain of Salvation (« Zombified »), alors que certains chœurs rappellent également les meilleurs heures de Queen (« Bridges of Life »).
Lorgnant tour à tour vers le metal pêchu (« Zombified » l'un des titres phares de cet opus), le rock progressif plus aérien (« Bridges of Life », « Everybody Has to Suffer ») voire le pop-rock (« As Yesterday »), Orenda aime diversifier son propos évitant l'écueil de la monotonie. On apprécie notamment les riffs aux sonorités orientales (« Minimalism », l'intro de « Zombified »), tout comme la place laissée aux silences et aux riffs syncopés, qui parviennent à dynamiser les titres. Et cette faculté à surprendre s'exprime au mieux au sein de « Bridges of Life », pavé de plus de vingt minutes, aux thèmes musicaux forts et aux transitions bien pensées. Alors qu'il est courant dans le genre d'avoir la désagréable impression d'avoir affaire à un copier-coller de riffs, ici chaque thème est bien amené avec de bonnes transitions. Ce qui s'apparente bien souvent à un exercice de style dans ce genre musical est ici réalisé à la perfection, ce titre justifiant à lui tout seul l'achat de Next. « Zombified » évolue dans le même registre, à savoir un metal prog technique sans l'être trop, où des voix extrêmes s'invitent par moment (et sont l'oeuvre de David Tocqueville, proche du groupe qui officiait au sein du collectif A New Day For Heaven).
Tout au long des cinq titres, tous les musiciens parviennent à trouver le bon équilibre entre technicité et mélodie, notamment Stéphane Coubray (claviers) et Stéphane Vaillant (guitare), dont les unissons n'ont rien à envier à ceux de John Petrucci et Jordan Rudess (Dream Theater), et peuvent même séduire un public non-musicien. Il faut dire que les deux instrumentistes varient leur palette de sonorités, faisant tour à tour appel à un piano ou à des guitares acoustiques dont la mise en son reste excellente.
A ce sujet, on notera le travail impressionnant de mix et de mastering réalisé par Brett Caldas-Lima (Kalisia, Ayreon, Pain of Salvation), qui rend justice au travail de chaque musicien, et notamment à la basse ronronnante de Julien Estève, dont la cohésion rythmique avec la batterie de Guillaume Lefèbvre est bien entendu à souligner.
Au rang des reproches, l'accent français assez prononcé d'Anthony Lefèbvre divisera à coup sûr les auditeurs, même s'il convient de signaler les efforts effectués par ce dernier depuis l'album A New Day For Heaven sur ce point particulier. D'autre part, la power ballad « As Yesterday », bien qu’agrémentée d'un très beau solo de guitare et de cordes subtiles reste bien trop classique et semble ici un passage obligé pour les musiciens, qui rendent hommage à leurs influences 80's/90's.
Ces quelques points n'altèrent en rien la qualité d'un album qui ne peut que récolter un accueil chaleureux de la part des amateurs du style, et notamment des déçus de l'orientation actuelle de Dream Theater, les Rouennais s'inspirant plus de la période allant d'Awake à Train of Thoughts. Orenda a par ailleurs lancé une campagne de crowdfunding afin de distribuer Next, il serait dommage de passer à côté.
Crédit photographique : Orenda
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